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Laurent Gbagbo au Parlement du Burkina : Brillant plaidoyer pour l’axe Yamoussokro-Ouaga

Publié le mardi 29 juillet 2008 à 15h27min

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Hier 28 juillet 2008, le président ivoirien, Laurent Gbagbo, en sacrifiant à cette prestation quasi rarissime (s’adresser directement aux députés) à fait un hymne à l’intégration.

L’événement est rare dans nos traditions républicaines pour ne pas être souligné : la prestation d’un chef d’Etat devant l’Assemblée nationale. Et, sauf erreur ou omission, après Georges Pompidou de la France devant le Parlement voltaïque dans les années 70, Laurent Gbagbo est le troisième chef d’Etat à effectuer un grand oral devant l’hémicycle burkinabè. Avant lui il y a eu le Ghanéen Jerry John Rawlings (25 novembre 1997) et le Taïwanais Chen-Shui-Bion (23 août 2000), qui s’étaient prêtés à cet exercice.

C’est devant des députés dont il ne connaissait pas grand monde que Laurent Gbagbo s’est exprimé : car, excepté Philippe Ouédraogo du PAI, qui n’est plus député, avec qui il a des atomes crochus depuis 1982, il y a le docteur Arsène Bongnessan Yé, président de l’Assemblée nationale 1992/1997 qui, pure hasard, était assis en face (à la troisième rangée) de l’orateur.

Le chef de l’Etat ivoirien a connu ce dernier en 1986 à Paris, période où, souvent opposant à Houphouët, il se réfugiait en transitant par Ouagadougou. Du reste, Bongnessan fut le tuteur d’une des filles de Gbagbo, et l’histoire veut que ce soit Bongnessan, qui était coordonnateur national des structures populaires (1987/90), qui ait présenté Gbagbo à Blaise Compaoré. Que retenir de ce speech de 20 mn environ ?

Ce fut un discours résolument intégrationniste ou plutôt un brillant plaidoyer pour l’axe Yamoussokro—Ouagadougou. En rappel, l’historien, qu’il est, a relevé ce qu’étaient notre pays et la Côte d’Ivoire avant les indépendances : une même entité.

Pour lui, au-delà des frontières, il y a l’imbrication de l’économie et de la culture des deux pays. "Je viens prendre l’engagement de trouver de nouvelles voies pour notre avenir commun... Je ne viens pas annoncer le beau temps après l’orage... mais il nous faut nous mettre au travail".

Et s’il est d’accord que la Côte d’Ivoire est la locomotive de l’espace UEMOA, il est d’accord aussi que cette réalité confère des responsabilités. C’est pourquoi le président ivoirien a estimé qu’il faut consolider l’existant, à savoir les infrastructures et la solidarité.

On sait aussi que certains économistes ou intellectuels ivoiriens suggéraient que la Côte d’Ivoire batte sa propre monnaie. Exit cette thèse, puisqu’hier, devant les députés, Laurent Gbagbo a prôné l’avènement d’un CFA plus fort. Le premier des Ivoiriens attache du prix au renforcement de notre monnaie commune.

C’est par cet effort que nous "pourrions relever les nombreux défis". Au sujet des défis, c’est le professeur d’histoire qui a refait encore surface, puisque Laurent Gbagbo a condamné l’immigration des jeunes. Pour y remédier il "faut former l’élite, car l’enseignement supérieur se dégrade", a-t-il martelé. Pour le fondateur du parti frontiste ivoirien, "l’université en crise" n’est pas un bon signe.

La lutte contre les pandémies telles le VIH/Sida, le paludisme et la méningite sont aussi des défis à relever. Sans oublier les problèmes d’environnement, d’énergie ; il a rappelé l’interconnexion BF/CI. Il n’a pas oublié la sécurité, car "tous les conflits ces 20 dernières années en Afrique relèvent de la sécurité".

Enfin la crise alimentaire, qui secoue le monde, en particulier l’Afrique, est à résoudre rapidement. Bref pour consolider les déterminants posés par les Houphouët-Boigny, Philippe Zinda Kaboré, Ouezzin Coulibaly, il faut s’appuyer sur le "pivot Yamoussokro-Ouaga, un pivot de la coopération pour l’UEMOA et la CEDEAO", sans exclusive, car "je n’exclus personne", a-t-il précisé.

Z. Dieudonné Zoungrana

L’Observateur

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