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Afrique : Un musée de chefs d’Etat en exil

Publié le vendredi 25 juillet 2008 à 11h17min

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Que devient un chef d’Etat africain quand il perd le pouvoir ? Des désagréments et des grincements de dents. La logique africaine veut qu’un président n’organise des élections et les perde. Mais..., car il y a des mais.

S’il l’a perdu par les urnes, comme cela s’est déjà passé au Bénin entre le général Mathieu Kérékou et Nicéphore Soglo, le perdant se retire dans son village pour préparer la prochaine échéance électorale. Au Congo-Brazzaville, Dénis Sassou N’Guesso qui a été battu par le Pr. Pascal Lissouba n’a pas mieux trouvé à faire que de susciter une guerre civile avec le soutien des puissantes compagnies pétrolières françaises pour chasser Lissouba qui a été pourtant élu démocratiquement. Celui-ci a dû partir en exil pour s’installer à Londres en Grande Bretagne.

Le deuxième cas de figure, c’est quand un président est victime d’un coup d’Etat militaire. Là également, il y a deux variantes. Parfois, le coup de force est si violent que ses auteurs ne veulent pas prendre le risque de laisser des témoins. C’est la première variante. La deuxième variante est celle qu’on appelle coup d’Etat sans effusion de sang. L’ancien président Maouya Ould Taya, qui rentrait en Mauritanie de retour des obsèques du roi Fahd d’Arabie Saoudite, a été courtoisement prié par les nouveaux maîtres de Nouakchott qui avaient à leur tête le colonel Mohamed Ould Vall, de se trouver une terre d’accueil. Taya vit un exil doré depuis lors au Qatar. La même mésaventure est arrivée à l’ancien président centrafricain Ange-Félix Patassé. Le Togo du général Gnassingbé Eyadéma se proposa de l’héberger, en mettant en avant des raisons humanitaires. Avant Patassé, un autre célèbre Centrafricain avait lui aussi passé une bonne partie de sa vie en exil, en France d’abord, en Côte d’Ivoire ensuite. Il s’agit du fantasque empereur Bokassa 1er.

En République de Côte d’Ivoire, le coup d’Etat dirigé par le général balayeur Robert Gueï contraignit le président Bédié à se réfugier en France. Ils sont nombreux, des chefs d’Etat africains en exil, ce qui fait du continent un musée de présidents déchus. Dans la plupart des cas, ceux-ci, une fois au pouvoir, ont mis sous l’éteignoir les règles démocratiques grâce auxquelles ils ont été hissés à la tête de leur Etat. C’est notamment ce que firent le Mauritanien Ould Taya et le Centrafricain Patassé. On peut ajouter à cette liste le Tchadien Hissène Habré qui se trouve au Sénégal, l’Ethiopien Mengistu Haïle Mariam, le Négus rouge, présentement au Zimbabwe, Mohamed Bakar de l’Île d’Anjouan qui vient d’élire domicile dans une ville du nord du Bénin. Signalons aussi le cas de l’ancien président de Haïti, Aristide, qui est réfugié en Afrique du Sud. En exil au Nigeria, l’ex-dictateur libérien Charles Taylor se trouve depuis son arrestation à La Haye pour répondre devant le Tribunal spécial des Nations unies pour la Sierra Leone de 11 chefs d’inculpation dont, entre autres, crimes de guerre, crimes contre l’humanité et génocide. Ces encombrants hôtes sont souvent la cause d’incidents diplomatiques entre leur pays d’accueil et leur pays d’origine, parce qu’ils violent constamment la consigne du droit de réserve qu’ils doivent scrupuleusement respecter, sous peine d’être remis à leurs expéditeurs.

Certes, passer du statut de premier citoyen de l’Etat à celui de simple citoyen est un fardeau lourd à porter. Malheureusement, c’est une expérience qui ne sert pas aux dirigeants de notre continent qui croient que ça n’arrive qu’aux autres. Aussi certains multiplient-ils oppressions, tortures, violations massives des droits de leurs concitoyens, jusqu’à ce qu’un jour le peuple se mette debout pour dire : ça suffit.

A côté de ces anciens hommes d’Etat qui paient pour des crimes qu’ils ont commis contre leurs populations, il y a le Malien Moussa Traoré qui purgeait une peine d’emprisonnement à vie et qui a été gracié par son tombeur, le général Amadou Toumani Touré. Il vit librement dans son pays.

Le dernier cas est formé par les présidents qui ont quitté à l’issue d’élections, le pouvoir pour laisser la place à d’autres pour qu’ils apportent à leur tour leur expérience dans l’essor du pays. Au Bénin, il y a le général Mathieu Kérékou et Nicéphore Soglo. Joachim Chissano du Mozambique, mais surtout Nelson Madela en Afrique du Sud qui est devenu une icône en la matière, sont des personnalités que tous les démocrates du continent citent en exemples. Les chefs d’Etat africains doivent se convertir à leur religion pendant qu’il est encore temps. Ils ont tout à gagner, mais rien à perdre. On n’a pas besoin de bailleur de fonds pour financer une reconversion à la démocratie.

Le Fou

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