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Conférence de presse du PM : La prochaine fois, laissez-nous Tertius

Publié le jeudi 12 juin 2008 à 10h33min

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Avec la verve qu’on lui connaît, le Premier ministre, Tertius Zongo, s’est prêté aux questions des journalistes, le 10 juin 2008 dans la salle de conférences du ministère des Affaires étrangères et de la Coopération régionale.

Ce rendez-vous marquant le baptême du feu du Club de la presse, ardemment désiré par le ministre de la Communication, Filippe Sawadogo, entrait également dans le cadre du premier anniversaire du gouvernement Tertius. A priori, une stratégie fort louable pour ce dernier, qui veut faire dans la transparence au niveau de l’action gouvernementale. Et il s’est défendu comme il pouvait, avec ce franc-parler caractéristique teinté de sophisme avec un soupçon de malcause. Du Tertius en somme.

Mais si la prestation d’ensemble du conférencier n’a laissé personne indifférent, le côté organisationnel de la rencontre, par contre, a péché en bien des endroits. Les Africains aiment copier, mais ils copient souvent mal. Dans les pays qui constituent pour nous des laboratoires en matière de démocratie, quand une autorité convoque la presse, elle a en face d’elle des journalistes et rien d’autre.

Ce qui n’était pas le cas de cette ambiance capharnaüm du mardi matin, qui ressemblait à un séminaire gouvernemental. Les organisateurs ont fait le remake des fâcheuses habitudes de nos politiciens, qui pendant leur conférence de presse, mettent leurs militants devant et les journalistes derrière.

La présence des membres du gouvernement est peut-être bien compréhensible. Leur patron n’ayant pas la science infuse ou une mémoire éléphantesque, il avait parfois besoin d’un petit coup de pouce pour répondre à certaines colles. Et justement, suite à certaines questions, des bouts de papier rapidement griffonnés ont été discrètement déposés devant le premier ministre, ce qui est fort compréhensible.

Il n’empêche, ce jour-là, le chef du gouvernement avait bien des souffleurs de trop à ses côtés. S’étaient en effet bousculés au portillon, le ban et l’arrière-banc des services du Premier ministère. Sans compter les autres invités VIP, qui n’ont pas monnayé leur présence et dont la principale mission semblait seulement d’être là.

Si fait que nombre de pisse-copies, qui devraient en principe être aux premières loges à ce genre de manifestation, étaient obligés de raser les murs pour finir par se faire un petit coin dans la pénombre au fond de la salle, pendant que d’obscurs officiels étaient sous les feux des projecteurs. Ce n’est pas le correspondant de RFI au Burkina qui nous dira le contraire. Las de lever la main afin de s’exprimer, il s’est finalement vu dans l’obligation de faire le deuil de ses ambitions.

A ces présences inopportunes s’est ajouté le joyeux bordel qui s’est tout de suite installé après la déclaration liminaire du PM, car si les questions étaient censées être thématiques, il n’y a pas tout de suite quelqu’un pour dire quels seraient les thèmes et dans quel sens ils seraient abordés. Encore qu’il y ait beaucoup de sujets transversaux, comme la vie chère, qui concentre des préoccupations à la fois politique, économique, social et même culturel, puisque ce sont nos modes de vie qui sont en question.

Reconnaissons néanmoins les efforts du Directeur de la communication du PM, Sylvestre Xavier Somé, pour, tant bien que mal, canaliser les débats, quitte à être abrupte avec les confrères. Et surtout pour éviter les débordements. En effet, ce genre de rencontre est l’occasion rêvée pour certains de faire leur petit show. Suivez notre regard. Mais de grâce ! La prochaine fois, laissez-nous Tertius. En étant sobres dans l’organisation et sur le nombre d’invités à la table du roi, pardon, du Premier ministre.

Issa K. Barry

L’Observateur

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