L’histoire se passe à la 56e mn. Madi Panandetiguiri profite d’un bref temps mort pour convoquer les Etalons au rond-point central pour « un conseil de guerre » ultra-rapide. Il y a feu en la demeure ! Une tête de Philippe Zialor (51e ) à la grande surprise de la poignée de spectateurs acquis aux « Pirates » donnait un 2 à 1 au marqueur pour les locaux. Incroyable ! Le reporter sportif du journal d’Etat, « Nation », un des trois reporters sportifs venus couvrir le match ne nous a-t-il pas glissé avec respect avant le coup d’envoi que « l’équation du match était de savoir combien le plus fort du groupe filera à l’équipe des Seychelles » ? Les "Pirates", une modeste formation sont constitués exclusivement de joueurs locaux. Naturellement, le stade a eu du mal à croire que son équipe, dernière du groupe, menait au score les Etalons et leur armada de professionnels. En arrivant aux Seychelles, les fils du pays, déçus pour une raison ou une autre, ont décidé de livrer les secrets de leur équipe fanion. Ainsi, on a su qu’il fallait se méfier de 3 joueurs-clés des Pirates : le porteur du dossard 13, Zialor, le 17, Michel Joubert et le porteur du 5, Jonathan Bibi. Finalement, le coach néerlandais de l’équipe, Jan Mark n’a titularisé que le premier seulement. Lui seul a été un vrai poison pour notre défense.

Il avait frappé fort dans un premier temps (47e mn), en coupant un long centre de la tête pour l’égalisation. En plus, les Pirates, on nous l’avait dit aussi, ont l’habitude d’afficher une autre face en deuxième partie. Les Etalons le savaient. L’entraîneur, Paulo Duarte qui a visionné le match Seychelles/Tunisie pendant le vol s’est aperçu que les deux buts de la Tunisie ont été marqués à la 1re mi-temps et qu’à la 2e, la physionomie du match était tout autre. Dans son discours, il n’a cessé d’avertir ses joueurs de faire attention au « match piège » à ces « kamikazes » seychellois qui n’ont plus rien à perdre. Les Etalons ont failli tomber dans le piège. Ils ont fait une première mi-temps propre. Enfin, dans les 30 premières minutes. 2 mn de jeu ont suffi à Dagano pour placer une bonne tête qui ne passe pas loin. Puis, Aziz Nikiéma dans un numéro de slalom sur le flanc gauche laissant sur son passage un tas d’adversaires, avant de centrer pour une reprise peu heureuse de Dagano. Il repasse à la 21e pour rien. Les Seychellois finissent par réagir par l’entremise de Zialor qui perfore le côté droit tenu par Soumaïla Tassembédo qui a oublié ses repaires défensifs dans son quartier de Kamsaonghin avant d’aller aux Seychelles. Son centre passe tout au long de la ligne de but du Burkina sans que personne ne touche au ballon. Pour la majorité des fois où les Seychellois ont visité le camp du Burkina, ils sont passés par le côté droit. Mais c’est bien Tassembédo qui donne la balle de but à Dagano (26e mn) pour l’ouverture du score. Après, de bonnes occasions d’aggraver le score se sont présentées à lui. Mais à la mi-temps, il y avait cette fragile avance de 1 à 0.

Et puis interviendront les deux buts des Seychelles. Pour les Etalons, c’en était de trop. « A ce moment, il fallait qu’on se dise les vérités, qu’on sonne la révolte. On s’est retrouvés on l’a fait », a révélé Madi Panandetiguiri. Une fois le jeu repris (57e mn), Dagano trouve le chemin des buts. Tout l’esprit de conquérant qui souffle chez les Etalons version Duarte se révèle après ce deuxième but. Le buteur ne s’est même pas donné la peine de fêter son doublé. Il se saisit du ballon au fond du filet et suivi de ses camarades, va le déposer au centre pour l’engagement. Il n’y a pas de doute, les Etalons avaient faim de la victoire. Et l’homme providentiel, Dagano, d’une tête rageure, réussit le triplé à la 78 mn ! Ce scénario, le coach l’avait prévu.

La titularisation de Aziz Nikiéma en lieu et place de Pitroïpa Jonathan passait pour une fantaisie dangereuse. Le dernier match de Aziz à Ouaga n’était pas brillant. Et dire qu’il a remplacé Pitroïpa ! En plus, Issouf Koné patientait également sur le banc de touche. Mais Duarte a vu juste. Aziz a été hauteur d’une prestation bien meilleure. Mais la rentrée en deuxième mi-temps d’un Pitroïpa frais et d’un Koné remuant ont perturbé le second souffle des Pirates. Pitroïpa a servi des ballons précieux à Dagano et à Koné. Le dernier était à un poil (81e mn) d’alourdir le score. Le coup de génie de Duarte, combiné à une détermination des Etalons motivés, a permis au Burkina de rentrer avec les trois points dans ses valises. Trois matchs trois victoires, qui dit mieux ?

Jérémie NION
Envoyé spécial aux Seychelles

Sidwaya