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Niger : Le MNJ face à ses propres démons

Publié le lundi 2 juin 2008 à 12h03min

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La rébellion touarègue nigérienne, ne se signale pas, pour une fois, par une attaque quelconque contre l’armée régulière. Elle doit gérer ses propres démons, ceux de la division. La crise que connaît la rébellion, avec l’émergence d’un autre groupe, le Front des forces de redressement (FFR) est-elle de nature à la fragiliser ou alors va-t-elle donner encore plus de fil à retordre au pouvoir nigérien ?

En général, l’émiettement d’une rébellion armée rend peu visible son combat politique tout en réduisant sa capacité à tenir tête à l’adversaire. Pour le cas des Touaregs, ces derniers mois ont donné lieu à des processus de rapprochement transfrontalier notamment entre Maliens et Nigériens. C’est dire qu’il y a toujours un inconvénient à se disperser. Mais la nouvelle donne nigérienne facilitera-t-elle pour autant la tâche aux stratèges militaires nigériens dont l’option est claire : la guerre à outrance ? Peut-être que momentanément, la rébellion peut être affectée par ces dissonances. Mais si l’on en croit le MNJ (Mouvement des Nigériens pour la justice), le principal acteur sur le terrain, ses forces restent intactes.

En d’autres termes, le MNJ est toujours le même. N’empêche que la brèche provoquée par la dissidence montre bien que la rébellion n’est pas soudée et qu’elle peut éclater à tout moment. Le régime de Niamey pourrait bien sûr être tenté de se frotter les mains, de voir "l’ennemi" s’entre- déchirer ainsi. La prudence est toutefois de mise, et il faut attendre les prochains épisodes de ce malheureux feuilleton, pour savoir qui gagne dans la situation nouvelle qui prévaut au sein de la rébellion. Il est évident qu’il vaut mieux avoir affaire à un interlocuteur, quand viendra l’heure des discussions, plutôt qu’à plusieurs. C’est l’atomisation des groupes armés au Darfour qui complique la recherche de la paix.

Car le problème de fond reste le même. Que ce soit avec un ou plusieurs mouvements, le gouvernement nigérien reste confronté à une rébellion armée qui met à mal la paix nationale. Il ne s’agit donc pas d’épiloguer sur les soubresauts au sein du mouvement armé touareg, mais de chercher la solution globale et définitive au conflit. Or, sur ce plan, on est loin du compte. L’option militaire a pris le pas sur celle de la négociation et du dialogue, renvoyant aux calendes grecques l’avènement d’un Nord Niger plein de ce charme qui faisait courir tant de touristes. De même, comme au Mali, la probabilité d’exploiter en toute quiétude les ressources minières de la région devient faible. Autant dire que le développement du pays peut, à terme, être hypothéqué.

Par Mahorou KANAZOE

Le Pays

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