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Guinée-Conakry : Les soldats veulent-ils terminer la manœuvre ?

Publié le vendredi 30 mai 2008 à 12h02min

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La situation qui prévaut en Guinée depuis quelques jours n’est pas près de se normaliser. On est, en effet, malheureusement loin d’une sortie de crise avec les derniers développements au Pays de Lansana Conté. Les soldats mutins, qui, jusque-là, exigeaient le paiement de leurs arriérés de salaires ont hier jeudi ajouté un autre point à leurs revendications, somme toute légitimes : ils réclament maintenant « la mise à la retraite de tous les officiers généraux » de l’Armée guinéenne, estimant que ces derniers n’ont pas été solidaires de leur mouvement. Aux ordres du général Conté, au pouvoir depuis 24 ans, l’Armée en Guinée compte une dizaine d’officiers généraux.

Si, dans l’ensemble, la nuit de mercredi à jeudi a été assez calme, tel n’était pas le cas dans les environs de l’aéroport de Conakry, qui jouxte l’important camp militaire Alfa Yaya, où des tirs ont été entendus. Un avion d’Air France, qui reliait Paris à la capitale guinéenne avec 270 passagers à son bord, s’est d’ailleurs vu obligé de se diriger mercredi soir vers Dakar au Sénégal pour des raisons évidentes de sécurité.

Le tout nouveau premier ministre, Ahmed, Tidiane Souaré, a rencontré les différents responsables des partis politiques à l’exception de ceux du Rassemblement du peuple de Guinée (RPG, opposition) d’Alpha Condé. Il a surtout été question des tensions que vit le pays, d’un probable gouvernement élargi à l’opposition et des élections législatives prévues pour la fin de cette année 2008.

Sur la question spécifique du mouvement des soldats mutins, qui ont exprimé leur raz-le-bol deux jours auparavant dans deux importantes villes-garnisons de Guinée, le gouvernement estime avoir satisfait leurs principales revendications, notamment le paiement d’arriérés de soldes qui seront réglées à hauteur de 5 millions de francs guinéens (700 euros) et correspondant à des salaires et augmentations impayés depuis huit ans.

Depuis les troubles de lundi dernier qui ont précipité un jour plus tard le limogeage du ministre de la Défense, le général Mamadou Baïlo Diallo, par le grand maître de Conakry, la violence est allée crescendo. Bilan : au moins trois cadavres dans la capitale et à Kindia à 130 km de là, des dizaines de blessés par balles perdues lors de tirs en l’air des militaires.

Le moins que l’on puisse dire dans cet imbroglio, qui a cours actuellement en Guinée, est qu’on a affaire à un pays non gouverné en réalité, un pays où on note une absence véritable d’armée républicaine. Dans bien de situations, l’armée est le dernier recours pour assainir la citadelle.

Dans le cas guinéen, la grande muette est acquise fait et cause au président et entretient chaque fois que ça l’arrange le désordre. Son intention dans ce qui se passe présentement en Guinée est affichée : pourrir au maximum la situation, ni plus ni moins.

L’Armée et Conté constituent un tandem mortel qui est la raison principale du calvaire du peuple guinéen tout entier. Il est grand temps pour les Guinéens de prendre en main leur destinée. Ils ont trop souffert pour ne pas aspirer à plus de liberté.

Les mutins pour leur part ont en tout cas indiqué la voie à suivre. En réclamant le retrait des généraux ils exigent dans le temps et de manière à peine voilée le départ de Lansana Conté. Puisqu’il est le premier général de l’armée guinéenne.

Plutôt que de continuer de régner sur ses concitoyens en père de famille plutôt qu’en chef d’Etat convaincant, Conté doit courageusement se retirer dans son Wawa natal, s’occuper de sa santé et jouir tranquillement de ses vieux jours. Il a montré ses limites depuis 1984 et doit enfin accepté qu’il est, lui et ses militaires, la cause profonde du désarroi de toute une nation.

D. Evariste Ouédraogo

L’Observateur

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