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Côte d’Ivoire : Gbagbo chasse sur les terres de Soro

Publié le mercredi 16 juillet 2008 à 11h32min

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Le président ivoirien, Laurent Gbagbo, sait s’y faire en politique. Il vient de le démontrer encore une fois, lors de sa visite dans deux villes sous contrôle des Forces nouvelles et récemment secouées par des mutineries. Il a su utiliser les mots et poser les actes qui ont suscité l’enthousiasme des populations et effacé les longues années de souffrances dans lesquelles la guerre les a plongées.

Car on l’oublie trop souvent, l’avènement de la rébellion tire sa source d’une politique de repli identitaire dont Gbagbo et son entourage ont été les chantres. En outre, ce coup de main à Guillaume Soro dont les hommes s’entredéchirent depuis plusieurs mois pour des questions de primes ou de leadership, est bien tardif. A Bouaké, la chienlit s’est durablement installée, sans que l’on sente la présence du président de la République.

Mais le génie du président ivoirien, c’est de réussir, lors de regroupements populaires, à renverser la vapeur en rejetant la responsabilité de la crise ivoirienne sur les autres. A Séguéla et Vavoua, il a usé de cette stratégie de l’offensive tous azimuts. Avec un langage puisé dans le registre populaire , il s’est posé en garant de la sécurité et du bien-être des populations locales. Il a fait donc d’une pierre deux coups, en se réhabilitant aux yeux des habitants des localités visitées et en se positionnant pour la présidentielle du 30 novembre prochain. Car Gbagbo est bel et bien en pré-campagne.

A quatre mois d’une élection très cruciale, les promesses faites à la pelle ne sont pas désintéressées. L’enthousiasme de Gbagbo, qui a juré que la présidentielle se tiendra à bonne date, pourrait cependant être peu contagieux. Des embûches demeurent toujours sur le chemin alors que novembre, c’est déjà demain : l ’identification n’est pas achevée pour permettre l’établissement des listes électorales et la délivrance des cartes d’électeurs.

L’échéance du 30 novembre peut être respectée à condition que les différents acteurs mettent les bouchées doubles. Si l’on avance au rythme actuel, avec des haltes et parfois des reculs, le pari sera difficilement tenu, à moins d’organiser des élections de bas de gamme, c’est-à-dire sans toutes les garanties de transparence, d’équité et de régularité. Une course contre la montre a donc été lancée depuis la réunion du Comité d’évaluation et d’accompagnement, à l’issue de laquelle le financement du processus électoral a enfin été bouclé, selon le premier ministre Guillaume Soro. On attend de voir si ce dernier réussira là où ses prédécesseurs ont échoué à organiser enfin une élection présidentielle en Côte d’Ivoire.

Par Mahorou KANAZOE

Le Pays

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