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Mise en examen de l’ex-PM nigérien : Signe évident de vitalité démocratique

Publié le mardi 17 juin 2008 à 10h44min

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Depuis hier lundi, le Parlement nigérien, sur convocation du président de la République, Mamadou Tandja, doit, en session extraordinaire, se prononcer dans un délai de 15 jours sur l’examen de la mise en accusation d’Hama Amadou.

Cet ancien Premier ministre (PM) du même Tandja est soupçonné de malversation dans la gestion d’une enveloppe de 100 millions FCFA destinés à la presse privée, selon un communiqué officiel.

Ainsi, conformément à la Constitution nigérienne, si les 2/3 de l’Assemblée nationale votent sa mise en accusation, l’ex-PM, qui préside toujours aux destinées du parti au pouvoir, le Mouvement national pour la société de développement (MNSD), sera poursuivi devant la Haute cour de justice, instance habilitée à juger les hauts responsables coupables de délits dans l’exercice de leurs fonctions.

Et si d’aventure, cette juridiction le déclarait coupable, celui qui a toujours été considéré comme le dauphin de Tandja deviendrait inéligible à l’élection présidentielle en 2009, à laquelle le président actuel ne peut plus se représenter. A moins de tordre le cou à la Constitution, comme, du reste, certains de ses pairs l’ont déjà fait.

Ce qui serait scandaleux aux yeux de l’opinion nationale nigérienne et de la communauté internationale, surtout que l’homme fort du Niger a déjà une étiquette sombre de prédateur de la presse, qui lui colle parfaitement à la peau.

Commettre un tel acte antidémocratique accréditerait la thèse de Hama, comme on le surnomme au pays d’Amani Diori, qui a accusé samedi dernier indirectement le président de la République d’être derrière une « machination » visant à l’écarter de la future course présidentielle. Et c’est le lieu de s’interroger sur le rôle réel du président, Mamadou Tandja, dans tout ça !

Avec cette nouvelle donne, Hama s’est vite justifié en arguant que l’argent a été utilisé à la demande de son supérieur hiérarchique en vue de faire du lobbying médiatique et que toutes les pièces justificatives relatives aux dépenses sont disponibles. Il est vrai que sous nos cieux, nombreux sont les dirigeants à l’image ternie, qui, n’hésitent pas à engloutir des sommes astronomiques dans ce genre de d’opération pour redorer leur blason, les palais présidentiels étant devenus de véritables vaches à lait pour des médias panafricains, lesquels facturent leurs services par centaines de millions.

Quoi qu’il en soit, ce qui arrive au Niger, pays pauvre très endetté à l’image du Burkina Faso, relève de l’inédit et confirme tout le bien qu’on peut penser de la démocratie, où l’existence de poids lourds véritables qui sont autant d’hommes d’Etat rend le jeu plutôt équilibré, chaque institution jouant du mieux qu’elle peut sa partition.

Celui qui est resté chef du gouvernement durant 7 ou 8 ans avait été débarqué en mai 2007 par une motion de censure votée contre son équipe il y a un an déjà, par une Assemblée nationale qui est loin d’être cette caisse de résonance de l’Exécutif comme on en voit ailleurs. Rien d’étonnant donc qu’aujourd’hui, tel un animal qu’il faut absolument abattre, il soit traîné dans la boue judiciaire.

Le fait qu’un grand dignitaire et pas des moindres soit appelé à répondre devant les tribunaux est donc un signe évident de vitalité démocratique dans un pays assailli par de nombreux problèmes dont la rébellion. C’est un événement de taille, qu’il ait péché ou pas, puisqu’on lui donne l’occasion de se blanchir.

Et c’est à l’honneur du pays que tous les citoyens soient égaux devant la loi. Ailleurs, comme au Pays des hommes intègres par exemple, si on ne peut pas épingler un simple Directeur général, ce n’est pas la tête d’un ministre a fortiori celle d’un ancien chef de gouvernement qu’on pourrait aisément brandir comme trophée de chasse.

Cyr Payim Ouédraogo

L’Observateur

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