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Mutinerie en Guinée : Les militaires se débandent avant terme

Publié le lundi 2 juin 2008 à 12h01min

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La Guinée, avec ses quelque 9 millions d’habitants, pourrait, si le sort ne s’acharnait sur elle, se donner des airs de Pays de cocagne. En effet, doté d’un littoral et baigné par une pluviométrie que bien des voisins lui envient, elle regorge de richesses naturelles comme la bauxite, le diamant, l’or, le fer ou l’uranium.

Après la période sombre des années Sékou Touré, on aurait cru que le changement qu’incarnait Lansana Conté, à sa prise du pouvoir en 1984, permettrait à la République de renouer avec le calme et la prospérité. Or, loin d’être un havre de paix, la Guinée est décidément coutumière des troubles, au grand désarroi de ses voisins, qui, à chaque alerte, craignent pour la stabilité de la sous- région. Les événements de la semaine écoulée l’ont une fois de plus prouvé. La patrie du grand Samory Touré, après les émeutes meurtrières de janvier et février 2007, traverse une nouvelle zone de turbulences, après le limogeage de Lansana Kouyaté, le Premier ministre de consensus.

Son remplaçant, Ahmed Tidiane Souaré, a à peine eu le temps de prendre fonction que le vent de la révolte, décidément saisonnier dans cette contrée, s’est mis à souffler. Ainsi, après les syndicats et la société civile l’an dernier, c’était au tour des militaires de ruer dans les brancards, réclamant, kalachnikov en main, des arriérés de solde remontant, pour certains, à 1996 !

Et en moins d’une semaine, malgré le départ du ministre de la Défense, voilà que le pays s’est trouvé face au cauchemar de tout dirigeant africain : une mutinerie. Cette fois, la troupe en colère, en plus de ses sous, exigeait le départ à la retraite de tous les généraux, autrement dit la mise au rebut des piliers du régime. Impensable ! Au pays du général- président Lansana Conté, qui, malgré la maladie qui le ronge, tient d’une main de fer les rênes du pouvoir, comptant pour le faire, sur le soutien et la loyauté de ces hauts gradés.

Vu l’évolution rapide de la situation, après le déclenchement lundi, du mouvement de colère, tout portait à croire que les échanges de tirs jeudi après- midi entre bérets rouges de la garde présidentielle et mutins, à l’entrée de la presqu’île de Kaloum, siège du palais présidentiel et de l’état-major, feraient vaciller le pouvoir à défaut de le faire tomber. Or, contre toute attente, le mouvement, qui avait pourtant pris de l’ampleur, s’étendant même à la ville garnison de Kindia, s’est affalé comme un soufflé. C’est ainsi qu’au lendemain de la fusillade du pont de Kaloum, mutins et gouvernement entamaient dans « une bonne ambiance » les palabres pour une sortie de crise.

Les soldats, qui empocheront chacun une avance de 1 million de francs guinéens sur les 5 réclamés, se sont débandés aussi rapidement qu’ils avaient pris les armes, laissant à leur mouvement un goût d’inachevé. En effet, pour beaucoup de leurs compatriotes, il s’agissait là d’une occasion ratée de renverser le régime Conté, puisque tous les ingrédients pour le faire étaient réunis. Et même si les insurgés du camp Alpha Yaya ont obtenu de la part du pouvoir qu’aucune forme de châtiment ne serait exercé à leur encontre, on peut légitimement se demander si réellement les faits en resteront là.

Mais une chose est sûre : une fois de plus tout est bien qui finit bien pour le général- président, lequel devait recevoir, hier dimanche, une délégation de soldats, histoire de dissiper les derniers nuages et de reprendre sa vie de grand malade en toute sérénité… jusqu’à la prochaine crise.

La rédaction

L’Observateur

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