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35e bougie de l’Observateur : Un bel exemple de tolérance et de confraternité mais...

Publié le mercredi 28 mai 2008 à 10h51min

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Les activités marquant le 35e anniversaire de l’Observateur continuent de battre leur plein. Ici, c’est un marathon, là, c’est un match de football qui oppose la majorité à l’opposition ; un peu plus loin, c’est une confrontation footballistique qui met aux prises les supporters des éternelles rivales que sont l’ASFA-Yennenga et l’Etoile filante de Ouagadougou (EFO). Sans oublier le grand Dassandaga, qui pointe à l’horizon. Tout cela se passe dans un esprit de tolérance pour tous les citoyens et dans un climat de confraternité pour les professionnels de la communication.

Comme dirait l’autre, tout est au mieux dans le meilleur des mondes possibles. Cependant, dans cette euphorie générale, il nous vient à l’esprit des interrogations. Certes, elles sont susceptibles de gâcher la fête, car elles s’inscrivent aux antipodes de la joie débordante du comité d’organisation des festivités et de l’opinion publique.

En effet, il est plus que jamais temps de se demander si :
au-delà des mines rayonnantes de joie il va rester autre chose que les images dans la mémoire collective ;

la question est d’autant plus à propos que le discours de nombre de nos concitoyens sonne faux ;

la tolérance qui sous-tend l’ensemble des activités n’est pas un vain mot et une vaine réalité au regard de certains faits ;

la confraternité qui est mise au centre des rapports entre communicateurs n’est pas simplement conjoncturelle.

Avant d’esquisser des réponses à ces questionnements, il sied de saluer les initiatives prises dans ce sens par l’Observateur, car cela participe à la "civilisation" du jeu politique et à la démonstration que le sport et l’esprit fair-play donnent nécessairement naissance à une société reconciliée avec elle-même. Le quotidien aura donc joué sa partition à la perfection.

Dur est le changement de comportement chez l’humain

Alors que chez l’enfant, l’imitation fait partie du processus de socialisation et (en l’occurrence) d’apprentissage, chez l’adulte, il y a nécessité de compréhension et d’intériorisation. Tandis que l’enfant, du fait du caractère malléable de son esprit, s’approprie les vertus avec une relative facilité, l’adulte, qui est déjà "formaté", éprouve plus de difficultés à opérer des mutations positives dans son comportement.

Pour notre cas, les acteurs doivent se dire que l’Observateur a jeté les bases d’une nouvelle culture politique. C’est tout à son honneur : à l’instar des colonnes de son titre phare, les festivités ont associé tout le monde :

opposition, pouvoir, médias des différents genres et orientations éditoriales. On peut dire aussi que, ce faisant, le titre a rempli son contrat : en publiant tous les articles de tous les bords pour peu que ces articles, en tout ou partie, n’enfreignent pas aux lois en vigueur et en associant le maximum de personnes à la fête.

Malheureusement, dures sont les mutations comportementales chez l’être humain : l’adhésion consciente à une cause n’engendre pas automatiquement l’adaptation du comportement à la cause. Inconsciemment, des pesanteurs et des déterminismes sociaux et psychologiques exercent des influences négatives sur la volonté d’être en adéquation avec les exigences de la cause défendue.

Cependant, il faut persévérer

Pour autant, il ne faut pas désespérer ; il faut plutôt persévérer à la manière de l’Observateur qui, malgré l’incendie criminel de soin imprimerie le 10 juin 1984, a persévéré jusqu’à ce jour.

Mais il faut être réaliste : bien de cœurs au Burkina sont mus par la haine, la jalousie. Or, il n’est nullement possible de construire une société démocratique à travers d’aussi abjects comportements et ressentiments. Ce qui devrait importer, ce n’est pas le mal qu’autrui nous fait subir, mais plutôt les torts que nous causons à notre prochain. Si nous parvenons à une masse critique de personnes qui pensent et qui agissent conformément à cette vertu, alors là nous aurons commencé à être une société de démocratie et de liberté.

Certes, dans un Etat de droit démocratique, le goût du risque et l’esprit de compétition peuvent faire des humains des loups les uns pour les autres : coups tordus, concurrence déloyale, assassinats... Cependant, cela n’enlève rien au fait que, bien exercé, l’Etat de droit démocratique reste de loin le modèle politique qui lèse le moins possible les citoyens.

Au demeurant, les confrontations que l’on a pu observer en football et en athlétisme devraient produire une espèce d’onde de choc au sein de la classe politique et des milieux d’affaires. Se tolérer, se respecter, savoir quand l’intérêt de la nation doit passer en première positiion, tel est, nous semble-t-il le message que l’Observateur a voulu diffuser. C’est aussi le message que les vieilles nations occidentales nous font parvenir chaque jour mais que nous sommes incapables de décrypter et d’exploiter.

De même, les médias devraient travailler à davantage de confraternité même si leurs lignes éditoriales, leurs statuts et les intérêts dont ils sont l’incarnation diffèrent ou divergent. Car ces différences et ces contradictions sont de nature secondaire par rapport à l’intérêt de la collectivité tout entière. En outre, ce n’est pas parce que sur le terrain des convictions nous sommes en contradiction les uns vis-à-vis des autres que toute confraternité est inenvisageable.

La belle leçon que nous enseigne l’Observateur est que non seulement nous pouvons vivre ensemble avec nos différences, mais qu’en fait de différences ce sont des sources d’enrichissement mutuel.

Z.K.

L’Observateur

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