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Rood Woko : Rester ferme

Publié le jeudi 10 juillet 2008 à 08h57min

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La manifestation des commerçants désapprouvant la transformation du périmètre de Rood woko en zone piétonne loin d’être considérée comme un épiphénomène doit au contraire être prise "très au sérieux" par les autorités communales. La volonté réelle des marcheurs n’est en effet pas de faire pièce à cette décision, mais de pouvoir se maintenir aux alentours du marché central une fois que celui-ci sera rouvert.

On est mémoratif qu’après l’incendie de mai 2003, l’édile de la capitale, Simon Compaoré, avait indiqué que "l’anarchie ne règnerait plus" à Rood woko. Simon avait raison si tant est que la chienlit qui existait dans le marché avait contraint les assureurs à se dessaisir de ce dossier "brûlant".

C’est connu, une fois que le risque est évident, les assureurs désistent. A l’époque, certains avaient imputé cette "pagaille" aux autorités communales qui ont laissé les boutiques "pousser" dans les allées du marché. A raison peut-être, mais lesdites autorités étaient "déchirées" entre la nécessité de maintenir l’ordre et celle de préserver l’équilibre social. Que serait-il advenu si on avait expulsé tous les "bramogos" du marché dont on connaît par ailleurs la capacité de nuisance quand leurs intérêts sont menacés ? On a donc laissé faire dans une indifférence coupable jusqu’au jour fatidique où le marché a "cramé".

Avec les milliards investis pour réparer les dégâts, se serait un crime de laisser brûler à nouveau Rood woko. Or, avec tous ceux qui grouillent autour du périmètre, un incendie serait difficile à circonscrire. Il faut donc que les uns et les autres rejoignent les nombreux yaars et marchés de la capitale, pour permettre au poumon économique de Ouagadougou de respirer. Nous entendons déjà les clameurs des récalcitrants qui argueront que dans lesdits marchés le "gombo" est rare. Mais, les commerçants qui sont en ces lieux n’étant pas morts, l’argument ne tient pas. Déjà des dissensions se font jour entre commerçants "pro et anti Simon" dans le cadre de la gestion future de Rood woko. Des bisbilles qui augurent de la "tambouille" qui pourrait advenir si le dossier n’était pas géré avec tact et équité. En montrant les dents, les commerçants testent la capacité de réaction du camp d’en face pour le combat des chefs qui se profile.

Le commissaire Ouango qui a fait front avec courage (il est descendu sur les lieux au plus fort de la manifestation) rassure tous ceux qui ont à coeur la pérennité du joyau que sera Rood woko. Comment avoir une zone piétonne quand les rues sont devenues des boutiques à ciel ouvert où il est impossible de se frayer un chemin, même à pied ? "En cas de cas", les secours n’arriveront jamais à temps. C’est donc un acte de salut public que la police municipale a posé le 7 juillet dernier. Il reste à souhaiter que le cap soit maintenu, car, c’est par ces "petits riens" que la démocratie se fortifie.

Boubakar SY
magnansy@yahoo.fr

Sidwaya

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