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Ligne de touche : Raymond Domenech gagne la partie

Publié le lundi 7 juillet 2008 à 11h17min

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C’est fait, le sélectionneur de l’équipe de France va rester à son poste jusqu’en 2010. C’est la décision qu’a prise la fédération française de football au terme de son conseil fédéral soldé par un vote. Sur les 19 membres, qui ont statué sur le sort de l’entraîneur, 18 lui ont renouvelé leur confiance contre une abstention. Autant dire qu’il s’agit d’un plébiscite.

Or, d’aucuns pariaient sur la tête de n’importe quel saint qu’après l’échec des Tricolores à l’Euro 2008, Domenech serait éjecté. Cette hypothèse était d’autant plus plausible que ce dernier n’est pas exempt de la débâcle austro-suisse : jeu sans saveur et sans animation offensive réelle, une sélection comprenant de joueurs en baisse de régime, des joueurs malades ou même trop âgés, incohésion entre la nouvelle et l’ancienne génération des Bleu, une communication chaotique autour de l’équipe ou du moins mano à mano avec les journalistes.

Tous les ingrédients étaient réunis pour que la décision de l’équipe fédérale aille vers l’éviction du patron des Bleu. Mais contre toute attente ou du moins l’attente de l’opinion publique, le fusible Domenech n’a pas sauté. C’est vrai que l’ancien nouveau sélectionneur devra changer tout ou presque dans sa façon de conduire l’équipe. Mais là n’est pas le problème. A voir les garde-fous qui vont désormais jalonner la route de Domenech, tout porte à croire qu’il n’était pas l’homme qu’il fallait. Mais que voulez-vous ? Si l’on peut au moins reconnaître avec Aimé Jacquet, ancien sélectionneur français et champion du monde en 1998, que pour des problèmes de stabilité, il vaut mieux ne pas changer d’entraîneur à l’orée d’une coupe du monde, la raison du maintien du fiancé d’Estelle Martel est à voir ailleurs.

Le plus important est le côté financier. Au cas où la FFF prendrait l’option de virer son employé, elle devrait lui verser une forte somme en guise d’indemnité ; une pilule si amère que l’opinion française n’est pas prête à avaler. Car, quoi qu’on dise, c’est l’argent du contribuable qui serait dilapidé dans cette affaire. Le président des 3 F, Jean-Pierre Escalettes, qui ne tient pas à subir les critiques d’une presse devenue plus astringente depuis la débâcle française à la campagne européenne, a choisi la continuité. Continuité certes, mais avec une batterie de changements et d’aménagements non seulement sur la gestion du groupe bleu, mais aussi sur les principes du personnage Domenech.

Celui-ci devra en effet se concentrer uniquement sur le terrain, être plus ouvert, changer son organisation et son style de jeu et déléguer une partie de son pouvoir au directeur technique national (Gérard Houllier) et au club France 2010. Un portrait qui sied très mal à l’ancien patron des Espoirs. Mais c’était le prix à payer pour rester au poste. Il se trouve désormais enfermé dans une sorte de chambre à gaz. S’il ne parvient pas à survivre, il n’aura qu’à péter les plombs et se retrouver sans la rue sans un seul sou. En tout cas, à 56 ans, il ne sera pas facile à RD de se muer à un antiDomenech. C’est comme demander à un entraîneur comme Saboteur de devenir un doux agneau et de se laisser tondre facilement. Pour le moment, le problème est bien contourné ; Domenech a gagné la partie, mais c’est la FFF qui contrôle totalement la situation.

Kader Traoré

L’Observateur

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