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Administration : Des nuages sur la Tertiusmania ?

Publié le lundi 28 juillet 2008 à 11h31min

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Testicus Zorro tient solidement sa barque. Du moins, pour l’instant et si l’on se fie aux apparences. Lorsque ‘’l’american boy’’ a débouché de ses States avec le feeling de cow-boy, les Burkinabè avaient vite fait de comprendre que l’enfant de Doudou avait un style qu’il voulait imposer. Les faits qui ont suivi n’ont pas démenti cette lecture. On a effectivement vu un Premier ministre volontariste...

Aux premiers jours de son naam, il a reçu à la queue leu leu les responsables de la société civile, les religieux en tête. Il voulait ainsi montrer publiquement qu’il avait une disposition d’esprit au dialogue et au respect de tous. Dans la même foulée, il a rendu des visites de courtoisie à certains présidents d’institutions républicaines. L’opinion avait, en son temps, positivement apprécié cette série d’initiatives qui tranchait d’avec la tradition. Au fil du temps, certains ont fini par croire que Testicus Zorro est un vrai messie qui a solution à tout. Fort de cet état de grâce, le chef du gouvernement ne s’est pas privé d’actions hardies. Devant les parlementaires en mars dernier, il a tenu le crachoir, de longues heures durant. De mémoire de Burkinabè, cette séance reste la plus longue de l’histoire parlementaire de la IVe République. Dans cette euphorie, on a entendu Testicus prendre certains engagements dont on pouvait douter de la réalisation. Mais puisque ce qui est dit de lui a valeur de parole d’évangile, oser en douter aurait été comme un blasphème...

Au fil des jours, il est plus difficile de faire concorder les gestes aux propos. Un seul exemple suffit à insinuer le doute : la réforme de l’administration pour laquelle l’enfant de Doudou a pris un engagement fort. Là encore, il a le mérite d’avoir eu l’opinion avec lui. Les Burkinabè ont, en effet, une kyrielle de griefs contre le fonctionnement des services publics. Ils ne peuvent, de ce fait, que soutenir quiconque veut secouer le cocotier. Le peuple a donc applaudi la réforme promise avec notamment les garde-fous à mettre pour éviter tout dérapage. Il en est ainsi de la défunte Inspection générale d’Etat.

Service de contrôle par excellence de la bonne pratique au sein de l’administration, cette structure est apparue plutôt comme un dépotoir de cadres indésirables. On a constaté, en effet, que chaque fois qu’un ministre voulait se débarrasser des directeurs promus par son prédécesseur, il les valsait à l’Inspection d’Etat. En créant l’Autorité supérieure de contrôle de l’Etat, Testicus Zorro avait fait le serment que cette méthode contre-productive allait changer. En termes clairs, l’Autorité supérieure ne serait pas faite pour agents déflatés, en particulier... « secrétaire généraux », selon ses propres dires devant les députés. Interpellé en son temps sur le retard mis à la désignation des contrôleurs d’Etat, le chef du gouvernement l’avait mis sur le compte de la procédure. Expliquant que la nomination des contrôleurs d’Etat allait répondre à des critères de compétences, il avait même affirmé que les termes de référence étaient en élaboration.
Et voilà que les Burkinabè constatèrent que Testicus y avait envoyé sa... secrétaire générale.

L’exception qui confirme la règle ? Peut-être pas, au regard des promotions, par les Conseils des ministres, de certains autres cadres à ces fonctions de contrôleurs d’Etat. Aurait-on mal compris les réponses apportées à l’époque aux questions des députés ? Certainement que la gestion du pouvoir d’Etat a ses raisons que la seule volonté ne peut pas rationaliser. Assistera-t-on, après un an de Tertiusmania, à l’ébrèchement du mythe Zongo ? Peut-être pas, mais, assurément, chacun guette des indicateurs que les vieilles méthodes, même quand elles ne sont pas bonnes, ont la peau dure et ne se laissent pas vaincre facilement. Zorro pourrait subir cette dure loi des choses.

Adam Igor

Journal du jeudi

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