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Jean Ping : La voix de son maître

Publié le vendredi 4 juillet 2008 à 11h51min

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Morgan Tvangirai a rejeté mercredi l’idée d’un gouvernement d’union nationale, instamment recommandée par le 11e sommet de l’Union Africaine. Le chef de l’opposition à Robert Mugabe a estimé que cette solution ne « reflétait pas la volonté du peuple zimbabwéen ».

Du côté pouvoir, par contre, on la juge « bienvenue » parce qu’elle va dans le sens des déclarations du président réélu, qui a dit, lors de son investiture expresse dimanche, espérer des négociations rapides débouchant sur une ère d’unité et de coopération.

Pas de scénario « à la kenyane » donc pour le pays qui, aujourd’hui, porte le nom de l’ancienne capitale de l’empire du Monomotapa. C’est ainsi qu’à peine formulée, la grande résolution de Charm el-Cheick tombe à l’eau, au grand dam de Jean Ping, nouveau président de la commission, qui avait demandé que la Communauté internationale « laisse les Africains régler le problème ».

Alors, maintenant que, sur le terrain, le dialogue semble se poursuivre à coup de triques, on se demande ce que va faire l’Union Africaine pour parvenir à ses fins. Une déconvenue pour jean Ping, ancien ministre des Affaires étrangères du Gabon, élu en début d’année à la tête de la Commission, et pour lequel le déblocage de l’impasse zimbabwéenne constituait le baptême du feu.

Ainsi, le remplaçant d’Alpha Oumar Konaré, qui, vendredi dernier, se disait "convaincu" qu’une "solution crédible" serait trouvée à la crise politique au Zimbabwe, se retrouve, lui aussi, dans l’impasse zimbabwéenne. Lui qui, à son investiture, avait promis plus d’actes et moins de discours, se voit désormais contraint de joindre l’acte à la parole.

On se mettrait pour peu à regretter son prédécesseur, l’ancien président malien Alpha Oumar Konaré, dont le franc- parler et l’attachement à des valeurs comme le respect strict des principes démocratiques et de bonne gouvernance avaient agacé plus d’un parmi ses anciens pairs.

Il faut néanmoins se rappeler que l’actuel commissaire est un pur produit de l’Administration gabonaise. Il était, depuis 1999 et jusqu’à son élection en début d’année, ministre des Affaires étrangères d’Omar Bongo, après avoir assumé plusieurs responsabilités au sein du gouvernement.

Et c’est comme par hasard, le même doyen des chefs d’Etat, qui, avant la rencontre censée « régler le problème », en avait donné le ton, en déclarant, tout bonnement, que les chefs d’Etat réunis à Charm el-Cheidk avaient accueilli Mugabe en héros parce qu’« il a été élu, il a prêté serment, il est là avec nous ».

C’est donc de « la voix de son maître » et de tous ceux qui pensent comme lui que le président de la Commission s’est fait l’écho auprès des parties prenantes à la crise, les exhortant tout simplement au partage du pouvoir, mal reconquis.

Il faut donc souhaiter que le chef du MDC, qui campe sur ses positions d’opposant, laisse Mugabe boire, jusqu’à la lie, le calice de sa forfaiture, afin que le scénario « à la kenyane », devenu décidément rituel, ne puisse pas faire jurisprudence.

H. Marie Ouédraogo

L’Observateur

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