Dans notre groupe 9, 4 matches joués pour 4 victoires successives (2 à Ouaga et 2 à l’extérieur) soit 12 points sur 12, constitue une grande première et une excellente opération avec la mention bien. Mais ce succès, à relativiser pour diverses raisons, me fait plaisir et un peu peur à la fois. Pourquoi ?

Suivons certaines réactions autant prématurées qu’excessives.

 Duarte "Le magicien" in "Sidwaya sports" du 24-6-2008

 Duarte " Le Guide" in "Le Pays" du 24 - 6 - 2008

 "Le jeune technicien Paulo Duarte est en train de réussir là où les autres ont échoué" pas faux, mais est-ce utile et positif de dire ça ?

 On a "le 11" dont on rêvait depuis longtemps in "Sidwaya sports" du 24 - 6 -2008

 Certaines phases de circulation de balles rappellent l’équipe du Brésil. Non, non pas encore, il faut poursuive le travail car endurance et cohésion ne sont pas encore au point au vu des 4 matchs joués, malgré les 4 victoires

 "Les Etalons ont l’étoffe des grands". Non, nous ne sommes toujours pas une grande nation de football. Ça ne s’improvise pas mais ça se construit dans la cohérence, la patience et la formation.

 "Plus jamais, aucune équipe ne viendra nous battre chez nous ; un nul sera notre défaite" dixit Georges Raymond Marshall, nouveau président de l’UNSE in "Le Pays" du 24 - 6 -2008. De la part d’un vrai fan de foot comme lui, patriote et passionné, c’est compréhensible dans la mesure où personne ne veut désormais perdre à domicile. Mais cela aurait pu être dit : Par exemple : Les stades du Burkina seront désormais un enfer pour nos adversaires, ou gagner au Burkina ne sera plus de la tarte. En effet, certains croient effectivement notre football au top depuis quelques mois et d’autres croyant au wack en foot pourraient mal accepter toute défaite humiliante chez nous.

 "Avec Duarte, c’est la renaissance du football burkinabè"

 "Nous sommes partis à une dizaine d’écoles, nous avons essayé des Français, des Brésiliens, des Belges, des Allemands, des Yougoslaves, des Ghanéens, des Burkinabè... Mais rien n’y fit, personne n’a trouvé la clef" in "L’événement" N°142 du 25- 6 - 2008. Ce n’est pas honnête vis-à-vis de tous ceux qui l’ont précédé et ont soutenu et formé les joueurs actuels. (dirigeants, entraîneurs, supporters)

C’est vrai que pour le moment seul le Nigeria avec 12 points a fait aussi bien que le Burkina, ensuite viennent le Cameroun avec 10 points, le Maroc, le Mali, le Ghana, l’Egypte avec 9 points, la Côte d’Ivoire 8 points ... et les autres, Niger, Seychelles 0 point, mais cela suffit-il pour parler déjà de renaissance de notre football dont la clef aurait été enfin trouvée par Paulo Duarte en seulement 3 à 4 mois ? Non, même si le jeune Portugais a certainement de la valeur et de la chance, en témoigne la forte probabilité de qualification des Etalons pour le 2e tour avoisinant 0,99 donc sûre et certaine à 100% soit en terminant 1er de la poule devant la Tunisie soit parmi les 8 meilleures 2e. Malheureusement, c’est le premier pays africain à organiser une coupe du monde, l’Afrique du Sud, qui pourrait être absente à la CAN Angola 2010 (probabilité 0,4). Certes, j’ai toujours critiqué la non reconnaissance et la non valorisation de nos compétences et de nos réussites dans tous les domaines au Burkina, mais cela devra se faire avec discernement. Par exemple, quelque fût l’ampleur des victoires ponctuelles actuelles nous ne devrions pas oublier déjà 1996, 1998 (meilleur palmarès des Etalons), les qualifications successives de 2000, 2002, 2004, les prouesses des cadets de 1999 à 2001, nos victoires contre le Ghana (1 à 0), la RDC (2 à 0), l’Afrique du Sud (3 à 1), aux éliminatoires de la CAN 2006 avec le comité de Diakité malgré notre élimination.

Aussi devons-nous relativiser nos victoires contre la Tunisie, le Burundi et les Seychelles, et rester concentrés, lucides et mobilisés derrière les acteurs pour la qualification à l’issue du 2e tour et surtout faire mieux que 1998 et même envisager la coupe du monde 2010 à l’instar du Togo et de l’Angola à "Allemagne 2006" .

Et c’est alors que concernant Duarte on pourrait tolérer certains qualificatifs. Mais, si c’est pour obtenir une 5e brillante qualification pour du tourisme habituel de 270 minutes sur les terrains angolais, soit trois matchs, sans la moindre victoire comme en

1996, 2000, 2002 et 2004 avant de retourner suivre le reste de la CAN avec nous au pays, ce n’est pas la peine. Tant mieux si les choses pouvaient changer et l’union sacrée retrouvée, laquelle permet de réussir de grandes choses, ce que rappela le Premier ministre en recevant les Etalons le 23 - 6 - 2008. A cet égard les deux structures de soutien (l’UNSE et le CNSE) devraient impérativement s’entendre sur l’essentiel : la victoire et, le Ministre Palm a les coudées franches pour réussir enfin ce rapprochement. Malheureusement, il descend lui-même dans l’arène, ce qui complique tout. Confer rapports entre ministère des Sports, ancienne fédération et Saboteur, homme pas facile j’en conviens. En effet, le plus dur est à venir. N’avions-¬nous pas raté pour des détails la Coupe du monde 1990 suite à une défaite inattendue de 1 à 0 contre le Togo déjà éliminé ? La gestion des Etalons footballeurs coûte trop cher et fait oublier les clubs et les autres disciplines.

Pour mémoire, de 2003 à 2005, I’Etat burkinabè a contribué à hauteur de :

 363 163 220 francs CFA pour les Etalons cadets.

 207 817 887 francs CFA pour les Etalons juniors.

 608 759 130 francs CFA pour les seniors, non comprises certaines autres dépenses (cf CAN Tunisie 2004). J’ai tenté une évaluation pour les éliminatoires en cours, à fin juin 2008, c’est déjà excessif et pour quels objectifs majeurs ?

NB : Si les Etalons avaient enregistré quatre défaites ou même deux ou trois en quatre matchs, nous les aurions critiqués, mais c’est heureusement le contraire, donc tirons-leur notre chapeau en les encourageant à poursuivre sur leur lancée jusqu’au bout, et c’est possible pour peu que...

Demba FOFANA

Le Pays