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Zimbabwe : Blaise Compaoré, docteur es-médiation ?

Publié le jeudi 10 juillet 2008 à 09h18min

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« Mon pays ne se laissera jamais distraire ou désorienter par d’autres Etats ». Ainsi parlait Mumpengegwi Simbarashe Simbanemtuku, ministre des affaires étrangères du Zimbabwe, sur le perron du palais de Kossyam.

L’émissaire de Robert Mugabe auprès de Blaise Compaoré, comme il est désormais de bon ton parmi les dignitaires "de la maison en pierre"(1), n’a pas mâché ses mots mardi soir devant la presse nationale et internationale.

On se souvient, en effet, qu’à Charm el -Cheick, un autre proche du président fraîchement réélu avait déclaré, parlant des Occidentaux : « Qu’ils aillent se faire pendre, qu’ils aillent se faire pendre mille fois. Ils n’ont aucun droit sur la politique zimbabwéenne ».

Le langage vert des autorités de Harare n’a pas changé, leurs positions tranchées sur la légitimité de la réélection de leur président non plus ; et ce, malgré les menaces de sanctions qui pèsent sur le pays et les représentants du pouvoir.

Alors, que va faire Blaise dans une telle galère ? On se le demande au lendemain de l’audience accordée à l’émissaire de « sa majesté Mugabe 1er ». Il est vrai que le président du Faso est un habitué de la résolution des crises en Afrique. On se rappelle, en effet, les galères libérienne, angolaise, togolaise… et plus récemment la crise ivoirienne, dans le règlement desquelles il a su jouer un rôle-clé ; au point d’être érigé par ses thuriféraires en pacificateur des temps modernes.

Ainsi, après 20 années de renaissance démocratique et un certain nombre de succès diplomatiques à son actif, quoi de plus naturel que dans la période plus que difficile que traverse le Zimbabwe, un plénipotentiaire ait été reçu en audience présidentielle.

La présence de notre pays au sein du Conseil de sécurité de l’ONU, comme membre non permanent, y est peut-être pour quelque chose… Surtout quand on sait que le camp occidental, dans sa grande majorité, dénonce la récente présidentielle zimbabwéenne, qui s’est déroulée dans un climat de terreur, et la réélection « sur mesure » d’un président de droit divin.

Il se trouve, en effet, que des sanctions pourraient être prises contre le pays et 12 de ses dignitaires, au nombre desquels le président lui-même, avec l’obligation pour le régime d’ouvrir des pourparlers avec l’opposition. Le projet de résolution porté par la diplomatie américaine est sur la table du Conseil de sécurité, qui fait peser l’épée de Damoclès sur le régime autoritaire de Robert Mugabe.

Mais qui sait si la mission de Mumpengegwi Simbarashe Simbanemtuku à Ouagadougou n’avait pour dessein que de demander à Blaise Compaoré d’user de ses talents, déjà bien éprouvés, de négociateur pour enfin sortir le Zimbabwe et son peuple de l’ornière.

Car il faut reconnaître que l’actuelle médiation, sud-africaine, a montré ses limites, l’opposition, menée par Morgan Tsvangirai, soupçonnant fort Pretoria d’avoir pactisé avec l’adversaire de la ZANU-PF, le parti de Robert Mugabe. Qu’en est-il réellement ? L’avenir nous le dira.

H. Marie Ouédraogo

Notes : (1) Zimbabwe signifie "la maison en pierre"

L’Observateur

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