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Mandat d’arrêt contre El-Béchir : Tout le monde peut jubiler sauf Deby

Publié le vendredi 18 juillet 2008 à 12h58min

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"Celui qui n’a pas atteint l’autre rive ne doit pas se moquer de celui qui se noie". S’il avait bien médité ce proverbe universellement célèbre, Idriss Deby Itno n’aurait pas à rire du sort actuel de Omar El-Bechir, contre lequel les juges de la Cour pénale internationale (CPI) pourraient délivré un mandat d’arrêt.

Luis Moreno-Ocampo entre ainsi dans l’histoire comme celui qui aura pris le premier cette mesure contre un chef d’Etat en exercice. En accusant le président soudanais de génocide, de crimes contre l’humanité et de crimes de guerre commis au Darfour, il n’aura fait que suivre les sillons tracés par George W. Bush et les Etats-Unis qui avaient déjà sonné l’alerte.

Ces mêmes chefs d’accusation, à quelque nuance près, colleraient comme un gant à Idriss Deby Itno qui, à l’époque chef d’état-major, aux ordres d’un certain Hissène Habré, avait conduit les opérations de massacre d’un nombre important de Tchadiens. C’est dire que le bâton qui risque de taper sur El-Bechir aujourd’hui, pourrait un jour servir à punir Idriss Deby qui, par la même occasion, aura à répondre de la disparition de tous ces opposants tchadiens en l’occurrence Mahamat Ibn Saleh. Et que dire de toutes ces populations civiles tombées sous les balles assassines des troupes du Général Deby qui cherchaient à sauver son fauteuil convoité par les rebelles du MNJ en février de cette année 2008 ? Tout le monde peut donc rire du cas El-Béchir sauf Deby qui croit déjà être sauvé des attaques des rebelles venus du Soudan.

Idriss Deby Itno échappera sans doute au filet de la CPI parce qu’il bénéficie de la bienveillance de Paris. Il en est ainsi des dizaines de Omar El-Béchir qui sont à la tête d’Etats africains ou d’autres, protégés contre vents et marées par les puissances de ce monde, notamment les Etats-Unis. Ce n’est pas pour rien d’ailleurs que Washington a soustrait impunément ses ressortissants à la compétence de la CPI. George W. Bush peut ainsi, sans crainte, bombarder à sa guise l’Irak ou l’Afghanistan. Car, la CPI, c’est pour les autres. Pourtant, le Soudan non plus ne reconnaît pas cette institution ! Luis Moreno-Ocampo n’en a cure. El-Béchir n’est pas Bush et la justice des vainqueurs fait fi de toutes ces considérations.

En tout cas, tout en condamnant tout acte tendant à persécuter des populations et à les soumettre à un quelconque joug, on ne peut que déplorer cette justice sélective qui ne s’en prend pratiquement qu’aux Africains. Le précédent est assez grave et aurait mérité une réponse énergique de la part de l’Union africaine. A défaut de pouvoir condamner individuellement cette action discriminatoire de la CPI, beaucoup d’entre eux craignant que l’épée de Damoclès se déplace sur leur tête, à l’unisson et derrière la bannière de l’UA, les dirigeants devraient se prononcer sur ce grave précédent. Hélas, une fois de plus, face à l’inertie des dirigeants africains, les condamnations viennent d’ailleurs, notamment de la Russie, de l’Iran, de la Chine, etc.

Quand bien même El-Béchir est son ennemi, Deby ne devrait pas compatir aux déboires de ce dernier. Il devrait plutôt, par prudence, s’abstenir de jubiler. Cela n’arrive pas qu’aux autres !

Par Morin YAMONGBE

Le Pays

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