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35e anniversaire de l’Obs. : Les grandes plumes d’un Canard

Publié le vendredi 30 mai 2008 à 11h44min

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Du microcosme politique aux réseaux des organisations de la société civile, du monde de la culture à la communauté scientifique nationale en passant par le cercle des économistes, des femmes et des hommes nous ont fait l’honneur de leur collaboration. Nombre d’entre eux se sont distingués par leur grande qualité rédactionnelle. Rétrospective sur certaines grandes plumes de l’Obs.

Il y a d’abord ces grandes plumes qui se sont, hélas, envolées à jamais pour le monde des muses. Alliant talent rédactionnel, pertinence de la réflexion et constante participation au débat public, ces collaborateurs extérieurs ont contribué sans doute à l’ancrage du journal dans le paysage médiatique national.

Sont de ceux-là Patrick G. Ilboudo. Avant de rejoindre, comme chargé de communication, la représentation de l’UNICEF au Burkina Faso, il a réalisé sa passion pour le journalisme à l’Observateur (1). Ce fut avec une rigueur professionnelle à toute épreuve que cet homme de lettres, auteur de plusieurs romans, dont

« Les carnets secrets d’une fille de joie », a animé avec maestria notre rubrique « Contre-jour », aujourd’hui disparue de nos colonnes. Décédé le 28 février 1994, Patrick G. Ilboudo a marqué nombre de lecteurs par son style, à la limite de l’hermétisme, et la profondeur de ses éditoriaux.

Joseph Ki-Zerbo. Professeur agrégé d’Histoire, homme politique, le vieux, comme on l’appelait affectueusement, s’est, lui, illustré dans le débat politique. Rien de surprenant pour qui a connu l’esprit critique qui a toujours habité ce polémiste venu du pays San.

Avec son style imbattable, son humour décapante quoique toute en finesse, ce champion olympique du calembour, jamais à court de formule qui fait mouche, s’est beaucoup servi de nos colonnes pour partager avec l’opinion publique ses idées réformistes. L’histoire retiendra que c’est son écrit sur « l’armée voltaïque et notre avenir » qui a valu au journal sa première saisie administrative le 4 mai 1974 (cf. détail dans l’article de Ouédraogo Adama dit Damiss en p…)

Justin Nomka Ouédraogo, instituteur de son état, fut un grand débatteur politico-syndical devant l’Eternel. Son style était tranchant. Avant son accession aux hautes fonctions de l’Etat, le regretté Pascal Zagré nous gratifiait de ses savantes réflexions sur la monnaie.

Ensuite, concernant ceux qui sont toujours des nôtres sur cette terre, les noms se bousculent dans notre esprit et il serait prétentieux de vouloir en dresser la liste exhaustive. Néanmoins, dans le domaine du débat public, Laurent Bado, Basile Laetare Guissou et Frédéric F. Guirma se sont longtemps illustrés comme de véritables monstres de la controverse enrichissante.

Redoutable polémiste, S.E. Frédéric Guirma a effectué sa première sortie dans nos colonnes par un article sur la mosquée qui trônait dans l’enceinte de la gare ferroviaire. Dans ce papier, l’auteur, qui s’opposait à la position des partisans de la destruction du lieu de culte, s’est attaché à montrer l’importance historique, culturelle et architecturale de la conservation des monuments publics. A-t-il été suivi ?

En tout cas, la vieille mosquée, aujourd’hui disparue sous l’effet du temps et des intempéries, n’a pas connu le sort que lui vouaient les inconditionnels de la démolition. Mais l’un des tout premiers à s’engager dans le débat politique fut Michel Kafando, notre représentant actuel à l’ONU et jeune conseiller des affaires étrangères en 1974 quand éclata la crise intense du RSA.

Par ses écrits, il explora les voies constitutionnelles de sortie de crise et enrichit par la suite nos colonnes d’autres contributions sur la politique internationale. Professeur de journalisme et communication, Serge Théophile Balima nous a fait parvenir des papiers d’analyse sur des sujets relatifs aux médias. Quant à cet autre confrère, Boureima Jérémie Sigué, directeur de publication du journal

« Le Pays », il a, lui aussi, du temps où il était attaché de presse à la présidence de la République, fait office de billettiste dans nos colonnes sous le nom de plume le « Pélican ». Sur le registre des contributions scientifiques, le chercheur émérite Ouétian Bognini fut de ceux-là qui nous ont fait l’honneur de leur collaboration.

Dans un de ses écrits, intitulé « L’oiseau d’Helsinki ou l’oiseau qui venait du froid », il a apporté des éclairages sur l’origine de ce volatile migrateur retrouvé à Ouagadougou, loin de son milieu naturel qu’est le climat froid. Les contributions externes ont aussi porté sur l’animation de certaines de nos grandes rubriques.

Parmi nos rubricards hors maison, citons :
Monique Ilboudo avec « Féminin pluriel » ;
Cyril Goungounga avec « le Lexique économique » ;
Lacina Simporé pour sa précieuse contribution scientifique et documentaire dans « Si Ouagadougou m’était conté ».

Si toutes ces rubriques ont fait leur temps, comme qui dirait, d’autres, par contre, vont leur petit bonhomme de chemin. Sont de celles-là :
« les saillies d’Eustache », du nom de son auteur, Eustache Ilboudo dit Pakisto, inspecteur du travail ;
« Le soliloque de Nobila Cabaret », qui a survécu à son initiateur, feu Boniface Batiana, grâce aux talents d’imitation d’El Kabor ;

« Mam ti fou » (dans l’hebdomadaire, l’Observateur Dimanche) et « Billets craquants », (chaque lundi dans le quotidien), restées pendant un temps l’affaire d’un ancien collaborateur, Samuel Tiendrébéogo, aujourd’hui journaliste à la « Voie de l’Amérique » (VOA). Alors qu’il était de passage à Ouagadougou, notre ex-rubricard a apporté la précision suivante :

« C’est vrai que j’animais régulièrement ces deux rubriques, mais de là à dire que je les ai créées, c’est un peu exagéré ». Mais il n’est pas moins fier de constater, grâce à la magie du Net, que « Mam-ti-fou » et « Billets craquants » se portent comme un charme au bonheur de leurs inconditionnels. « Je suis avec attention le contenu du journal et il m’arrive bien souvent de réagir sur un article. Mais c’est de façon ponctuelle », ajoute l’homme de la VOA, pour dire que la collaboration reste d’actualité ;

« Les élucubrations de Toégui » avec Charles Sidiki Guibo Tony. Administrateur des postes à la retraite, cet autre champion du calembour a fait de l’humour et de l’ironie son moyen d’expression par excellence sur « les problèmes de la cité ». Manipulateur hors pair de mots, le vieux Samo n’a pas son pareil pour moquer certains faits et gestes de ses compatriotes, qu’il considère comme déplacés.

Si vous lui demandez comment il parvient à réussir une telle prouesse, il répond simplement : « Ça me vient comme cela ». Vous insistez sur la question, lui persiste sur la réponse : « ça me vient comme cela ». Vous l’aurez deviné, pareille prouesse relève tout simplement du don ;

« Les Mercredis de Zoodnoma ». Du nom de plume de son animateur, Zoodnoma Kafando, observateur très avisé de la scène politique nationale, cette chronique se veut une réflexion critique sur tout ce qui touche à la vie en communauté. Interrogé sur sa vision des choses, qui jure avec toute conception manichéenne du monde, le rubricard, diplômé en science sociale, laisse entendre : « J’essaie toujours de comprendre les phénomènes de la vie en société. Dans toute situation, il faut éviter les positions extrêmes ».

Tous ces collaborateurs et tous ceux dont nous n’avons pas cité les noms, pour des contraintes d’espace, au-delà des talents rédactionnels dont ils ont fait preuve, avaient ou ont, en outre, le mérite d’assumer la responsabilité pleine et entière de leurs opinions en signant de leurs noms ou de leurs noms de plume. Contrairement à bien de gens, qui ont recours à l’anonymat du genre « Un citoyen indigné », si ce n’est à un pseudonyme.

(1) Avant le nom l’Observateur Paalga à partir du 15 février 1991, date où le journal a repris après l’incendie criminel du 10 juin 1984, le quotidien s’appelait tout simplement l’Observateur.

Alain Saint-Robespierre

L’Observateur

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