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Modification du code électoral : Saltimbanques politiques, s’abstenir

Publié le vendredi 13 juin 2008 à 09h54min

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Dans un an et demi, les Burkinabè retourneront aux urnes pour élire le président du Faso. Sans qu’on en parle pour le moment, à moins que ce ne soit dans certains cercles restreints, les états-major politiques fourbissent lentement leurs armes. Pour toujours les crédibiliser et les rendre encore plus acceptables, le Parlement burkinabè a peaufiné il y a quelques semaines un avant-projet de loi portant modification du code électoral. En décidant de faire toiletter la loi qui régit les différents scrutins au Burkina, l’Assemblée nationale satisfait là à une récurrente exigence matricielle de l’opposition.

La nouvelle mouture comporte, entre autres aspects majeurs :
l’institution, pour les prochains scrutins, d’une carte d’électeur avec photo d’identité et empreinte digitale numérisée. Ce point, qui avait fait des vagues lors des dernières législatives était, revenu au tapis avec les législatives... togolaises, de nombreux Burkinabè ayant estimé qu’il était incompréhensible que Blaise Compaoré, métronome de l’accord de paix dans ce pays, qui avait pu faire adopter ce document lors du vote d’octobre 2007, ne le fasse pas au Faso.

Car chacun sait qu’une élection peut être gagné ou perdu pour peu qu’on ait un fichier transparent ou opaque. N’a-t-on pas parlé de « vol informatique » au Sénégal ?

l’interdiction de la distribution et de l’utilisation des gadgets pendant les campagnes électorales. La pauvreté, criarde, fait que dans nos démocraties, tropicalisées, ce genre de cadeaux, qui essaiment lors des campagnes transforment les citoyens surtout ceux du pays profond en bétail électoral d’autant que cette masse des villages est généralement légitimiste.

Qui n’a pas déjà aperçu lors d’un meeting certains militants arborant des tee-shirt avec des emblèmes de différents partis ?
La soumission de la candidature à la présidence au parrainage de 200 élus répartis entre les 13 régions du Faso. Un point aussi essentiel, à partir du moment où quiconque lorgne le fauteuil de chef d’Etat devrait se targuer d’avoir une envergure nationale.

Enfin la question qui fera l’objet, sans doute, d’âpres discussions est celle relative à la hausse de la caution pour la présidentielle, qui passe de 5 à 10 millions. Ayons le courage de le dire, cette clause va faire que des plaisantins gravitent pendant la campagne autour de l’orbite Présidence. Mais également elle va conduire les partis à des regroupements efficients, qui ont fait leur preuve aux législatives de mai 2007.

En effet, le bon sens, même sil n’est pas la chose la mieux partagée en politique, voudrait qu’un candidat à la présidence dispose d’au moins 10 briques. C’est vrai que pour le locataire du bord de mer, les salaires burkinabè s’apparentent à des perdiems, mais, si à l’échelle individuelle ou même du parti, on ne peut pas apporter cet écot, il est inutile de vouloir prétendre gérer le budget d’un pays ; on viendrait plutôt se servir.

On entend déjà certains dire que c’est inique, car quand Blaise prenait en 1987 le pouvoir il ne pouvait pas payer une telle somme, ce qui reste à prouver, car il était tout de même ministre d’Etat chargé de la justice de Tom Sank. Enfin le contexte est différent.

Ce toilettage, s’il advenait, permettrait de faire le tri afin d’éviter que des saltimbanques de la politique viennent amuser la galerie et s’en aller après, laissant souvent des citoyens macérer dans leur amertume.

Zowenmanogo Dieudonné Zoungrana

L’Observateur

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