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Millenium Challenge Corporation (MCC) : Le Burkina passe à la caisse

Publié le lundi 21 juillet 2008 à 12h51min

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Le Burkina revient de loin. Dans le cœur des plus hautes autorités américaines. Et c’est ainsi que, du 13 au 16 juillet derniers, le Président Blaise Compaoré a été l’hôte de son homologue américain, Georges W. Bush. A l’occasion d’une visite officielle, hautement politique et économique avec, à la clé, la signature d’un accord dans le cadre du MCC pour la réduction de la pauvreté au Burkina, d’un montant de 204 382 500 000 FCFA. Une véritable manne financière, pour ne pas dire une aubaine, pour le peuple burkinabè.
A cœur vaillant, rien d’impossible.

Il y a quelques années seulement, personne n’aurait osé parier un kopeck sur la capacité du Burkina à reconquérir le cœur des Américains, tant les relations entre ces deux pays, faites de hauts et de bas, avaient fini par amorcer une chute qui semblait irréversible. Et, il y a encore quelques années, si le Burkina n’était pas classé dans "l’axe du Mal", concocté par l’Oncle Sam, mais le "Pays des hommes intègres" n’était pas si loin de loger à cette mauvaise enseigne. C’est dire qu’ils ne sont pas négligeables, les Burkinabè agréablement surpris de voir leur pays éligible à la manne financière du Millenium Challenge Corporation. C’est vrai qu’à une certaine époque, nos relations avec les USA n’étaient pas réputées bonnes, sans être toutefois exécrables. Mais, depuis, les gros nuages entre les deux pays se sont dissipés, grâce à la vivacité de nos diplomates.

Avec Condolezza Rice

Solennelle, la cérémonie de signature de l’accord l’a été, qui a eu pour cadre la salle Benjamin-Franklin du département d’Etat. Un immense bâtiment qui a pour locataire Condolezza Rice et, naturellement, il fallait montrer patte blanche, avec une armada de badges, pour y avoir accès. C’est dans cette vaste salle que l’ambassadeur John Danilovich, PDG du MCC, et le ministre burkinabè Jean-Baptiste Compaoré, de l’Economie et des Finances, ont signé cet accord pour la réduction de la pauvreté au Burkina, d’un montant de 490, 9 millions de dollars, soit environ 204 382 500 000 FCFA au cours actuel. C’était sous la présidence, fort attentive, du Président Blaise Compaoré et de Condolezza Rice.

Ces milliards de FCFA, qui tombent dans l’escarcelle du Burkina, vont être investis dans des secteurs stratégiques tels l’agriculture, l’éducation des filles, le désenclavement des zones rurales et la sécurité foncière. Ce qui explique fort amplement la présence, à la signature de cet accord, des ministres Hippolyte Lingani des Insfrastructures et du Désenclavement, Laurent Sédogo en charge de l’Agriculture, et Mamadou Sanou du Commerce, venus à Washington pour, certainement, parler de l’AGOA avec les autorités américaines.

Pour Blaise Compaoré, qui s’est exprimé à cette occasion, "la mise en place de ce fonds par le Président Georges Bush pour les défis du millénaire comme complément indispensable à la Loi sur la croissance et les opportunités économiques en Afrique, dont l’échéance a, par ailleurs, été prolongée jusqu’en 2015, reste une véritable aubaine pour les pays en développement". "Mieux, poursuivra le chef de l’Etat burkinabè, l’originalité de ce fonds est qu’il met en avant le lien entre l’aide au développement et la capacité des pays récipiendaires à exécuter des politiques vertueuses, à travers des réformes économiques, sociales et politiques".
En cela, l’éligibilité du Burkina peut être perçue à la fois comme une grande marque de considération, et comme un signe de reconnaissance des avancées réalisées en matière de gouvernance, d’amélioration de l’environnement des affaires, ainsi qu’en matière de satisfaction des besoins essentiels des populations. L’ambition du Burkina, dans sa stratégie nationale de lutte contre la pauvreté, est de ramener la proportion des Burkinabè vivant avec moins d’un dollar par jour de 46% en 2003 à moins de 35% en 2015.

Et les statistiques les plus récentes décrivent des progrès significatifs dans le domaine de l’offre éducative, qui s’est nettement accrue, avec, en corollaire, les bonds de cinq points environ par an de taux brut de scolarisation au cours de ces dernières années. Celui-ci s’est établi à la rentrée scolaire 2007-2008 à 73%, dont 65% pour les filles. Le rythme d’évolution du produit intérieur brut, quant à lui, est tombé de 6% en 2006 à 4% en 2007 ; mais, à entendre Blaise Compaoré, les perspectives semblent plus prometteuses pour 2008.

Maison-Blanche

Avant la très solennelle rencontre à la Maison-Blanche entre Blaise Compaoré et Georges W. Bush, le n°1 burkinabè a été reçu au siège du FMI par Dominique Straus-Kahn, le patron des lieux, et à la Banque Mondiale par Robert Zoellick, le successeur de Paul Wolfowitz. Et la Maison-Blanche, nous y voilà ! C’est l’une des infrastructures les plus mythiques au monde, dont la première pierre fut posée en octobre 1792 par le Président Washington, qui, malheureusement, n’eut jamais l’occasion d’y habiter.
Il est difficile de se rendre compte de l’importance de ce bâtiment, dont une partie non négligeable est souterraine, comparable à un iceberg. C’est dans cette grosse demeure, composée de 6 étages, de 132 pièces, de 35 salles de bains, d’un court de tennis, d’une piste de bowling, d’une salle de cinéma, d’une piste de jogging, d’une piscine, que le Président Blaise Compaoré a été reçu, le mercredi 16 juin dernier. Et là, plus qu’au département d’Etat, il fallait encore et toujours montrer patte blanche pour accéder au saint des saints lieux : la Maison ovale, où, d’habitude, le Président américain reçoit son hôte.

Au sortir d’un tête-à-tête d’une heure, le Président Bush révélera que c’est en raison de la "qualité de sa gouvernance" que le Burkina est éligible au MCC. Pour l’homme d’Etat américain, son homologue burkinabè, en vertu de son rôle de dirigeant à l’ONU (le Burkina est actuellement membre non permanent du Conseil de sécurité des Nations unies) et dans la région, reste une force constructive en faveur de la paix et de la stratégie.

En raison de ses médiations réussies dans les conflits sous-régionaux, Bush a expressément demandé à Blaise, "le constructeur de la paix", comme il l’a qualifié, de se pencher sur le dossier zimbabwéen et sur l’épineuse question du Darfour. Et son hôte ne pouvait faire mieux que de répondre favorablement à cette requête du n°1 de la première puissance mondiale ; avant de poursuivre en ces termes : "Le Président Bush et moi avons profité de l’occasion pour faire connaissance, et je lui ai exprimé ma reconnaissance pour l’engagement des USA en faveur de notre pays, le Burkina, en particulier dans les domaines de la réduction de la pauvreté, du développement économique et de l’aide en général".

Et d’ajouter : "Nous avons parlé de la situation du continent, de la nécessité de la démocratie et de la stabilité en Afrique, et de l’urgence de rétablir un Etat de droit véritable au Zimbabwe. Nous avons aussi parlé de l’urgence de trouver une solution politique pour mettre fin à la crise au Darfour, qui commence à être très lourde pour l’Afrique". Voilà qui est dit. Cela ne surprendrait donc personne si, dans les prochains jours, nous voyions le premier des Burkinabè s’impliquer comme médiateur dans la crise zimbabwéenne, et dans la tragique situation au Darfour. Surtout que Djibrill Bassolé y est déjà à pied-d’œuvre en tant que représentant spécial de l’ONU et de l’U.A., frais émoulu.

De retour de Washington
Boureima Diallo

L’Observateur

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