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Vie chère : Les députés proposent un ticket alimentation

Publié le mercredi 11 juin 2008 à 11h47min

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Créée le 1er avril 2008 pour réfléchir sur le problème de la vie chère, la commission parlementaire ad hoc que dirige le député Benoît Ouattara, à l’issue de ses travaux qui ont duré un mois, a remis son rapport au président de l’Assemblée nationale, le 26 mai dernier. Afin de permettre à l’opinion d’avoir une large connaissance de leur rapport qui a été finalement soumis aux autres députés en vue d’enrichir les recommandations y figurant, les membres de la commission ont tenu une conférence de presse le 10 juin 2008 au siège de l’Assemblée nationale à Ouagadougou.

Benoît Ouattara est le président de la commission ad hoc sur la vie chère créée le 1er avril 2008 au sein de l’Assemblée nationale et qui, après un mois de réflexion, a fait des propositions tendant à contenir cette dure réalité qui traumatise la population burkinabè. Au cours de la conférence de presse du 10 juin dernier, Benoît Ouattara a soutenu que le phénomène de la vie chère était déjà perceptible depuis trois ans. La hausse des prix des hydrocarbures a été remarquée bien auparavant, a-t-il dit. Mais qu’a donc fait le ministre Benoît Ouattara pour pallier cette situation alors même qu’il était à la tête du département du Commerce ? Réponse : on ne pouvait pas s’attendre à ce que la situation soit aussi criarde qu’elle se présente aujourd’hui.

Selon le député, plusieurs facteurs, imprévisibles, ont aussi contribué à l’avènement de la vie chère. Il s’agit notamment, comme l’explique aussi le rapport de la commission ad hoc, de la mauvaise saison agricole dans les principaux pays producteurs et exportateurs de riz (sans oublier les inondations qui ont perturbé la saison agricole au Burkina Faso), le renchérissement de la production des principaux produits alimentaires du fait de la montée du prix du pétrole, le recours de plus en croissant aux biocarburants entraînant une réduction drastique des surfaces de culture réservées à la consommation humaine. Par ailleurs, toujours selon le rapport, "un des faits qui donne un caractère inédit à la présente situation mondiale est la combinaison, en 2007, de la forte hausse des prix du pétrole à la crise des marchés financiers ce qui a entraîné un dérèglement du commerce international".

En somme, même si l’ancien ministre du Commerce en a aperçu les signes, il n’y avait pas grand-chose qui annonçait véritablement la situation de vie chère avec l’ampleur qui lui est connue présentement, selon l’intéressé lui-même. D’ailleurs, dira-t-il, même si on a coutume de dire que "savoir prévoir, c’est savoir résoudre, il faut néanmoins avoir les moyens".

La commission ad hoc sur la vie chère mise en place en avril 2008 au sein de l’Assemblée nationale, a formulé des recommandations visant, "à court terme, à contenir l’inflation et à garantir un approvisionnement régulier du marché en principaux produits de base et à long et moyen terme, à mettre fin à la dépendance de notre pays, à travers des politiques agricoles qui fixent entre autres l’autosuffisance alimentaire au rang de priorité". Assurer un approvisionnement régulier du marché et diversifier les circuits d’approvisionnement du pays, réhabiliter l’agriculture vivrière, relancer vigoureusement la riziculture sont, entre autres, les propositions faites par la commission. Celle-ci a aussi suggéré une "revalorisation du pouvoir d’achat des populations et des travailleurs, en ce sens que beaucoup de ménages fonctionnent actuellement à la limite de leur capacité", ainsi que la concertation et le dialogue social, en y impliquant tous les acteurs, a-t-elle souligné.

De la revalorisation du pouvoir d’achat

Concernant la recommandation sur la revalorisation du pouvoir d’achat, la commission laisse le choix au gouvernement d’adopter, parmi plusieurs possibilités, celle qu’il faut véritablement. Car, hormis l’augmentation des salaires des travailleurs, certaines mesures sont aussi envisageables, notamment la modulation de la fiscalité sur les salaires, ainsi que l’instauration du ticket alimentation qui, selon les membres de la commission, est un produit très innovant lancé déjà dans plusieurs pays. Selon leurs explications, le ticket alimentation est une sorte de bon d’approvisionnement destiné aux travailleurs. Non seulement le travailleur y gagne, mais aussi l’employeur, l’Etat, tout autant que le commerçant et la société qui émet ledit ticket, ont-ils indiqué.

Toujours à propos de la revalorisation du pouvoir d’achat, la commission soutient que "l’attention devrait être portée en particulier sur les catégories sociales vulnérables qui vont le plus souffrir de l’inflation , et sur les secteurs d’activités fragilisés et menacés tels l’agriculture et l’élevage". Enfin, elle a souhaité le développement du transport collectif urbain. Selon le député Benoît Ouattara, le rapport produit par la commission ad hoc sur la vie chère a été également soumis aux autres membres du Parlement, en vue de l’enrichir. Après quoi, il sera certainement transmis par le président de l’Assemblée nationale au gouvernement.

Par Lassina Fabrice SANOU

Le Pays

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