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Cinéma africain : Il est temps pour l’adaptation

Publié le mardi 10 juin 2008 à 15h17min

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Depuis Paulin S. Vieyra avec son film "Afrique sur Seine" en 1956, "L’Afrique du cinéma" a fait un bond relativement grand. La floraison des différents genres a permis à cette école du soir qu’est le cinéma, de faire mouche, par endroits. Mais n’est-il pas temps de dynamiser l’option de l’adaptation de certaines œuvres romanesques (ou autres) majeures afin de mieux revisiter les survivances et les résurgences d’un continent qui cherche toujours ses marques ?

L’adaptation cinématographique est un genre difficile et délicat que plusieurs cinéastes n’aiment pas "embrasser". Quelques cinéastes ont quand même tenté l’aventure, à commencer par Sembène Ousmane qui a adapté sa propre œuvre "Le mandat" en 1968 qui est un classique de nos jours. Plus près de nous, le cinéaste burkinabè, Dani Kouyaté a adapté brillamment l’œuvre majeure du romancier malien "La légende de Wagada". Cette adaptation "Sia, le rêve du python" a drainé du monde à l’époque et a permis de cerner ce qui a été un pan de la civilisation africaine. Il existe des œuvres majeures de romanciers africains à adapter au cinéma. Des œuvres qui ont dépeint l’évolution de l’Afrique à un moment de sa tumultueuse histoire.

L’adaptation d’une œuvre telle "Le soleil des indépendances" du regretté Ahmadou Kourouma, replongera le cinéphile dans la lutte pour les indépendances avec ses conséquences sociopolitiques. Ce genre de films seront une véritable école du soir pour une jeunesse africaine qui constitue la moitié de la population du continent.
Il est vrai que l’adaptation cinématographique rencontre d’énormes difficultés (humeur de l’auteur du roman qui a un droit de regard sur le scénario...), mais à travers l’adaptation, nous avons largement de quoi faire voir à nos populations.

L’adaptation a le grand avantage de revisiter notre histoire méconnue par la plupart d’entre nous. Pour exemple, beaucoup d’Africains ont connu l’histoire tragique du camp de Thiaroye où des tirailleurs sénégalais ont été massacrés à travers le film "Camp de Thiaroye" de Sembène Ousmane. Ce film fabuleux a été adapté du récit fait à Sembène par deux survivants (un Malien et un Burkinabè) rescapés de cette tragédie. Des mémoires d’hommes célèbres aux faits vécus, l’histoire restituée par le film permettra de camper certains faits et des hommes ayant marqué l’histoire.

Tous les autres continents ont grandement contribué à restituer l’histoire à travers l’adaptation cinématographique. Les Européens, les Américains, les Asiatiques ont chanté les louanges de leurs hérauts et héros à travers une adaptation par l’image et le son. Le déficit entre l’Afrique et le reste du monde doit être comblé.

Il est quelque dommage qu’à travers l’image, le jeune Africain connaisse Napoléon sur le bout des doigts qu’un empereur de Ségou. Il est vrai que les moyens font défaut (la tentative manquée, faute de moyens de Sembène Ousmane pour son projet de film "Samory" mais une volonté politique peut venir à bout de ces difficultés et nous permettre de revivre les grandes épopées des Soundjata Keïta, Chacka Zoulou...

Fernando GUETABAMBA

Sidwaya

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