LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Soyez un repère de qualité. Certaines personnes ne sont pas habituées à un environnement où on s’attend à l’excellence.” Steve jobs

Construction de l’échangeur, route de Bobo : Les riverains mécontents, Fadoul Technibois tempère

Publié le mardi 27 mai 2008 à 10h13min

PARTAGER :                          

Les travaux de construction du deuxième échangeur, route de Bobo-Dioulasso de la capitale, ont démarré, dimanche 25 mai 2008 non sans désagréments pour les riverains et les usagers qui dénoncent un manque de communication. Tandis que l’entreprise Fadoul Technibois a tempéré, arguant que des mesures ont été prise pour minimiser les désagréments.

Comme dit l’adage "On ne fait pas des omelettes sans casser des oeufs" ; Ouagadougou ne saurait se construire, se moderniser et s’embellir sans faire des mécontents. C’est du moins le scénario qui se présente au quartier Gounghin (secteur n°9) depuis le dimanche 25 mai 2008, date du démarrage effectif des travaux de construction de l’échangeur, route de Bobo. "Cela a gâté le travail, on ne peut plus vendre (...). Comme ils ont dit que c’est pour l’échangeur, on n’y peut rien. Mes recettes ont chûté de 100 000 F jour à presque rien", observe un vendeur de pièces détachées, Dramane Ouédraogo tout en soutenant que ses voisins sont partis. Il est, lui aussi, à la recherche d’un local pour déménager son commerce !

Lundi 26 mai en fin de matinée, la police municipale était bien en place pour assurer la fluidité de la circulation et faire respecter les déviations. Des éléments placés aux différents points de déviation s’évertuent à expliquer aux usagers la voie à suivre pour contourner le chantier de l’échangeur. Quelques instants auparavant, le chef du chantier, Fares Nasrallah a dû expliquer à l’aide d’une carte, les voies dégagées et le sens de circulation au Commandant du corps urbain, Jean-Marie Ouédraogo. Ainsi, les gros porteurs sont déviés à partir du garage "OK" sur la nationale n°1 pour rejoindre le circulaire. Ceux en provenance de Ouahigouya contournent à partir du jardin le Challenge, sis à proximité du camp Sangoulé- Lamizana pour passer par la BACB avant de rejoindre le circulaire, route de la Patte d’oie.

Le démarrage des travaux a perturbé l’activité économique et commerciale dans la zone. Certains commerçants ont dû purement et simplement fermer boutiques, d’autres par contre s’apprêtent à déménager. C’est le cas de la station Pétrofa où régnait un silence de cimetière. Le peu de pompistes présents semblaient n’être au courant de rien. "On n’est informé de rien", disent-ils. "Même du démarrage des travaux ce matin..." ? A toute question, ils répondent par ceci : "Ah, il faut voir avec les patrons", précisant n’avoir rien à dire pour le moment. Pendant ce temps, des techniciens de la SONABEL s’activaient aussi à déposer leurs équipements d’éclairage public. Les feux tricolores et les lignes de haute tension vont être ainsi enlevés. La ligne boucle 33 kwatt passant à proximité sera déplacée compte tenu du pont qui est prévu. Au regard de l’importance de cette ligne qui fait la liaison entre la Centrale Ouaga II et le dispatching où aboutit la liaison haute tension provenant de Bagré, les agents de la SONABEL rassurent que l’alimentation sera maintenue. Mais, précisent-ils, "elle va passer en souterrain".

Sur le terrain, nombre d’usagers ne sachant pas comment s’orienter tournent en rond en quête d’un éventuel passage. "Je ne sais pas par où passer pour aller à Zagtouli", s’indigne Monique Nanéma. Elle est venue s’approvisionner en carburant à la station Pétrofa qui a arrêté son service. Faute "de jus", elle relève que "pour faire le tour, ce n’est pas facile". Pour les riverains, le préjudice serait énorme. Ralentissement des activités rime désormais avec mécontentements. Ceux qui emménagent doivent supporter un loyer salé. C’est le cas de la Pharmacie de l’Unité qui doit supporter un loyer de 125 000 F CFA pour son nouveau local en sus de 150 000 pour l’ancien. "Il fallait nous prévenir pour qu’on ramasse nos bagages. Cela n’a pas été le cas. C’est avec surprise dimanche vers 9 heures que j’ai constaté qu’ils ont fermé", s’insurge Dr Sanou née Zouré Nicole, de la Pharmacie de l’Unité. A la vue des responsables du chantier, de nombreux riverains se sont rués vers eux qui pour négocier un passage, qui pour demander un parking.

Pour le directeur de Emana, Jean-Pierre Nanéma, sa demande d’un parking se justifie par le fait qu’il ne peut pas partir de ses locaux. "J’ai plus de 100 personnes, des élèves et des ouvriers. Je négocie pour qu’ils trouvent une solution (...). Qu’ils construisent un parking", soutient-il. Face à ces multiples plaintes, les responsables du chantier appellent au calme et à la retenue soutenant que des gros moyens ont été déployés pour minimiser les désagréments.
L’échangeur, route de Bobo comprend une voie principale de 1 250 m de long avec deux ponts à hauteur du jardin le Challenge et de l’avenue Tensoba. A côté des voies latérales, la principale va être élargie de 40 m.

Il est prévu la construction de caniveaux, de trottoirs et de bordures pour assainir la zone. Selon le chef de chantier Fares Nasrallah, l’exécution de ces travaux nécessité des déviations. C’est ainsi que six (6) km de bitume ont été construits ainsi que des signalisations ont été conçues pour faciliter la circulation. Au regard de l’expérience du chantier du premier échangeur, route de Pô, ces mesures visent à minimiser les désagréments, a indiqué M. Nasrallah pour qui l’entreprise Fadoul Technibois a tenu plusieurs réunions depuis quatre mois avec les mairies et les riverains. "Ils (les riverains) sont informés du démarrage des travaux.

Malheureusement c’est sûr, ils ne sont pas contents. C’est normal, (...) nos travaux nécessitent beaucoup de désagréments". En effet, afin de permettre aux riverains d’exercer leurs commerce et diverses activités, Fadoul Technibois a reculé les clôtures de six mètres. Cela vise à faciliter l’accès aux concessions et aux différentes boutiques installées le long du chantier. M. Nasrallah pense que cette situation va durer 12 à 14 mois sur les 18 mois prévus pour l’exécution des travaux. Après cela, les clôtures seront enlevées pour la réalisation des trottoirs. Affirmant qu’aucun dédommagement n’est prévu , Fares Nasrallah a prévenu qu’il n’est pas possible de faire une exception pour un individu. Autant dire que les riverains qui expriment leur colère et demandent réparation vont devoir prendre leur mal en patience. Il y va du développement de la ville de Ouagadougou.

Saturnin Nadoun COULIBALY

Sidwaya

PARTAGER :                              
 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique
Burkina : Une économie en hausse en février 2024 (Rapport)