LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Vous n’empêcherez pas les oiseaux de malheur de survoler votre têtе, mаis vοus рοuvеz lеs еmрêсhеz dе niсhеr dаns vοs сhеvеux.” Proverbe chinois

Conseil des ministres : Les ministres à pied et à vélo

Publié le vendredi 4 juillet 2008 à 13h31min

PARTAGER :                          

Il a été célébré le 3 juillet dernier la Journée mondiale pour la préservation de l’environnement. Une occasion pour le gouvernement de Tertius Zongo de donner l’exemple en se rendant au palais de Koulouba à pied ou à vélo pour le Conseil des ministres. Ambiance détendue dans un palais où les voitures ministérielles étaient rares.

Ce 3 juillet 2008, nous apercevons peu avant 9h, un ministre, décontracté, à côté du mur du parking de la présidence du Faso. Le portable collé à l’oreille, la chemise bleue fourrée dans un pantalon noir, Joseph Paré, -c’est de lui qu’il s’agit-raccroche son téléphone et poursuit sa route à pied vers l’intérieur du palais. "C’est la contribution que chacun essaie d’apporter à l’expression mondiale en vue de réduire la pollution", lance-t-il, avant d’ajouter : "Il fait chaud, mais ça fait du bien." Puis après, nous apercevons un autre membre du gouvernement avancer d’un pas rigide et ferme. C’est le patron de la Défense, Yéro Boly. Lorsqu’on lui demande s’il n’est pas difficile de venir à pied, il est tout rassurant : "Je suis capable de faire une distance beaucoup plus longue que ça sans aucun problème." Le ministre en charge de l’Agriculture, qui a aussi fait le "dama dama" pour rallier le palais, reconnaît que "c’est quand même significatif". Son collègue en charge du Budget, Lucien Marie Noël Bembamba, serein, avance lui aussi à pied avant de confier : "C’est simplement un symbole, un exemple que les membres du gouvernement veulent donner."

Cyclistes d’un matin

C’est à ce moment qu’un groupe de cyclistes débouchent. On se croirait au championnat national de cyclisme ou à une étape du Tour du Faso. Non, Ce n’est pas encore le Tour . Les costumes et les cravates viennent rappeler que ce ne sont pas les Saïdou Rouamba, Wahab Sawadogo et autres Jérémie Ouédraogo. Ces cyclistes avaient pour noms Vincent Dabilgou (Habitat et Urbanisme), Soungalo Ouattara (Collectivités territoriales), Ousseni Tamboura (Education non formelle), Filippe Savadogo (Culture, Tourisme et Communication, etc.) et Salif Sawadogo "himself", le patron de l’Environnement. Filippe Sawadogo boucle un cercle fermé avec sa bicyclette VTT avant de s’arrêter pour déclarer : "Le vélo, c’est le moyen de locomotion le plus simple et le plus sain. Je faisais le tour du Burkina à ma manière à vélo. Vous pouvez m’attendre au prochain Tour du Faso, mais derrière une mobylette." Il y avait beaucoup de cyclistes dans la cour du palais puisque la sécurité des uns et des autres avait emprunté le même moyen de locomotion, avec comme bagage, le sac du patron. D’autres comme les ministres Dabilgou, Soungalo , à l’image d’un écolier en fin de cours, avec sa sacoche derrière son vélo, trimbalaient leurs effets sur porte-bagages.

Certains sont venus en voiture comme le Premier ministre qui a confié qu’il avait déjà marché avant de venir au conseil, et qu’il marcherait encore ce soir-là.

"Marcher en voiture"

Quant au patron des Sports, Jean-Pierre Palm (qu’on attendait dans un footing), il arrivera en voiture en compagnie de deux autres collègues (Commerce et Mines). Curiosité de la presse : "Le ministre des Sports n’a pas fait de sport pour arriver ici. On s’attendait à vous voir marcher." Le gendarme, comme à l’accoutumée, ne manque pas de rétorquer avec humour : "Qui vous a dit que je n’ai pas fait de sport pour arriver ici ? J’ai marché en voiture", lance-t-il dans un éclat de rire avant de se mettre beaucoup plus au sérieux :"Nous sommes venus à trois dans le même véhicule pour faire des économies."

La seule dame à venir à pied est le ministre Minata Samaté. D’un pas déterminé qui ne pouvait cacher l’ effort supplémentaire fourni, celle qui a en charge la Coopération régionale suggère : "Pourquoi ne pas venir à pied à chaque Conseil ? J’ai l’habitude de faire du sport", conclut-elle. Clément Sawadogo avoue, non sans soupir après quelques mètres à pied, qu’"on est à l’aise" et que " c’est un exercice à faire".

Quant au ministre en charge de l’Economie et des Finances, Jean-Baptiste Compaoré, s’il pense que "c’est de l’économie que de venir à pied en Conseil des ministres et que c’est tellement bien de le faire. Il suggère cependant que ce ne soit pas trop long.

Pascaline Tamini de l’Action sociale arrive à 9h05 en voiture et semble pressée quand on lui lance : "Vous seriez venue à pied que vous n’auriez pas été en retard." Tout sourire elle rétorqua : "Je ne suis pas en retard puisqu’on n’a pas encore commencé." En effet, elle n’était pas la dernière.

Le plus heureux semblait le "ministre du jour". Celui en charge de l’Environnement, Salif Sawadogo, arrive plus tard, bien en place sur la selle. Il s’en débarasse pour affirmer que c’est un exercice est un peu fatiguant. Il se réjouit que cette journée éco-citoyenne soit célébrée de cette manière par le gouvernement. Les gaz à effet de serre, dit-il, sont à l’origine des changements et des variabilités climatiques dans le monde. Les effets induits sont le rechauffement de la terre, la sécheresse et les différentes catastrophes, toute chose préjudiciable au développement de la production agricole et à celui socio-économique de notre pays. On apprendra que c’est le ministre de l’Environnement qui a doté ses collègues en vélos.

Un Conseil des ministres auquel les uns et les autres se rendent à pied, à vélo ou à trois dans le même véhicule, c’était tout simplement inhabituel. C’est du reste ce qui a suscité la curiosité du personnel du Palais de Koulouba qui, le regard hagard, laissait leur propre sourire s’exprimer au vu de la manière dont chaque ministre arrivait.

Quid du chef de l’Etat ? Viendra-t-il aussi à pied en tant que bon sportif ? Sa sécurité l’obligera-t-elle à s’engouffrer dans une voiture ? La presse a fait le pied de grue jusqu’à 11h20 mn sans jamais voir arriver Blaise Compaoré qui, apprend-on, était en audience. Plus tard, précisément à 11h33mn, un coup de fil nous apprenait que Blaise Compaoré venait de quitter son bureau, à pied, pour rallier la salle du Conseil des ministres. Loin des caméras et des micros. On était déjà parti. Mais une question : ceux qui sont venus à pied ou à vélo sont-ils repartis par les mêmes moyens ?

Alexandre Le Grand ROUAMBA


Djibrill Bassolé démissionnaire ?

Le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération régionale, Djibrill Bassolé est, on le sait, nommé depuis quelque temps par l’ONU comme médiateur au Darfour. Va-t-il démissionner de son poste de ministre ? L’intéressé à qui nous avons posé la question à l’occasion du Conseil des ministre du 3 juillet dernier répond : "Ce sont des fonctions incompatibles. Je pense que très prochainement, des dispositions seront prises dans ce sens." En clair, Djibrill Bassolé, sera déchargé de ses fonctions de ministre.

A.L.G

Le Pays

PARTAGER :                              
 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique
Burkina : Une économie en hausse en février 2024 (Rapport)