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Prise en charge des PV/VIH SIDA : Il faut sauver le CANDAF

Publié le vendredi 18 juillet 2008 à 12h33min

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Le CANDAF, c’est le Centre d’accueil Notre Dame de Fatima. C’est un centre situé au secteur 30 de Ouagadougou. Il a été ouvert et est entretenu par les Camilliens. Le CANDAF, c’était le refuge de femmes et d’hommes désespérés parce qu’atteints du Sida et par conséquent faisant l’objet d’une stigmatisation, d’un rejet par les leurs. Dans la lutte contre le VIH/SIDA, le CANDAF a joué un rôle de pionnier au Burkina Faso, en ce sens qu’il accueille les personnes malades du SIDA, leur assurait une totale prise en charges depuis les examens jusqu’à l’hospitalisation.

Cela avant même que la mobilisation très médiatique actuellement commence. Avec les soins qu’il prodiguait gratuitement, le CANDAF assurait aux malades devenus ses pensionnaires le gîte et le couvert jusqu’à leur mieux-être.

Que devient le CANDAF aujourd’hui ? Il bat de l’aile, faute de moyens financiers. Le volet hospitalisation a cessé. Les appels lancés en direction de l’État n’ont pas eu, dit-on, de réponses positives. L’accueil, la prise en charge, l’hospitalisation et les dotations aux malades en anti-rétro-viraux, tout cela coûtait au CANDAF la bagatelle de cent millions (100 000 000) de FCFA par an. Ces fonds venaient de donateurs étrangers pour lesquels il était temps et logique que le Burkina Faso prît le témoin. Ne dit-on pas que quand on vous lave le dos, il faut se frotter la figure ? Les requêtes adressées à l’État, c’était que celui-ci prenne par exemple en charge la consommation d’énergie du Centre ou qu’il consente des exonérations.

L’Etat, par l’intermédiaire du Comité national de lutte contre le Sida (CNLS), finance cependant des milliers d’associations sur la base d’un programme comprenant la sensibilisation et la prise en charge. Ces associations font du tapage sur le terrain ; malheureusement, leur nombre et le bruit qu’elles font dans les médias et au cours des animations dans les villes et villages n’indiquent pas forcément qu’elles sont toutes efficaces. Il est une vérité qu’il faut reconnaître : le taux de prévalence a diminué. Il faut reconnaître ce mérite à l’État, mais ce n’est pas le moment de s’arrêter en si bon chemin. Il doit apporter un soutien à toutes structures fiables de lutte contre le SIDA, surtout quand elles font pratiquement du bénévolat.

Que fait-on des personnes atteintes de la maladie du SIDA ? On sait le sort qui leur est reservé dans les formations hospitalières publiques. Elles sont l’objet d’une systématique stigmatisation. Elles sont priées, après quelques jours d’hospitalisation, de repartir chez elles. Les praticiens prennent le soin de ne pas ajouter : pour mourir.

Et c’est dans ce domaine précis que le rôle du CANDAF est prépondérant et irremplaçable. Il accueille, soigne, héberge et conseille. Au CANDAF, on dit à la personne atteinte du SIDA qu’elle est une malade comme toute personne qui souffre de n’importe quelle pathologie. On lui apporte du réconfort. Mais, bien plus, du soutien matériel. Même à l’époque où les anti-rétro-viraux coûtaient excessivement cher, donc inabordables par les petites gens, le CANDAF procurait à ses pensionnaires des médicaments. Sur ce plan, il en a joué un rôle de premier plan dans la prise charge des personnes vivant avec le VIH/SIDA. Ne serait-ce que pour ce travail d’avant-garde, l’Etat se devait de lui accorder une subvention et éviter qu’il vivote ainsi. Malheureusement, et comme, cela a souvent été le cas dans de nombreux domaines, l’Etat semble avoir privilégié les actions d’éclat, les effets d’annonce, les actions à forte connotation publicitaire. Le CANDAF a cessé ses activités d’hébergement et d’hospitalisation des malades faute de moyens. Le ralentissement forcé de ces activités a entraîné le licenciement de 13 personnes naguère employées par le CANDAF.

Certes, c’est connu que l’État ne peut pas tout faire. Mais dans le cas d’espèce, il devait faire l’effort pour soutenir une structure qui l’accompagnait dans son combat contre la pandémie du siècle. Comme on le voit, il faut une certaine sincérité dans ce combat que le Burkina Faso mène. L’État devait accorder une plus grande attention à ce centre dont les activités n’ont rien de comparables avec celles des milliers d’associations qui écument le pays.

Si toutes, à l’instar du CANDAF, s’occupaient du malade et n’avaient d’intérêt que pour ce dernier, les choses seraient autres.

Aujourd’hui, le CANDAF végète. Espoir pratiquement perdu pour beaucoup de personnes pour lesquelles il était plus qu’un lieu où l’on soignait le SIDA. Le CANDAF, c’était non seulement le refuge pour de nombreuses personnes rejetées par leur famille parce qu’atteintes de ce mal, mais aussi l’endroit où elles recevaient un réconfort moral, l’endroit où elles espéraient encore de la vie. L’État doit veiller à ce que ce Centre ne reste pas longtemps fermé parce que ceux qui le finançaient de l’extérieur ne le peuvent plus. Il y va de la crédibilité et de la sincérité de la lutte de ce pays contre la pandémie. Il faut sauver le CANDAF.

Le Fou

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