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Soudan : L’épée de la CPI sur la tête de El-Béchir

Publié le lundi 14 juillet 2008 à 13h00min

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Le monde entier a le regard tourné aujourd’hui vers La Haye, où siège la Cour pénale internationale. Une audience particulière doit s’y tenir, dont les conséquences pourraient avoir l’effet d’un tremblement de terre. Le procureur de la CPI, l’Argentin Luis Moreno-Campo, a l’intention de faire inculper le président soudanais, Omar El-Béchir, pour crime contre l’humanité et génocide au Darfour.

Ce serait la première fois qu’un chef d’Etat en exercice est pris dans le rouleau compresseur de la CPI. Le branle-bas de combat à Khartoum montre que le Soudan prend au sérieux cette affaire qui n’est pourtant pas nouvelle. Ce n’est pas la première fois que le régime soudanais est contraint de rendre compte à la CPI. A l’origine, la résolution 1593 du Conseil de sécurité de l’ONU l’obligeait à coopérer avec la juridiction supranationale.

Mais les rapports entre le procureur de la CPI et le gouvernement soudanais ont toujours été houleux. Khartoum a fait la sourde oreille face aux requêtes de la CPI. Omar El-Béchir a ainsi refusé de livrer un ministre et un chef rebelle demandés par la CPI. C’était le début d’un bras de fer dont le paroxysme pourrait être l’inculpation du président lui-même, le procureur estimant sans doute que tout l’appareil d’Etat soudanais est concerné par les crimes au Darfour. Jusqu’où cette guerre des nerfs va-t-elle aller ? En tout cas, l’une des conséquences de ce nouveau développement pourrait être la recrudescence des violences au Darfour. Si les Etats-Unis soutiennent l’action de la CPI, il n’en est pas de même pour l’Union africaine, qui redoute justement ce regain de violences et la rupture de tous les processus de négociation en cours.

La communauté internationale, visiblement, est confrontée à un dilemme, celui de faire le choix de la justice ou de la paix. Une difficulté supplémentaire vient donc s’ajouter à la masse de problèmes que le nouveau médiateur de l’UA/ONU, Djibrill Bassolé, doit affronter. Une chose est sûre, toute décision contre le régime soudanais doit intégrer à la fois la soif de justice, de paix et de sécurité qui étreint les populations du Darfour. Il appartient donc à la CPI et à la communauté internationale d’oeuvrer pour que justice soit faite, mais sans que cela ne signe l’arrêt de mort d’autres innocents. Un paradoxe tout de même, dans ce dossier : les Etats-Unis, qui se montrent empressés, à voir El-Béchir inculpé, n’ont pas ratifié le traité créant la CPI. Ils ont même mené une campagne pour affaiblir la CPI et soustraire leurs ressortissants à la compétence de la CPI. On comprend, dans ces conditions, que le Soudan crie à la politisation de la CPI. En tout état de cause, trois fronts militaire, diplomatique et judiciaire sont ouverts au Soudan. Lequel triomphera-t-il ?

Par Mahorou KANAZOE

Le Pays

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