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Affaire Thomas Sankara : En vérité ...

Publié le jeudi 29 mai 2008 à 09h11min

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Mariam Sankara

Alors que le Comité des droits de l’Homme de l’ONU, a décidé de clore définitivement le dossier Thomas Sankara, l’Association "Justice pour Thomas Sankara", elle, refuse de se soumettre à cette sentence onusienne qualifiée de "scélérate" et promet de poursuivre l’affaire jusqu’à l’éclatement de la vérité. Cette vérité tant voulue et chantée dans ce dossier qui n’en finit pas de faire des vagues, quelle est-elle ? Eh bien ! La vérité, c’est que Thomas Sankara, a été tué le 15 octobre 1987 dans une occurrence politique fortement passionnelle.

La vérité c’est que, hormis le défunt Sankara et Blaise Compaoré, personne d’autre ne peut dire ce qui a opposé les deux "plus que frères" au point d’entraîner ce dénouement tragique. La vérité c’est que Blaise Compaoré qui a survécu à cette tragédie ne peut pas en parler en toute liberté, emmuré qu’il est, dans le respect traditionnel dû aux morts et voulant éviter les supputations que toute déclaration de sa part pourrait entraîner.

La vérité c’est qu’en tant que premier magistrat du pays, il doit assumer aussi bien l’actif que le passif du bilan socio-politique burkinabè, ainsi qu’il l’a fait courageusement le 30 mars 2001, à l’occasion de l’historique journée de pardon. La vérité, c’est qu’on ne peut pas "ouvrir" le dossier Thomas Sankara, sans ouvrir les dossiers Nezien Badembié, Didier Tiendrébéogo, Fidèle Guébré, Jean-Baptiste Lingani... tous vaillants officiers burkinabè, morts dans les circonstances à peu près similaires que Thomas Sankara. On ouvrirait ainsi une boîte de pandore dont nul ne sait ce qu’il en sortirait, avec la certitude toutefois que cela ne présage rien de bon pour la paix sociale.

Aussi douloureux que cela soit à admettre, le destin des grandes nations s’est souvent forgé au prix de la vie de certains fils valeureux. Il faut éviter d’instrumentaliser certains dossiers à forte charge émotionnelle, au risque de rompre le fragile équilibre socio-politique patiemment construit. Si l’ONU a décidé de "laisser le Burkina Faso en paix", c’est parce qu’elle s’est aperçue que le pays avait opté de rompre avec les habitudes du passé, pour s’ancrer dans l’espace démocratique. Les actes des dirigeants s’inscrivent dans cette dynamique depuis deux décennies, la journée de pardon du 30 mars 2001 ayant permis de réaffirmer et de solliciter ce pacte républicain.

En élevant Thomas Sankara au rang de héros national et en faisant droit à toutes les injonctions de l’ONU, les autorités montrent leur bonne volonté dans la gestion de l’affaire. Il serait heureux que le camp d’en face fasse preuve de la même mansuétude, en ayant à l’esprit que toutes les vérités ne sont pas bonnes à dire, que toute reconstitution historique devrait comporter ses grands moments de silence et que c’est le pardon qui élève. Si cela était, l’âme de Thomas Sankara reposerait en paix pour de bon. Car, et c’est une sagesse africaine qui le dit, "le bruit dérange les esprits".

Boubakar SY

Sidwaya

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