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Armée guinéenne : Cinéma ou malaise profond ?

Publié le mercredi 28 mai 2008 à 11h19min

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Les soldats guinéens savent se faire entendre. Il leur suffit de tirer des coups de feu en l’air, d’ériger quelques barricades et de séquestrer pendant quelques heures un haut gradé, et le tour est joué. Le général Lansana Conté, que l’on dit grabataire, voire agonisant, trouve alors une énergie débordante pour tenir des réunions de crise et pallier la situation.

En mai 2007, des mutineries avaient secoué le pays, faisant huit morts et de nombreux blessés. Mai 2008, bis repetita. Les soldats se remettent à leur ouvrage préféré, mais avec cette fois-ci moins de violences, en tout cas pour le moment. Une obscure histoire d’arriérés de primes serait à l’origine de cette nouvelle éruption du volcan militaire guinéen.

La question est de savoir si cette grogne est l’expression d’une profonde crise de confiance entre les hommes du rang et leur hiérarchie, ou une simple manifestation d’humeur pour se faire quelques sous. En tout état de cause, elle met le régime guinéen mal à l’aise et met à nu le type de rapport que celui-ci entretient avec son armée. Si les soldats se soulèvent pour un oui ou pour un non, c’est qu’ils savent que le pouvoir leur est redevable. Le système répressif de Conté est d’abord bâti sur l’allégeance que lui fait l’armée. Il en est ainsi de bien des régimes africains dont la survie ne dépend pas du bulletin de vote des citoyens mais plutôt du soutien sans faille de l’armée. La démocratie et le développement, seules conditions de la stabilité, sont susurrés du bout des lèvres.

Les réflexes des Etats d’exception sont toujours de mise malgré les artifices démocratiques que confèrent la présence de certaines institutions et l’organisation régulière d’élections. On préfère gérer les caprices de la soldatesque dont on tire sa légitimité, en mettant de côté les intérêts du peuple et de la nation. Conté a fait ce choix. Cette énième mutinerie en Guinée n’est donc pas la dernière. Les militaires savent ce que Conté leur doit. Ils exploiteront le filon jusqu’à épuisement.

Par Mahorou KANAZOE

Le Pays

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