Pourtant, il semble qu’il était surveillé de près par l’immigration américaine compte tenu de son statut de … "terroriste". Avec ce cadeau présidentiel, le symbole de la liberté va donc pouvoir aller et venir en toute liberté aux Etats-Unis, même si la réhabilitation survient assez tard. La mention "terroriste" et les restrictions de déplacement sont retirées pour Mandela. C’est le cas également pour d’autres cadres de l’ANC, considéré par Washington comme une organisation terroriste au temps de la guerre froide. Nelson Mandela terroriste international ! L’image collait si imparfaitement à la réalité qu’elle avait fini par embarrasser l’Administration Bush.

Mandela sanguinaire : des vessies qu’aucun élève du primaire aux Etats-Unis n’aurait prises pour des lanternes. L’ancien prisonnier de Robben Island était-il donc un criminel en puissance quand bien même il était plébiscité par le peuple qui lui confiait sa destinée ? Si oui, quel criminel atypique ! Criminels simplement parce qu’il était écrit que le héros national de la lutte anti-apartheid ainsi que tous ses compagnons de lutte devaient être considérés comme tels. En réalité, que combattaient-ils d’autre sinon la politique ségrégationniste d’une minorité blanche oppressive ? S’il l’on devait s’en tenir à la même logique, les dirigeants israéliens devraient aussi figurer en bonne place sur cette liste terroriste. Comment qualifier les actes perpétrés par certains groupes juifs sionistes pendant la période du mandat britannique sur la Palestine et jusqu’à la création de l’Etat d’Israël en 1948 ? Comment qualifier les opérations menées par l’armée israélienne quand les cibles sont des habitations et que les victimes sont très souvent des enfants innocents ? E que dire du massacre de Sabra et Shatila !

On dira que la politique de démolition d’Israël résulte d’un état de guerre. Que ses actions vis-à-vis des civils relèveraient du droit à l’autodéfense. Mais que faisaient–ils d’autre, tous ces combattants de la liberté en Afrique du Sud, qui étaient mus par l’instinct de survie et la soif d’indépendance ?

Plus de 10 ans après la fin de l’apartheid, les données dont disposent les Etats-Unis sur le terrorisme, semblent n’avoir pas été encore actualisées, si l’on se réfère au cas Mandela. Même si la Corée du Nord ne sera plus considérée comme un Etat "voyou" comme viennent de le décider les USA.

En tout état de cause, le terrorisme reste un concept aux contours flous, si bien que les Etats-Unis ont beau jeu de distribuer ce label peu glorieux à la tête du client et selon ses humeurs. Comme si, pour ce pays, il s’agissait d’un jeu.

Cheick Beldh’or SIGUE

Le Pays