LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Soyez un repère de qualité. Certaines personnes ne sont pas habituées à un environnement où on s’attend à l’excellence.” Steve jobs

Foire OCADES à Bobo : Une soudure moins dure pour 100 ménages vulnérables

Publié le mardi 29 juillet 2008 à 09h35min

PARTAGER :                          

Du fait des inondations et des sécheresses de la campagne agricole 2007-2008, de nombreuses populations se sont retrouvées dans le dénuement total. Cette année, leur état de vulnérabilité est plus accentué eu égard à la flambée des prix et aux conséquences générales de la vie chère.

Une réaction appropriée s’impose donc. C’est justement dans cet esprit que L’Organisation Catholique pour le Développement et la Solidarité (OCADES Caritas Burkina) a, sur instigation de la Conférence Episcopale Burkina-Niger, initié un projet de renforcement des réserves semencières de 2150 ménages d’agriculteurs dans les 13 diocèses du pays. Dans le diocèse de Bobo-Dioulasso, 100 ménages, dont 60 à Bama et 40 à Kadomba, ont été identifiés. Du 25 au 26 juillet 2008, ils ont pu, grâce à la foire organisée par L’OCADES à cet effet, s’approvisionner en semences, intrants et outillage agricole. Pour les bénéficiaires, cet acte est un véritable ouf de soulagement en cette période de soudure où les besoins vont crescendo alors que les moyens font cruellement défaut.

Khalifa Sanou est ressortissant de Bama. C’est une localité située à une trentaine de Kilomètres de Bobo. Il rêvait depuis toujours d’une charrue pour une extension de son champ en vue de meilleurs rendements. Mais n’ayant guère de moyens, son ambition restait toujours dans le domaine du vœu pieux. Lorsqu’il entreprenait une démarche auprès de personnes censées pouvoir l’aider parce que « plus fortunées », il lui était régulièrement adressé une fin de non recevoir. En désespoir de cause, il se convainc qu’il valait mieux faire le deuil sur son rêve. L’année dernière, les inondations ont détruit son champ, décimé une partie de son bétail. De sa maison, il ne restait plus qu’un tas de ruines. Cette année, les prix ont augmenté. Les produits sont donc hors de sa portée. La vie, ou plus exactement la survie relève désormais du parcours du combattant pour lui et les siens. Khalifa scrutait donc constamment le ciel à la recherche d’une planche de salut. Evidemment, lorsqu’il a été recensé par l’équipe de l’OCADES comme bénéficiaire de la foire aux semences, Khalifa ne put que rendre grâce à Dieu : « Je n y croyais plus. Mais aujourd’hui, grâce à L’OCADES, j’ai ma charrue. Elle me sera très utile. C’est un outil moderne qui me fatiguera moins. S’il plait à Dieu, mes récoltes seront plus importantes et je pourrai davantage mieux m’occuper de ma famille »

. Cet autre bénéficiaire est plus préoccupé par les engrains. « Il nous était difficile d’avoir de l’argent pour en acheter. Aujourd’hui, à travers cette initiative de L’OCADES, nous disposons d’engrain pour mieux entretenir nos champs et espérer ainsi une meilleure production » Chacun des 100 bénéficiaires du diocèse de Bobo-Dioulasso a été retenu sur la base de certains critères : être agriculteur dans la zone concernée, avoir cultivé lors de la campagne agricole 2007, être privé de réserves de semences. Les femmes chefs de ménages dont le champ a été inondé lors de la campagne agricole 2007 ainsi que les personnes du 3è âge et les handicapés ont également bénéficié de la plus grande attention. Les mêmes critères sont en vigueur pour tous les autres bénéficiaires repartis sur le territoire national. L’OCADES a formé des équipes pluridisciplinaires afin que la préparation et l’organisation pratique de la foire se déroulent dans les règles de l’art.

Une stratégie gagnant-gagnant

Après réception de l’enveloppe financière, chaque Secrétariat Exécutif Diocésain (SED) est chargé de s’organiser pour la mise en œuvre du projet. Celui-ci se matérialise entre autres par la définition des biens à offrir et des bénéficiaires, l’identification et la sensibilisation des vendeurs potentiels, l’impression de coupons au profit des ménages bénéficiaires, la détermination du lieu et de la date de la foire. Toutes ces étapes ont été respectées à Bama et à Kadomba. Le choix des biens a été dicté par les habitudes et les besoins des bénéficiaires. Pour cette foire il y avait côté semences, du maïs, du riz, du sorgho, des arachides, du haricot et du niébé. Au niveau des intrants et du matériel agricole, les bénéficiaires disposaient de l’engrais et de l’urée, de l’outillage traditionnel (dabas, pioches, binettes…) des charrues et accessoires. Pour l’Abbé Anselme Sanou, Secrétaire Exécutif Diocésain de L’OCADES Bobo, l’état réel de précarité et de vulnérabilité des populations nécessitait d’orienter l’intervention de l’OCADES vers cette option. De Bama à Kadomba, village situé à 50 kilomètres de Bobo, le principe est resté le même.

Les bénéficiaires, après vérification de leur identité, se présentaient par groupe sur l’aire de la foire munis des coupons qui leur étaient distribués. Chaque coupon a une valeur de 65 595 FCFA, soit 100 Euros. Ce sont ces coupons qui leur permettaient d’acheter un ou plusieurs articles de leur choix. A la fin de la foire, les vendeurs ont été payés en espèces sur la base de la valeur des coupons reçus des bénéficiaires. C’est une stratégie gagnant-gagnant saluée à sa juste valeur par les différents protagonistes. « Au cours de la foire, tout se passe dans la transparence. Les commerçants sont sereins et confiants car il n y a guère de créance qui ne soit recouverte ». Propos de l’Abbé Anselme Sanou.

Les bénéficiaires étaient visiblement heureux de repartir chez eux qui avec une charrue, qui avec un sac de semences, qui encore avec un sac d’engrain… Ils sont nombreux à souhaiter que l’exemple de cette foire fasse tâche d’huile dans la perspective d’une lutte efficace contre la pauvreté. La plus grande satisfaction réside surtout dans l’originalité de la démarche. Elle consiste à donner aux bénéficiaires non pas de la liquidité mais des coupons. L’OCADES veut ainsi amener les bénéficiaires à faire des choix utiles. Confrontées à des situations intenables, certaines personnes ont en effet, souvent du mal à gérer rationnellement les maigres ressources dont elles disposent. D’autres, peuvent être également enclines à la dilapidation pour une raison ou pour une autre. Mais le principe de la foire repose sur un investissement sûr.

Appel à l’aide pour 1950 autres ménages

Le projet de renforcement des réserves semencières est une action complémentaire des nombreuses autres initiatives déjà entreprises par L’OCADES Caritas Burkina en vue d’aider les couches les plus défavorisées à lutter contre les effets des inondations, de l’arrêt précoce des pluies et de la crise de la vie chère. L’année dernière par exemple, les victimes des inondations ont été assistées en vivres et matériel de couchage à Bobo, Banfora, Manga et Kaya.

L’OCADES a œuvré à assurer à manger aux populations les plus vulnérables (femmes, enfants, vieillards, ménages pauvres…), tout en les aidant à reconstruire les habitations, les infrastructures communautaires, etc. Le Secrétaire Exécutif National de L’OCADES Caritas Burkina, le Père Isidore Ouédraogo a exhorté les bénéficiaires à utiliser le soutien reçu à bon escient pour ne pas sombrer dans une logique d’assistanat. C’est d’ailleurs pour éviter cette situation que les céréales n’ont pas été prises en compte dans cette foire. Selon la responsable de la foire de Bobo, la Sœur Odile Ouibga, le but recherché est de permettre aux bénéficiaires de produire par eux-mêmes les biens dont ils ont besoin. Cette stratégie consiste donc à promouvoir la responsabilisation et l’auto prise en charge des populations.

L’action de L’OCADES rencontre l’assentiment des autorités locales. Alain Galbani et Palé Ramata, respectivement préfet de Bama et de Kadomba estiment que la foire est salvatrice en ce sens qu’elle permet de doter les populations en moyens de subsistance, ce qui peut un tant soit peu améliorer leur niveau de vie. Selon les explications de Serge Beremwoudgou, chargé de secours d’urgence à L’OCADES, au terme du projet, 2 150 ménages de producteurs agricoles vulnérables devraient acquérir des semences sélectionnées, bénéficier d’un renforcement de capacité en outils de production, et acquérir des intrants pour améliorer les rendements de leurs champs pour la campagne agricole 2008-2009. Mais pour atteindre véritablement ces ménages repartis sur l’ensemble des 13 diocèses du Burkina, il faut mobiliser 163 166 750 FCFA soit 248 746 Euros.

Les financements acquis actuellement et qui émanent essentiellement de la nonciature serviront à soutenir 200 ménages dont 100 à Bobo et 100 à Dédougou (dès le 31 juillet prochain). L’OCADES attend donc la réaction de ses partenaires afin de pouvoir contribuer à alléger les souffrances des 1950 autres ménages vivant dans la précarité. A l’instar des Evêques du Burkina, l’organisation interpelle les uns et les autres à faire prévaloir l’esprit de solidarité et d’entraide mutuelle en toutes circonstances et particulièrement dans ces moments difficiles.

Arsène Flavien BATIONO
bationoflavien@yahoo.fr

Le Pays

PARTAGER :                              
 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique
Burkina : Une économie en hausse en février 2024 (Rapport)