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XIème Edition de la Journée de la coopération décentralisée : Le Burkina à la rencontre des partenaires français

Publié le mercredi 21 mai 2008 à 10h48min

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Depuis plus d’une décennie maintenant, le Burkina Faso s’est engagé dans le processus de décentralisation qu’il mène de façon progressive. De nos jours plus de 200 partenariats ont été scellés entre la France et le Burkina Faso. Jouant à merveille son rôle, l’Ambassade du Burkina Faso à Paris a organisé pour la onzième fois consécutive la journée de la coopération décentralisée. Plusieurs amis du Burkina et des partenaires ont pris part à cette activité annuelle qui a connu la présence effective du Ministre délégué chargé des Collectivités Territoriales, M. Soungalo OUATTARA et de madame Séraphine OUEDRAOGO, Maire de l’Arrondissement de Boulmiougou.

La onzième édition de la journée de la coopération décentralisée organisée par l’Ambassade du Burkina à Paris était placée sous le thème « Place et rôle de la femme dans le processus de décentralisation et de la coopération décentralisée au Burkina Faso ». Le choix de ce thème relève du fait que les femmes qui représentent plus de la moitié de la population sont peu visibles sur le terrain des sphères décisionnelles alors que leurs contributions au développement sont certes très appréciables. D’où leur implication directe surtout à ce stade de la communalisation intégrale prônée par le Burkina Faso.

Devant le parterre d’amis et de partenaires du Burkina, le Ministre Soungalo OUATTARA, dans son intervention à l’ouverture des travaux a fait l’état des lieux du processus de décentralisation au Burkina Faso et expliqué les actions développées et engagées au niveau national dans le cadre de la communalisation intégrale suite aux élections municipales de 2006. En effet, de 33 communes en 1995, le Burkina est passé à 49 en 2000, puis à 351 en 2006. A ce jour, plus de 150 sièges de communes rurales sur 302, ont été réalisés sur fonds propres de l’Etat burkinabè et plus de 20 milliards de francs CFA sont débloqués pour financer les plans de développement de ces communes.

De même que le transfert de compétences se fait progressivement (budget, état civil), l’Etat burkinabè aide aussi à la formation des élus locaux. Si la construction des sièges des collectivités territoriales est une des priorités du gouvernement burkinabè, la question de l’augmentation des effectifs administratifs s’impose de fait à ce stade du processus. Cependant pour le Ministre Soungalo OUATTARA, l’Etat burkinabè à lui seul ne peut mener convenablement ce processus. Aussi, tout en reconnaissant que plusieurs partenaires du Nord aident à la réalisation des plans communaux de développement, Soungalo OUATTARA a cependant plaidé pour un partenariat beaucoup plus responsable qui tienne compte des besoins réels de développement communal. En effet, selon le ministre Soungalo OUATTARA, « ces espaces de concertations annuellement organisés par l’ambassade sont des occasions d’échanges mutuels et d’enrichissement ; nous venons nous inspirer de vos points de vues et réflexions pour mieux orienter et poursuivre l’action de la communalisation intégrale dans laquelle le Burkina accorde une importante place à la femme, vu le rôle qu’elle joue au sein de la communauté ».

Les travaux de cette onzième journée de la coopération décentralisée se sont déroulés sous forme de deux tables rondes à travers des exposés suivis de débats. Tous les cinq exposés livrés en cette journée ont mis en exergue l’importance de la femme dans le processus de développement, mais aussi le rôle qu’elle doit jouer dans le cadre du processus de la coopération décentralisée. C’est à ce titre que madame Séraphine OUEDRAOGO, Maire de l’Arrondissement de Boulmiougou et secrétaire aux relations extérieures de l’Association des Municipalités du Burkina Faso a fait un exposé sur la place et le rôle de la femme dans les instances de représentations au Burkina Faso. Avec des exemples concrets à l’appui, elle notera que la faible représentativité des femmes dans les instances de décision est due entre autres aux pesanteurs traditionnelles, au système patriarcal, à l’analphabétisme, à leur positionnement sur les listes électorales, mais aussi à leur statut de femme et d’épouse. Elle a de ce fait plaidé la cause des femmes et souhaité que les partenaires accordent beaucoup plus d’importance aux projets qui mettent l’accent sur la participation de la femme, ce d’autant plus que la coopération décentralisée offre le double avantage d’un partenariat de proximité qui s’inscrit dans la durée. En effet, et comme le Premier Ministre Tertius ZONGO l’avait si bien dit dans une de ses interventions, « à travers la coopération décentralisée, il s’agit d’aller au-delà des dons et réalisations ponctuelles dans les communes ou villages pour s’orienter vers l’appui au développement de collectivités territoriales fédérées à travers des projets structurants et plus porteurs ».

Cette onzième édition de la journée de la coopération décentralisée a regroupé plusieurs acteurs des jumelages coopérations et des initiateurs de diverses actions de solidarité internationale. Et les discussions en tête à tête au terme de la cérémonie entre autorités burkinabè et partenaires au développement renforcent l’assertion selon laquelle, « les relations de coopération décentralisée ne se décrètent pas ; elles éclosent comme la rosée du petit matin au gré d’opportunités souvent fugaces ».


Des participants s’expriment

L’Ambassadeur Pierre PROTAR

La journée de la coopération décentralisée organisée par l’Ambassade du Burkina Faso à Paris a été pour moi très instructive et intéressante. Elle confirme la volonté des autorités politiques burkinabè au plus haut niveau de relever à leur manière ce défi. La décentralisation amorcée va permettre de rendre plus perceptible les résultats de la lutte contre la pauvreté car se sont les maires et les responsables locaux qui seront en première ligne pour faire reculer la pauvreté. Ceci est un engagement qui sera à coup sûr très déterminant pour le Burkina Faso.

Et connaissant ce pays pour y avoir séjourné durant des années dans le cadre de mes fonctions, et tirant leçons des expériences menées ailleurs dans d’autres pays, je suis à même de dire que le Burkina Faso a su mener à bien une approche nationale tenant compte de la tradition et de la culture burkinabè. En plus de cette volonté politique nationale, il faut que toutes les composantes de l’administration jouent le jeu, c’est-à-dire de faire en sorte qu’il y ait une synergie totale entre décentralisation et déconcentration. Et enfin, la reconnaissance du maire comme étant désormais le maitre d’ouvrage de ce qui sera fait au sein de sa commune. Cette commune ne devra donc pas être seulement la bénéficiaire du développement local, elle est à la base et est pour ainsi dire le maillon clé du développement local.

Madame Séraphine OUEDRAOGO, Maire de l’Arrondissement de Boulmiougou

C’est d’abord pour moi tout un plaisir d’être ici avec mes frères et nos partenaires au développement à cette onzième journée de la coopération décentralisée. Je suis venue au titre de l’association des municipalités du Burkina Faso pour échanger sur le rôle et la place des femmes dans le processus de décentralisation et de la coopération décentralisée. Nous avons pour cela fait d’abord l’état des lieux, pour ensuite expliquer comment le processus a évolué jusqu’à ce jour ; dans un second temps, nous avons énumérer quelques contraintes qui font que les femmes n’arrivent pas à participer comme il se doit au processus.

Et enfin, nous avons évoqué avec nos partenaires du nord le rôle qui est le leur et qui permettra aux femmes de s’impliquer pleinement et de façon responsable afin de contribuer réellement au développement de la commune. Les deux panels autour desquels nous avons débattu ont été bien menés et des informations très pertinentes ont été communiquées. Je me réjouis vraiment de tout ce que j’ai entendu car cela m’a beaucoup réconforté dans notre approche. Au terme de cette journée, je crois que notre message est bien passé car déjà, des partenaires nous approchent pour voir dans quelle mesure ils pourraient intervenir, principalement dans le cadre de la formation des femmes afin d’accroitre leurs performances, leurs compétences et leurs capacités.

Monsieur Jean DECOUX (ALDEFI)

Nous sommes présents à cette journée au titre de l’Alliance pour le développement contre la pauvreté par la Finance (ALDEFI), qui est un outil financier d’aide à la création d’une activité économique, destiné aux exclus bancaires animés par un esprit d’entreprise. Pour mieux m’exprimer, sachez tout simplement que ALDEFI est une ONG qui a la modeste et grande ambition de servir le plus grand nombre de pauvres délaissés des zones rurales dans les pays que nous avons choisi dont le Burkina Faso. Nous leur octroyons des prêts de petits montant, cent euros, c’est-à-dire environ soixante cinq mille francs CFA, remboursable à moins d’un an et avec un taux d’intérêt très faible. Notre devise est « favoriser l’autonomie et la dignité à l’aide du micro crédit », car il n’est de richesses que d’hommes.

Nous intervenons au Burkina depuis l’été 2007 et dans la région de Toma seulement pour le moment. A ce jour nous enregistrons déjà 150 bénéficiaires constitués principalement de femmes qui font du fumage de poissons, de la culture de riz, de l’élevage, du petit commerce entre autres. En somme, tout projet de petite activité économique individuel pouvant générer des revenus (artisanat, petite transformation, commerce..) peut bénéficier d’un financement sur demande. Au Burkina, c’est l’union Régionale des Coopératives d’Epargne et de crédit des régions du Centre Ouest et du Mouhoun dirigée par monsieur Michel NAKO qui reçoit les demandes et nous les proposent pour financement. Vous voyez que c’est donc tout naturellement que nous avons profité de cette journée organisée par l’ambassade pour faire un exposé sur nos activités, celles que nous avons déjà financées et bien sur le statut social des bénéficiaires de notre zone d’intervention. Les questions et les débats suite à notre exposé nous réconfortent dans notre démarche.

Service Presse
Ambassade du Burkina / Paris

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