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Hausse des prix des hydrocarbures : Les syndicats disent non

Publié le lundi 14 juillet 2008 à 13h33min

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Dans la déclaration ci-dessous, les responsables des centrales syndicales et syndicats autonomes du Burkina réagissent à la hausse des prix des hydrocarbures annoncée par le gouvernement au début du week-end écoulé. Ils disent non à cette hausse qui va "entraîner la hausse des prix des autres biens et services, et rendre encore plus difficile une situation sociale déjà intenable pour les couches populaires".

Le vendredi 11 juillet 2008, les secrétaires généraux des centrales syndicales et des syndicats autonomes ont rencontré une délégation du gouvernement conduite par le ministre du Travail et de la Sécurité sociale, et celui du Commerce, de la Promotion de l’entreprise et de l’artisanat. Ils donnaient ainsi suite à une invitation du gouvernement par correspondance n°2008-120/MTSS/CAB en date du 10 juillet 2008, signée du ministre du Travail et de la Sécurité sociale, pour « une importante rencontre avec une délégation gouvernementale, le vendredi 11 juillet » sans toutefois en préciser l’ordre du jour.

C’est sur place que les responsables syndicaux ont constaté, d’une part, que la rencontre concernait aussi le patronat, et, d’autre part, que l’objet était en fait l’annonce d’une prochaine augmentation des prix des hydrocarbures. Ainsi, selon le gouvernement, la rencontre entre dans le cadre du dialogue social établi depuis quelque temps, et elle répond au souci d’expliquer aux partenaires sociaux la nécessité de procéder à un réajustement des prix des produits pétroliers.

L’exposé présenté par le directeur général de la SONABHY, Monsieur Hubert Yaméogo, et par les deux ministres a fait ressortir les points ci-après :

- la hausse continue du prix du baril depuis juillet 2007 entraîne pour la SONABHY des pertes qui s’élèvent à plus de 17 milliards et une réduction de ses stocks ;

- le gouvernement a tenu compte du social et s’est soucié de rendre les augmentations raisonnables, car une application stricte de la vérité des prix aurait abouti à des prix plus élevés ;

- les nouveaux prix qui seront appliqués à partir de la semaine prochaine, pour la ville de Ouagadougou, sont de :

- 720 F CFA pour le super 91, contre 670 F CFA actuellement, soit une variation de 50 F CFA, et 7,46% d’augmentation ;

- 490 F CFA pour le pétrole, contre 460 F CFA actuellement, soit une variation de 30 F CFA, et 6,52% d’augmentation ;

- 695 F CFA pour le gasoil, contre 603F actuellement, soit une variation de 92 F CFA, et 15,26% d’augmentation ;

- 715 F CFA pour le mélange, contre 665 F CFA actuellement, soit une variation de 50 F CFA, et 7,52% d’augmentation.

Les chefs des délégations des organisations syndicales et du patronat ont, tour à tour, pris acte de l’information communiquée par le gouvernement, et émis des inquiétudes sur les effets que produiront ces augmentations sur les prix des différents produits, sur le pouvoir d’achat des populations et sur celui des entreprises nationales.

Les secrétaires généraux des centrales syndicales et des syndicats autonomes se sont retrouvés immédiatement à la Bourse du travail pour apprécier l’information communiquée par le gouvernement et décider de la conduite à tenir. De façon unanime, ils ont abouti à la conclusion que l’augmentation annoncée par le gouvernement est inopportune et ne peut pas recevoir la caution des organisations syndicales. En effet, la flambée des prix des produits de grande consommation a fortement érodé le pouvoir d’achat des travailleurs, d’où les différentes luttes menées par les travailleurs, notamment dans le cadre de la Coalition nationale contre la vie chère, avec comme revendications essentielles l’augmentation des salaires, la baisse des taxes, des impôts et des prix. Ces revendications n’ont pas, jusque-là, reçu de réponses satisfaisantes du gouvernement qui a renvoyé leur traitement aux prochaines négociations gouvernement-syndicats prévues pour septembre 2008. Pendant ce temps, notre revendication d’une révision de la structure des prix des hydrocarbures avec, à l’appui, une proposition écrite transmise au gouvernement depuis septembre 2006 n’a pas reçu de réponse jusque-là.

Par ailleurs, ils ont noté que les chiffres communiqués par le gouvernement, en particulier sur les pertes que subirait la SONABHY, se comprennent difficilement au regard des bilans que présente cette société à l’Assemblée générale des sociétés d’Etat, d’une part, et, d’autre part, au regard de la baisse du cours du dollar.

Ils notent enfin que ces nouvelles hausses des prix des hydrocarbures vont entraîner la hausse des prix des autres biens et services, et rendre encore plus difficile une situation sociale déjà intenable pour les couches populaires. Le rôle du gouvernement ne doit pas être de demander aux travailleurs et aux masses populaires de serrer toujours plus la ceinture mais bien de trouver des solutions aux problèmes qui assaillent ceux-ci. A ce propos, la comparaison qu’établit le gouvernement entre les nouveaux prix que compte fixer le gouvernement et ceux pratiqués en Côte d’Ivoire vient mal à propos quand on considère, entre autres, le niveau des revenus dans ce pays et la récente réduction de la TVA à 9% (alors que celle-ci est de 18% au Burkina Faso).

En conséquence, nous invitons les responsables des structures de base, les militants et l’ensemble des travailleurs à maintenir et à renforcer la mobilisation à la base en vue de la poursuite des luttes engagées dans le cadre de la CCVC, notamment assurer le succès des opérations villes mortes annoncées en mai dernier. Il faut se convaincre que les résultats des négociations de septembre, et de façon plus générale, les réponses à notre plate-forme revendicative, dépendront essentiellement de la mobilisation dont nous ferons montre à l’occasion des prochaines manifestations.

Non à une augmentation des prix des hydrocarbures !

En avant pour le renforcement de la Coalition nationale de lutte contre la vie chère et pour le succès des luttes à venir !

Fait à Ouagadougou, le 11 juillet 2008

Ont signé :
Pour les centrales syndicales :

CGT-B : Tolé SAGNON, Secrétaire général

CNTB : Laurent OUEDRAOGO, Secrétaire général

CSB : Jean Mathias LILIOU, Secrétaire général

FO/UNSL

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