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Situation au CDP : Les suspendus appelés à faire leur autocritique

Publié le lundi 23 juin 2008 à 16h15min

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Cinq responsables du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP, parti au pouvoir) ont conjointement animé une conférence de presse au siège du parti à Ouagadougou dans la matinée du 22 juin 2008. La situation au sein du parti marquée notamment par la suspension de 6 militants appelant à une refondation a été au menu de la conférence de presse dominicale.

Les responsables du parti qui ont constitué le présidium de la conférence presse sont Roch Marc Christian Kaboré, le président du parti et du Bureau politique national (BPN) ; Simon Compaoré, secrétaire général ; Naboho Kanidoua, secrétaire général adjoint ; Salif Diallo, 1er vice-président chargé de l’orientation et des questions politiques et Mahama Sawadogo, secrétaire à l’information et à la communication et président du groupe parlementaire du parti. Face à l’assistance de journalistes et d’autres membres tant du BPN que du Bureau exécutif national (BEN), le président du parti, qui a mis de côté sa déclaration liminaire, a fait une fois de plus la genèse de "la situation au sein du parti qui a fait nombre de déclarations et d’écrits dans la presse". Il s’est agi d’une reprise des points majeurs de la déclaration du parti datée du 14 juin publiée dans la presse (cf. "Le Pays" n° 4140 du 17 juin 2008) qui est la réponse de ceux que l’on appelle les suspendus ou les refondateurs. Pour rappel, cette déclaration prend le contre-pied de la correspondance du groupe des six au président du CDP en date du 23 avril dernier (publiée notamment dans "Le Pays" du 25 avril 2008) dénonçant entre autres maux la méthode de gestion du parti, l’absence de débat interne. Le président du parti s’est inscrit en faux contre les accusations, les griefs du groupe des six.

A l’issue de la genèse, le présidium s’est prêté directement aux questions des journalistes. Ces derniers ont voulu savoir si ce qui se passe actuellement n’est pas la matérialisation de la crise dont on a longtemps fait cas au sein du parti. Comme réponse, Roch Marc Christian Kaboré dira que le fonctionnement du parti n’admet pas de tendances. Une fois au CDP, on ne devrait pas réfléchir en fonction de son parti d’origine ou voir le parti sous le prisme de sa personnalité a ajouté le président du parti. Tout au long de ses réponses à la plupart des questions, Roch Marc Christian Kaboré s’est montré ferme à l’égard des suspendus dont il n’a cessé de qualifier la démarche d’antistatutaire, de travail d’affaiblissement du parti. Sans nier l’existence de problèmes au sein du parti, le premier responsable désapprouve la méthode utilisée pour demander leur examen. "Publier des préoccupations du parti dans la presse avant de les avoir discutées est antistatutaire", a-t-il martelé. Toutefois, il ne ferme pas la porte aux suspendus. Celle-ci leur est ouverte à une seule condition : qu’ils fassent leur autocritique vis-à-vis du parti et des militants.

A la suite de M. Kaboré, Simon Compaoré rétorquera par rapport au manque de débat interne que le parti tient régulièrement des rencontres au cours desquelles les problèmes sont soulevés et débattus sans tabou. A moins de faire preuve d’un manque de courage, il ne comprend pas que l’on puisse faire cas d’absence de débat.

Les suspendus, appréciant les décisions prises à leur encontre ont fait état d’abus de pouvoir, d’arbitraire, de non respect de procédure. Interrogée sur la question, la direction du parti, par la voix de Naboho Kanidoua, a fait savoir que les décisions prises, qui sont en fait des mesures de sauvegarde, l’ont été de façon démocratique. Salif Diallo renchérira en disant que le groupe a été sanctionné par sa propre turpitude, qu’ils ont acheté leur sanction au marché. Il dit qu’il aurait compris les intéressés s’ils avaient parlé de laxisme vu qu’ils ont longtemps été protégés même par le président du parti qu’ils paient aujourd’hui en monnaie de singe.

Le remous au sein du parti ne trouve-t-il pas son origine dans la création de la FEDAP/BC (Fédération associative pour le progrès avec Blaise Compaoré) dont il se susurre qu’elle pourrait remplacer un jour le CDP ? Pour Roch Marc Christian Kaboré, il faut cesser d’opposer cette organisation de masse et le parti. Ce sont des entités complémentaires qui soutiennent un seul homme : le chef de l’Etat. En dehors de cela, chacune à ses missions spécifiques.

Par rapport à la refondation au niveau national dans l’air du temps, le président du parti au pouvoir a estimé qu’elle a mal commencé en prônant une remise à plat des institutions démocratiques existantes. En fin de compte, il a estimé que c’est une nébuleuse dans laquelle personne ne se retrouve.

Par Séni DABO

Le Pays

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