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Tertius Zongo : "Ce n’est pas moi qui fixe le cours du riz"

Publié le mercredi 11 juin 2008 à 11h58min

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10 juin 2007-10 juin 2008, cela fait 365 jours que le Premier ministre, Tertius Zongo, dirige le gouvernement burkinabè. Le locataire de la rue Agostino-Neto a voulu marquer ce premier anniversaire par un bilan, fait à la presse hier dans la salle de conférences du ministère des Affaires étrangères.

En ce référant en préambule aux deux victoires des Etalons, le Premier ministre dira que la victoire de son équipe est au bout de la persévérance. "Le temps nous impose sa marque". Que retenir de ce qui a été fait ? Tertius Zongo a égrené quelques fondamentaux qui incitent à l’optimisme :

il table d’abord sur une croissance de 5% en 2008 contre 4% en 2007 et une inflation de 6,8%. Les différents ratios sont en conformité avec ceux de l’espace UEMOA ;

la maîtrise de l’eau sera une priorité, ainsi que la mécanisation agricole, qui devrait donner cette campagne, 2008-2009, 4 millions de tonnes de céréales, avec 260 mille tonnes de riz. Le coton sera également un centre d’intérêt pour le gouvernement. Ainsi, 16 milliards de F CFA seront mobilisés pour les agriculteurs ;

le secteur minier avec les mines de Taparka, de Younga et bientôt de Manan est une réalité ;

idem pour le barrage de Samandéni, dont les travaux ont été lancés en janvier 2008 par le chef de l’Etat ;

l’interconnexion électrique Bobo-Ouaga à partir de la Côte d’Ivoire sera également une réalité ;

l’environnement des affaires a été assaini avec les réformes fiscales, les activités du CEFORE ...

la lutte contre la corruption a donné quelques résultats avec les profondes réformes du système de passation des marchés et l’installation de la Haute Autorité de contrôle de l’Etat, une autorité qui aura compétence pour ester en justice.

Le chef du gouvernement citera également d’autres acquis tels l’ouverture de 12 guichets uniques dans les chefs-lieux de province, et la formation de 5 000 jeunes, l’amélioration de la politique de l’habitat.

En matière sanitaire, le matériel et surtout le CHU de Tengandogo, fruit de la coopération avec Taïwan, sont ou seront des réalités. Le prix des ARV a chuté de 5 000 à 1 500 F CFA. Dans le domaine de l’éducation, il y a la gratuité des manuels scolaires et la suppression des frais de scolarité dans les écoles publiques.

Le taux d’augmentation en 6e est de nos jours de 68%. Dans le volet défense, la réhabilitation des casernes, la santé des militaires et la féminisation de la grande muette sont des actes qui ont été posés.

En matière de politique, le Burkina Faso est cité comme exemple dans la sous-région, en matière de démocratie et d’Etat de droit. D’où vient alors que les réponses apportées contre la vie chère ne soient pas à la hauteur des attentes des Burkinabè ?

Réplique du Premier ministre : "Nous avons apporté des réponses à ce problème, ce sont les seules réponses possibles que nous avons apportées. La tonne de riz faisait, en décembre 2007, 350 dollars, elle est à 800 dollars en fin avril 2008. Que voulez-vous qu’on fasse ? Je reconnais qu’il y a eu peut-être des problèmes au niveau de la communication".

Quelle réponse donne-t-il à ceux qui affirment que c’est Tertius Zongo et COTECNA qui ont envoyé la vie chère au Burkina Faso ? Avec son franc-parler, l’enfant de Doudou dira : "Est-ce que Tertius Zongo vend du riz ? C’est la conjoncture mondiale qui en est la cause, ce n’est pas moi qui fixe le cours du riz.

La production de riz pour 2008 est estimée à 646 millions de tonnes, soit 0,5% de plus qu’en 2007. Dans tout cela, seules 30 millions de tonnes seront exportables. Regardons devant nous, la solution s’y trouve".

Au sujet de COTECNA, le Premier ministre a assené également des chiffres pour montrer que le recentrage gouvernemental est de bon aloi : en assiettes fiscales, les 6 premiers mois de 2006 ont permis à la douane d’engranger 55 milliards de F CFA et les 4 premiers mois de 2007, 56,7 milliards, soit une augmentation de 1,6 milliard.

De janvier à avril 2008, la douane a fait entrer 66,9 milliards dans l’escarcelle étatique, preuve qu’Ousmane Guiro, Directeur général de la douane, et ses ouailles ont bien travaillé. A propos du Directeur général des douanes, justement une ténébreuse affaire d’exonération avait provoqué son interpellation quelque temps.

Invité à donner plus de lumière sur ce sujet, le Premier ministre affirmera en substance que le gouvernement ne peut pas parler, car la justice a agi. "Nous faisons confiances à la justice. Mais ce n’est pas parce qu’on fait confiance à la justice qu’il ne peut pas y avoir des dysfonctionnements". Il ajoutera qu’il n’est pas partisan de la justice-spectacle.

Car il s’agit de la dignité des gens. "Il ne faut pas jeter les gens en pâture". D’ailleurs, fera-t-il remarquer, la presse, qui était acerbe sur le sujet au début, en a saisi certains aspects et en parle moins.

Pour Tertius Zongo, donc : "les gens perdent leur temps car le gouvernement va continuer à agir". D’ailleurs à propos toujours de la société COTECNA, le Premier ministre révèle avoir eu possession d’éléments prouvant qu’il s’y trouve "des brebis galeuses, elles n’ont qu’à faire attention, d’ailleurs, j’ai convoqué le patron de COTECNA pour cela, nous les payons sur les impôts des Burkinabè, ils n ’ont pas à faire des tripatouillages".

Ne fait-on pas trop pour le coton au détriment des cultures vivrières ? Que neni, a répondu le conférencier de la matinée d’hier, mais il se trouve que non seulement la SOFITEX génère beaucoup d’emplois directs et indirects, mais aussi la preuve a été administrée que les plus grands cotonculteurs sont aussi les plus grands cultivateurs de céréales.

Du reste, l’Etat compte subventionner les semences améliorées pour la présente campagne (1 000 F CFA pour 50 kg), les engrais, les pesticides et l’appui-conseil seront aussi renforcés. A terme, il s’agira de doubler la production de riz, qui doit couvrir 60% de nos besoins.

Un journaliste est revenu encore sur le pourquoi du départ de Salif Diallo, ci-devant ministre de l’Agriculture, de l’Hydraulique et des Ressources halieutiques. Voici la réponse du chef du gouvernement : "Est-ce que c’est vous qui formez le gouvernement ?

Ce n’est pas le premier remaniement, ce ne sera pas le dernier. Et Salif Diallo, l’avez-vous entendu parler ? Il a un engagement politique, c’est un fonceur, mais au Burkina Faso, on a l’habitude de déstabiliser les gens... Ce qu’il faisait quand il était ministre, on va dire non, maintenant il ne peut plus le faire et c’est tutti quanti".

Enfin sur les sanctions concernant les indélicatesses en général, le Premier ministre citera l’exemple des bons d’essence qu’on donne pour exécuter des travaux étatiques et qui sont utilisés pour calmer des tensions sociales, ce qui est une grave faute.

On l’aura donc remarqué, au cours de ce point de presse anniversaire, retransmis en direct par la TNB, la Chaîne au cœur des grands événements, la position du 5e Premier ministre de Blaise Compaoré n’a pas varié d’un iota : il reste optimiste, et est un adepte de la méritocratie ou plutôt du travail bien fait. En un an, son équipe a-t-elle bien travaillé ?

Citant le professeur Augustin Loada du CGD, il dira : "En politique, quand on parle, on agit".

On peut tout reprocher à Tertius sauf de ne pas avoir été prolixe. Or la communication, c’est la guerre permanente des veilles stratégiques.

Zowenmanogo Dieudonné Zoungrana

Issa K. Barry

L’Observateur

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