LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Soyez un repère de qualité. Certaines personnes ne sont pas habituées à un environnement où on s’attend à l’excellence.” Steve jobs

Coopération Burkina Faso-USA : La cerise sur le gâteau

Publié le vendredi 18 juillet 2008 à 13h17min

PARTAGER :                          

Du 13 au 16 juillet 2008, le président du Faso, Blaise Compaoré, a effectué une visite d’une haute portée politique et économique aux Etats-Unis d’Amérique. Economique d’abord, le premier magistrat burkinabè ayant, avec la secrétaire d’Etat, Condoleeza Rice, signé par le biais de son ministre de l’Economie et des Finances, Jean-Baptiste Compaoré, le compact du Burkina Faso dans le cadre du MCC. Politique ensuite, le président du Faso et son homologue américain s’étant rencontré en tête le 16 juillet 2008. Reconnues pour être bonnes, les relations entre le Burkina Faso et les USA sont désormais chaleureuses et fructueuses.

"Cet accord, aboutissement d’un long processus de formulation, vient raffermir une coopération dynamique et porteuse d’espoir pour les populations burkinabè".
Cette phrase du président Compaoré, prononcée lors de la signature du compact du Burkina Faso, le 14 juillet 2008, dans le cadre prestigieux du "Benjamin Franklin Room" au département d’Etat, traduit l’importance d’un acte qui va booster les efforts des autorités burkinabè dans la quête d’un mieux-être économique pour leurs populations. Ce sont en effet, plus de 204 milliards de francs CFA qui tombent dans l’escarcelle du pays des hommes intègres pour être investis dans les secteurs prioritaires comme l’agriculture, l’éducation (principalement celui de la jeune fille), le désenclavement des zones rurales et la sécurité foncière. Blaise Compaoré pouvait dès lors affirmer que "c’est un jour spécial pour le Burkina Faso et les USA", deux pays différents en de nombreux points, mais que leur foi en Dieu et aux hommes "rapproche".

"Nos esprits se dirigent vers les mêmes objectifs", à savoir "le progrès partagé", ce qui a valu au président Bush d’avoir "cette idée lumineuse". Une idée dont les quatre grands axes tournent autour de l’homme, et qui va donner à la jeune fille burkinabè, "l’occasion de s’éduquer", pour "illuminer" l’avenir du Burkina Faso et apporter "plus de justice sociale".

L’égalité des sexes sera en effet promue dans le cadre de la mise en œuvre du MCC, et le Burkina Faso qui est déjà pionnier en la matière, s’attelle à l’adoption des textes de lois qui vont impliquer davantage les femmes dans la gestion des affaires publiques.
Promotion de la femme mais aussi développement de la production agricole par l’irrigation, ce qui marque la volonté du Burkina de faire de l’agriculture, une activité quasi permanente par une meilleure maîtrise de l’eau. Cette option conforte l’ambition de construire la souveraineté alimentaire du pays, car, elle va réduire la prédominance actuelle de l’agriculture pluviale. Les aménagements projetés permettront d’accroître la production annuelle de plus de 1 500 tonnes de céréales et 30 000 tonnes de productions maraîchères.

20 000 personnes en bénéficieront directement avec à la clé un accroissement substantiel de leur pouvoir d’achat. La terre étant le "support" de cette agriculture, sa sécurisation est aussi prise en compte, avec le règlement du problème de la propriété qui fera passer la terre du son statut actuel de capital passif à celui de capital actif. Une politique nationale de sécurisation foncière en milieu rural a été adoptée en octobre 2007 dont la loi d’application est en cours de formulation selon une démarche participative.

Une réforme qui contribuera à l’instauration d’une paix sociale durable par la réduction des conflits entre acteurs du monde rural. Lequel monde rural se verra rapprocher davantage les centres commerciaux et urbains avec le troisième projet qui a pour centre d’intérêt, le désenclavement.

Mercredi 16 juillet 2008, 10 h 40 à la Maison Blanche

Les infrastructures routières prévues dans le cadre du MCC, vont accroître les échanges commerciaux, accélérer la croissance et contribuer à la lutte contre la pauvreté.
Près de 2,4 millions de Burkinabè de neuf provinces situées aux alentours des routes principales et près de 65 000 habitants de 30 villages desservis par les pistes rurales, bénéficieront de l’impact du projet routier. Le quatrième projet lui, va concerner la promotion de l’éducation de la jeune fille avec comme indiqué plus haut, un renforcement de l’équité sociale et du rôle de la femme comme vecteur du bien-être social. Et, si le Burkina Faso a pu bénéficier de ce programme qui est d’une importance vitale pour lui, dans un contexte marqué par une crise alimentaire mondiale, c’est en raison de "la qualité de sa gouvernance", comme l’a indiqué George Walker Bush au sortir du tête-à-tête de près d’une heure qu’il a eu avec le président du Faso, le 16 juillet 2008 dans la matinée, à la Maison-Blanche. Un Blaise Compaoré que Bush a qualifié de "constructeur de la paix" en Afrique et qu’il a exhorté de ce fait, à se "pencher" sur le dossier zimbabwéen et sur l’épineuse question du Darfour. Non sans avoir au passage discuter avec lui de questions sociales préoccupantes de l’heure comme la pandémie du VIH/Sida et le paludisme.

Le "docteur" Compaoré ne pouvait que répondre favorablement à une demande exprimée avec tant de sollicitude et d’amitié. "Nous avons souligné la nécessité et surtout l’urgence pour le rétablissement d’un Etat de démocratie au Zimbabwe, mais aussi l’urgence d’apporter des réponses politiques à ce drame qui commence à être lourd pour l’Afrique" (parlant du Darfour).
Auparavant, il avait exprimé sa "gratitude" au président Bush "pour l’engagement des Etats-Unis à accompagner le Burkina Faso dans son développement, particulièrement dans la lutte pour la réduction de la pauvreté", mais aussi pour "soutenir davantage la croissance économique dans notre pays". Le Burkina Faso et au-delà, l’Afrique lui expriment sa reconnaissance "pour avoir pris des initiatives fortes en faveur du traitement diligent de la dette au développement". Une concordance de vues parfaite donc entre les deux hommes d’Etat, tournés vers le développement solidaire, ce qui s’est matérialisé à travers ce chèque de plus de 204 milliards de F CFA octroyé au Burkina Faso.

Une révolution de l’aide américaine

Conçu pour réduire la pauvreté en favorisant la croissance économique, le MCC fait appel à des critères rigoureux dans la demande d’octroi de l’aide aux pays. Sont admis dans le cercle des bénéficiaires, les pays "qui font preuve de bonne gouvernance, favorisent le libre échange économique et prennent soin de leurs populations". Des critères de bonne gouvernance économique et politique qui doivent être maintenus dans le temps, une défaillance pouvant entraîner l’arrêt des subventions. Une gouvernance juste et démocratique favorisant le pluralisme politique et l’Etat de droit, le respect des droits humains et des droits civils, la protection de la propriété privée, la transparence et la lutte contre la corruption, voilà le credo du MCC.
"Il n’est pas question que nous reculions sur cette voie", a opiné le ministre en charge de l’Economie burkinabè, Jean-Baptiste Compaoré, membre de la délégation présidentielle avec ses collègues en charge de l’Agriculture, des Infrastructures et du Commerce, Laurent Sédégo, Hypollite Lingani et Mamadou Sanou. "Au contraire" dira-t-il, les institutions récemment mises sur pied, l’Autorité supérieure du

contrôle de l’Etat notamment, participant de cette volonté "de maintenir le cap" et mieux "d’affiner la gouvernance". En écho, l’ambassadeur du Burkina Faso aux Etats-Unis, Ernest P. Yonli, indiquera que "les standards seront améliorés". D’autres institutions pourvoyantes d’aides et de crédits comme la Banque mondiale l’ont, du reste, compris, l’institution financière s’engageant à financer 19 projets au Burkina Faso à hauteur de près de 500 millions de dollars US. Une diplomatie qui marche et que celle du Burkina Faso, avec Djibrill Bassolé qui prend contact "physiquement" avec le Darfour aujourd’hui ou demain. Sous le magistère de Blaise Compaoré, les fruits seront à la hauteur des fleurs, tout comme dans l’exécution du MCC qui doit "changer durablement" les conditions de vie des Burkinabè.

Boubakar SY,
Envoyé spécial à Washington


La rançon de l’humilité

"Vous êtes un constructeur de paix en Afrique et dans le monde". Sortant de la bouche du dirigeant de la première puissance mondiale, cette phrase adressée à Blaise Compaoré lors de leur tête-à-tête à la Maison-Blanche, plus qu’un compliment, est un hommage mérité à l’œuvre d’un homme dont les efforts ont fini par être reconnus par tous.

Un hommage qui aurait pu griser n’importe qui mais qui a laissé Blaise Compaoré tel qu’en lui- même pour en réponse, demander à son homologue américain de redoubler d’effort dans ses "initiatives fortes" en faveur du traitement diligent de la dette africaine et du renforcement de l’aide au développement. Humble aussi bien dans le succès que dans l’infortune, le président du Faso a su le rester, lui qui, il n’y a guère longtemps, "ramassait des casquettes" de certains de ses amis d’aujourd’hui. Avec l’Amérique particulièrement, on a frôlé la catastrophe entre procès d’intention, fausses-vraies accusations et volonté d’en "finir" avec le "trublion" de l’Ouest africain. Un trublion (?) préoccupé en fait par l’avènement d’une démocratie véritable sur le continent avec comme corollaire, le développement de l’Afrique. Sur le dossier libérien qui a fait tant de gorges chaudes, faut-il rappeler que le Burkina Faso a soutenu Charles Taylor parce qu’il était persuadé que celui-ci débarrasserait son pays de la dictature de Samuel Doe ?

Dès lors que Taylor a commencé à se laisser enivrer par les effluves du trône, le pays des Hommes intègres s’est démarqué de lui, non sans l’avoir condamné. Aujourd’hui blanchi de toutes accusations par l’ONU, le Burkina en est à débarrasser la Mano River (région Guinée-Sierra Léone-Libéria) de ses miasmes avec son intermédiation réussie en Sierra-Léone et ses efforts pour ramener la paix civile et politique en Guinée.
Blaise Compaoré récolte donc les fruits de cette constance et de cette cohérence dans la pensée et l’action, lui qui a été "instamment" prié par George Bush de s’impliquer dans le règlement de la crise politico-sociale zimbabwéenne.

Aussi, Bush a indiqué à Compaoré qu’il suivait l’évolution de la situation au Darfour, ce qui est un adoubement de la nomination de Djibrill Bassolé, comme médiateur conjoint UA/ONU dans la région. En indiquant qu’il y a "des besoins pressants de démocratie et de stabilité en Afrique" notamment au Darfour où la situation commence à être "pesante", Blaise Compaoré montre sa volonté de poursuivre son œuvre de "faiseur de paix". Et il sera d’autant plus efficace que l’administration américaine est désormais à ses côtés. Un voyage "tout bénéfice" donc pour le Burkina Faso et au-delà, pour l’Afrique.

B.S.

Sidwaya

PARTAGER :                              
 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique