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Côte d’Ivoire : Le nerf de la guerre

Publié le vendredi 4 juillet 2008 à 11h47min

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Ainsi donc, le général Soumaïla Bakayoko, chef d’Etat-major des Forces armées des forces nouvelles (FAFN) aura échoué dans sa tentative de raisonner les "soldats-mutins" de Ségéla et de Vavoua, échec qui a amené certains à affirmer que le feu couvait sous la cendre du côté des Forces nouvelles. Une analyse qui n’est pas denuée de tout fondement si tant est que l’Accord politique de Ouagadougou dont tout ce monde s’accorde à dire qu’il est le bon pour sortir la Côte d’Ivoire de l’ornière, a été diversement apprécié dans le Nord du pays.

On est mémoratif que la réunion du 10 mars 2007 au cours de laquelle l’aile politique des FN devait expliquer et faire accepter l’Accord fraîchement signé aux militaires du mouvement, s’était terminée en queue de poisson. Certains "codos" reprochant à Soro d’avoir "pactisé avec le diable". "Gbagbo ne tiendra jamais ses promesses", voilà l’argument brandi par les jusqu’aux boutistes devant Soro et son "lieutenant" Sidiki Konaté, désemparés. Il a fallu la poigne d’un Issiaka Ouattara dit Wattao pour ramener les irrédentistes dans les rangs.

Le ver était pour autant dans le fruit et, si l’attentat du 19 juin 2007 qui visait Guillaume Soro dans son fief à Bouaké n’a pas été jusque-là élucidé, c’est en partie nous croyons, dû à ces divergences principielles. Et, lorsqu’interrogé récemment par un hebdomadaire sur Laurent Gbagbo, le commandement Chérif Ousmane, chef militaire de Bouaké le compare pince-sans-rire à Charles Taylor, on perçoit en filigrane que ces divergences sont toujours latentes.

En fait, de "querelle idéologique", il faut dire que l’argent joue un rôle important dans ce "schisme". Soro l’a dit, il lui faut 80 milliards pour régler le "cas" de la troupe, mais, il apparaît que cette solution financière si elle advenait, ne saurait suffire. Les "enfants" (entendez la troupe) sont en effet habitués depuis cinq ans à mener grand train avec l’argent du racket et les fonds extorqués aux populations civiles. Les cheicks points du Nord n’ont pas été baptisés "collines d’or" pour rien.

Demander à ces "gars" qui sont habitués à "palper" 100 000 F voire 200 000 F CFA quotidiennement de se contenter d’une prime de démobilisation ou d’être réinséré dans l’armée pour des prunes, s’apparente presque à leur demander de lâcher la proie pour l’ombre. Et n’allez pas leur parler de l’intérêt supérieur de la Nation, leur conscience citoyenne ne leur permettant pas d’avoir une claire perception de celui-ci. Les jeunes gens sont venus à Bouaké, Séguéla, Korhogo... pour se "chercher" et ils se sont "trouvés" au-delà de leurs espérances. Il en faudra donc plus que la théorie pour les ramener à la raison. L’équation militaire qui a fait durer tant de crises inter-étatiques sur le continent se repose en Côte d’Ivoire.

La "chance" de ce pays c’est que l’unanimité est faite autour d’un accord de sortie de crise dont le maître d’œuvre, Blaise Compaoré, jouit d’un magistère certain dans les deux camps. Dans cette phase délicate, son expertise sera plus que jamais nécessaire pour éviter que "ça ne reparte".
En attendant, l’argent est plus que jamais le nerf de la guerre en Côte d’Ivoire.

Boubakar SY
magnansy@yahoo.fr

Sidwaya

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