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Forces hybrides au Darfour : Repli tactique ou débandade ?

Publié le jeudi 17 juillet 2008 à 12h33min

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Les choses s’accélèrent ou plutôt se mélangent dans le dossier du Darfour. Une succession d’événements importants avait fini de convaincre les uns et les autres de la nécessité de débloquer un statu quo qui prolongeait jusque-là le calvaire des populations puis, la mort de soldats de la Force hybride tombés dans un guet-apens avait choqué la conscience des observateurs.

L’inefficacité de cette force de protection, elle-même mal protégée parce qu’insuffisamment équipée était manifeste. La nomination, il y a quelques jours, d’un médiateur conjoint des Nations unies et de l’UA en la personne du Burkinabè Djibrill Bassolé avait sonné comme une volonté de donner une autre chance à la paix au Darfour. Puis vint le coup de tonnerre. La Cour pénale internationale (CPI) pourrait lancer un mandat d’arrêt international contre le président soudanais Oumar El Béchir.

Le Procureur évoque de fortes présomptions de génocide après deux ans d’enquête. S’il est suivi par les juges de la Cour, c’est toute la géopolitique dans la zone qui va s’en trouver bouleversée. Ce serait ni plus ni moins que la mise à prix de la tête d’un chef d’Etat en exercice. En attendant cette décision, son éventualité a fait l’effet d’une bombe et il faut craindre que les conséquences de celle-ci ne compliquent l’issue de la crise.

De nouveaux problèmes s’amoncellent au Darfour avec le départ annoncé d’une partie du personnel "non essentiel" des Nations unies du site des opérations. Ce sont certes des mesures préventives afin de ne pas exposer ce personnel aux éventuelles représailles soudanaises. Mais ce départ, ne laisse-t-il pas finalement la porte ouverte aux exactions contre les populations que la MINUAD était censée protéger ? Il faut craindre désormais que celles-ci ne soient abandonnées à elles-mêmes et que leur drame ne se déroule en silence, en l’absence d’observateurs extérieurs. Difficile de récuser l’indépendance du procureur de la CPI qui ne fait que son boulot.

Mais dans le même temps, on est en droit de se demander si le Conseil de sécurité de l’ONU qui a mandaté cette force, ne pouvait pas lui donner les moyens de son action militaire. Il aurait fallu renforcer les capacités de cette force et lui donner les moyens de se mettre en position offensive en cas de besoin. De cette façon, la pression sur le président soudanais aurait été totale, et le nouveau médiateur aurait eu de ce fait plus de poids dans les négociations. Dans la situation actuelle, il y a de grandes chances que le médiateur se retrouve sans interlocuteur. Et ce n’est pas un bon signe pour les populations du Darfour qui attendent la délivrance.

Le Pays

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