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Processus de paix en Côte d’Ivoire : Les bailleurs de fonds acceptent de délier le cordon de la bourse

Publié le vendredi 11 juillet 2008 à 11h49min

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La Ve réunion du Comité d’évaluation et d’accompagnement (CEA) de l’Accord politique de Ouagadougou (APO) conclu le 4 mars 2007, entre le président ivoirien Laurent Gbagbo et le leader de l’ex-rebellion des Forces nouvelles (FN) Guillaume Soro, s’est tenue, jeudi 10 juillet 2008 à Ouagadougou. Le financement du processus électoral a été le sujet principal à l’ordre du jour.

La Côte d’Ivoire cherche l’argent pour organiser sa première élection présidentielle libre et équitable le 30 novembre après celle controversée de 2000. Hier jeudi 10 juillet, l’Organe consultatif international (OCI) qui représente la communauté internationale, et les deux parties signataires de l’Accord politique de Ouagadougou (APO) notamment le camp présidentiel conduit par l’ambassadeur Alcide Djédjé et les ex-rebelles dont la délégation a été conduite par Alain Lobognon, le directeur de la communication du Premier ministre, Guillaume Soro se sont réunis autour du président Blaise Compaoré, facilitateur du dialogue intervoirien et parrain de l’APO afin d’examiner avec tous ceux-ci les moyens de mobiliser plus "urgemment" les ressources financières nécessaires au financement du programme de sortie de crise et plus particulièrement du processus électoral.

Tous, à commencer par le président Compaoré, estiment que le manque de financement constitue des obstacles qui pourraient compromettre les acquis enregistrés et surtout la tenue d’élections "libres, transparentes et équitables en Côte d’Ivoire en novembre".
Ainsi donc, à l’issue de leurs concertations, les membres du CEA se sont dit "sérieusement préoccupés" par la question du financement du processus de paix en Côte d’Ivoire. Se félicitant des contributions additionnelles annoncées par certains membres de l’OCI, le CEA a demandé à ce que les décaissements des partenaires soient beaucoup plus rapides. Pour ce faire, une réunion mensuelle se tiendra à Abidjan afin de juguler les tentions de trésorie et d’accélérer les décaissements liés au processus électoral. Le CEA a également demandé au facilitateur et au représentant spécial du secrétaire général des Nations unies en Côte d’Ivoire M. Young Jin Choi d’intercéder auprès de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international (FMI) afin de bénéficier "particulièrement" de leur soutien dans cette période décisive du processus de paix.

Le Premier ministre, Guillaume Soro, chef du gouvernement ivoirien et maître d’œuvre de l’APO, est venu expliquer à M. Compaoré que son équipe est confrontée à trois difficultés. Premièrement, elle doit faire face au proceccus de paix, deuxièment répondre aux attentes quotidiennes des Ivoiriens et troisièmement continuer de rembourser les dettes de la Côte d’Ivoire vis-à-vis des institutions de Bretton Woods afin de continuer de bénéficier des programmes de soutien au développement. Selon le président Compaoré, les partenaires ont accepté à la fin des discussions de délier le cordon de la bourse pour financer le programme de sortie de crise dont le budget global est estimé à 223 milliards de F CFA. Dans ce paquet financier, l’Etat ivoirien a décidé de débourser 144 milliards et les bailleurs de fonds 79 milliards de F CFA.

"Nous avons pu faire le point du financement avec les partenaires et il ressort que ce qui concerne le financement des élections c’est bouclé. Il reste maintenant les autres aspects du processus de sortie de crise pour lesquels nous avons demandé qu’il y ait un calendrier beaucoup plus précis par rapport aux engagements et aux décaissements pour nous permettre d’avoir une plus nette visibilité sur l’avenir du processus", a indiqué le président Compaoré. Les autres aspects du processus qui connaissent également des difficultés de financement concernent la sécurisation du processus électoral et les questions logistiques, le financement du Désarmement-démobilisation et réinsertion (DDR) et la mise en œuvre du service civique.

Les bailleurs de fonds qui ont déjà versé un peu plus de quatre (4) milliards de F CFA, doivent maintenant prioritairement verser l’argent nécessaire à l’organisation de l’élection présidentielle dont le premier tour est fixé au 30 novembre, après l’engagement des partenaires à donner l’argent.

"Nous allons respecter l’échéance du 30 novembre", s’est réjoui le président de la Commission électorale indépendante (CEI) Robert Mambé Beugré. Il a besoin de neuf milliards de FCFA pour organiser les élections. "Il y aura beaucoup plus de réunions pour mobiliser les fonds et nous sommes optimistes pour tenir les élections le 30 novembre", s’est réjoui de son côté, M. Djédjé.

Nonobstant les difficultés financières qui ralentissent l’application de l’APO, le CEA a relevé des progrès notables liés notamment à l’organisation avec succès des audiences foraines au cours desquelles 658 566 jugements supplétifs d’actes de naissance ont été délivrés. Il y a aussi le regroupement des ex-combattants, le redéploiement de l’administration sur l’ensemble du territoire ivoirien et une panoplie de mesures visant à consolider la réconciliation nationale, la paix et la libre circulation des personnes et des biens.

Romaric Ollo HIEN


Le ministre Bassolé a assisté à son dernier CEA

Le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération régionale, Djibrill Bassolé, a annoncé aux membres du CEA que c’est la dernière fois qu’il prenait part en tant qu’assistant principal du président Compaoré dans son rôle de facilitation dans la crise ivoirienne. Voici l’adresse qu’il a faite à l’endroit des membres du CEA.

"Je voudrais (...) profiter de cet instant pour exprimer aux membres du CEA toute ma gratitude pour les messages de sympathie et de soutien qui m’ont été adressés à l’occasion de ma nomination en qualité de médiateur auprès du secrétaire général des Nations unies pour le Darfour. Je mesure l’ampleur et la complexité de la mission qui m’attend mais l’expérience que j’ai pu acquérir avec vous en matière de dialogue et de suivi du processus de paix, l’Accord politique de Ouagadougou, sera pour moi un repère et une source d’inspiration.

La session de ce jour est la dernière à laquelle j’assiste en qualité de ministre des Affaires étrangères. Mais avec votre autorisation, Excellence Monsieur le président et l’autorisation de mon désormais collègue M. Young Jin Choi, je ne raterais aucune occasion pour participer à vos travaux comme personne ressource. Je souhaite de tout cœur que le processus de paix en Côte d’Ivoire que vous accompagnez méthodiquement avec beaucoup de rigueur soit couronné de succès. Ce succès sera pour moi un motif de fierté et un atout considérable pour ma mission au Darfour".

Propos recueillis par R.O.H.


C’est l’argent qui manque le plus

Dans le langage retenu qui lui est propre, Blaise Compaoré a touché du doigt les problèmes majeurs de la Côte d’Ivoire à l’heure actuelle : "des contraintes notamment d’ordre financier rendent difficiles" les différentes opérations de sortie de crise en Côte d’Ivoire. Plus loin, le Facilitateur parlera de "défis" restant à relever "pour assainir davantage l’environnement socio-politique et sécuritaire, gage d’élections libres, transparentes et équitables". Deux problèmes (l’argent et la sécurité) qui se tiennent en fait, si tant est que le premier, le manque d’argent, a engendré le second, les troubles répétitifs notamment au sein des Forces nouvelles, les soldats ayant des appréhensions quant à leur avenir.

On a vu que Vavoua et Séguela ont été meurtris récemment sur fond de mutinerie "alimentaire". Plus loin dans le temps, Bouaké et d’autres villes du Nord avaient connu les mêmes troubles avec des bagarres de leadership en toile de fond. Le tout enrobé dans les divergences entre "légitimistes" (ceux qui voulaient en découdre jusqu’au bout avec Gbagbo) et "collabos," entendez les partisans de la ligne médiane dégagée par l’Accord politique de Ouagadougou. Une analyse plus fine permet de voir que derrière toutes ces "bisbilles" se cachent des "affaires" d’argent. Commandants de zones devenus des potentats, soldats racketteurs, ont du mal à abandonner leurs privilèges.

Il en faudra néanmoins plus pour "gripper" le processus, le Facilitateur ayant noté "l’engagement sans cesse renouvelé des acteurs politiques, des communautés religieuses et de la société civile de Côte d’Ivoire" de sortir de la crise. On a vu que les mutineries de Vavoua et Séguéla ont été très tôt mises au pas ce qui illustre cette volonté d’en finir avec cette crise une fois pour toutes. Néanmoins il faudra mettre un bon "paquet" financier à la disposition du gouvernement ivoirien pour gérer au mieux tous ces problèmes d’intendance.

Car, en sus de la gestion du processus électoral et de l’environnement sécuritaire, le gouvernement doit faire face à ses obligations régaliennes, notamment le paiement de la dette extérieure. Soro avait demandé 80 milliards de F CFA, dont la moitié avant mi-juillet. Il y a urgence et, "l’éligibilité de la Côte d’Ivoire au Fonds de consolidation de la paix des Nations unies est salutaire" comme indiqué par le Facilitateur. Ce d’autant que les effets de la vie chère sont venus "corser" la situation du pays qui est presqu’au bord du marasme social. Il faudra donc aller "vite, vite aux élections" comme disait le président Gbagbo en juillet, afin que la Côte d’Ivoire puisse être "vraiment gouvernée" après six ans d’impasse.

Boubakar SY

Sidwaya

Sidwaya

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