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Agriculture : Ce combat si difficile

Publié le vendredi 20 juin 2008 à 13h28min

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Tertius Zongo l’a dit lors de sa conférence-bilan d’un an à la tête de l’exécutif : des pans entiers de l’économie burkinabè dépendent de la filière coton dont la bonne santé conditionne la leur. Et Zongo d’imager ses propos en indiquant que lorsque le cotonculteur vend son or blanc et a du "cash", il va s’acheter un moto (SIFA ou chinoise), boire une bière (Sodibo), acheter des pagnes pour sa femme et éventuellement, s’équiper en matériel électroménager (CFAO Technologies).

De façon caricaturale, se trouve ainsi définie la structure de l’économie burkinabè qui découle de ce que les colonisateurs ont appelé "la mise en valeur" de la colonie de Haute-Volta créée en 1919. Une mise en valeur qui fait du pays des Hommes intègres un producteur de cultures de rente afin d’acquérir des devises pour "nourrir" l’économie de la métropole à travers le circuit sus-indiqué. Et pour bien "enferrer" les colonisés, l’école "civilisatrice" a créé des nègres aux masques blancs prompts à imiter le maître jusqu’à la caricature et, conséquemment, coupés de leurs réalités socioculturelles, lesquelles sont floklorisées pour les besoins de la cause (?) politique. Si couper ce lien ombilical peut s’apparenter à des travaux d’Hercule, la lutte pour la souveraineté alimentaire, elle, peut être gagnée de même que celle de l’assainissement des mœurs publiques.

Bagré, le Sourou, Samendeni autant de sites qui entretiennent l’espoir et que le nouveau ministre en charge de l’Agriculture a entrepris de visiter pour envisager l’augmentation de leur exploitation. Au regard de ce que nous venons de dire plus haut. Cependant, cette lutte, pour avoir plus de chances de succès doit être commune à tous les pays de l’Ouest africain. Le pacte colonial liant toutes les ex-colonies, l’une d’entre elles ne peut s’en sortir sans destructurer profondément cette économie "coloniale" avec les risques d’explosion sociale que cela entraînerait. Le petit bourgeois des villes, acceptera peut-être de manger le riz du Sourou, mais fera difficilement son deuil de certaines commodités que lui confère son statut d’élite (?).

Cette bière fraîche que l’on boit sur le coup de 10 heures, accompagnée de brochettes succulentes, tout en salivant sur l’apéritif puis, le Whisky du soir, sont des liens solides que des thèses libres peuvent difficilement couper. Il faut donc au niveau de l’Ouest africain et du continent, beaucoup plus de solidarité, puis une spécialisation pour espérer subvenir non seulement à nos besoins primaires, mais aussi amorcer notre décollage industriel. Il n’y a pas de honte pour un Burkinabè à manger du riz produit par l’Office du Niger, pas plus qu’un Ivoirien ne devrait s’offusquer de porter de la cotonnade malienne.

Des politiques économiques cohérentes et intégrées autour d’une monnaie moins dépendante du tuteur européen, voilà la panacée qui exige plus que du volontarisme, une nouvelle économie politique. Faute pour nos dirigeants d’engager hic et nunc cette réflexion que nous continuerons à parer au plus pressé jusqu’au jour où cette option néo-libérale aura atteint ses limites. Ce qui se passerait alors ne sera en rien comparable aux crises intra-étatiques qui ont déchiré bien des pays de la sous-région et qui ne sont rien d’autre que la résultante des contradictions économiques.

Boubakar SY
mangansy@yahoo.fr

Sidwaya

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