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Construction de l’échangeur de l’Ouest : "Monsieur le ministre des Infrastructures, dédommagez-nous !"

Publié le mardi 20 mai 2008 à 11h29min

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La construction de l’échangeur de Gounghin, à la sortie ouest de Ouagadougou, ne se fera pas sans causer de désagrément aux populations riveraines. Cela, on le savait. Seulement, bon nombre de ces riverains, des petits commerçants dont les boutiques sont situées tout au long de l’avenue Kadiogo, auraient été ignorés dans l’étude d’impact du projet. Mais, ceux-ci n’entendent pas laisser les choses se passer ainsi. Aussi demandent-ils réparation au ministre des Infrastructures et du Désenclavement.

"Nous sommes faits comme des rats !" s’est laissé dire, la mort dans l’âme, le patron de la pharmacie du Rivage, le docteur Nina Rigobert Tenkodogo. Sa pharmacie est menacée de fermer. Non pas parce qu’elle doit être mise sous scellé, mais c’est tout comme. Du fait des travaux de l’échangeur de Gounghin, celui situé vers la sortie ouest de Ouagadougou (route de Bobo), dont le lancement a eu lieu en décembre dernier, un tronçon de la route se trouve aujourd’hui barricadée par des tôles. Ce qui veut dire qu’il y aura des travaux à cet endroit. Certainement que ce tronçon de la voie, auquel fait face la pharmacie du Rivage, devra subir quelques retouches pendant l’ouvrage. Et la présence de barricades présage d’une fermeture de la route à un certain moment. La pharmacie du Rivage ne sera plus accessible. Et tant pis si des produits doivent pourrir à l’intérieur, car le docteur ne sait plus à quel saint se vouer présentement. Dr Tenkodogo n’est pas seul dans cette situation.

En effet, s’il est vrai que la construction d’échangeurs pour fluidifier la circulation routière à Ouagadougou est un projet qui en vaut réellement la peine, il se trouve que cela est présentement la source de nombreux problèmes vécus par certaines populations, à l’instar de ceux de Gounghin, au niveau de l’échangeur de l’ouest. Ils sont très nombreux, près de 200 personnes environ, notamment des commerçants riverains, dont les boutiques se trouvent présentement coincées derrière les barricades, à tel point que de passage, vous pouvez ne même plus vous rendre compte de la présence de boutiques dans les lieux. Nous y avons fait un tour, le mardi 13 mai dernier, sur invitation de quelques riverains, pour constater la situation. "Mais pourquoi donc sont-ils si préoccupés ?" leur avons-nous demandé, tout en tentant de leur faire comprendre qu’ils devraient être en principe dédommagés quelque part ... Que nenni, nous ont-ils signifié. Et c’est du reste la raison pour laquelle ils ont adressé une correspondance au ministre des Infrastructures et du Désenclavement, et dans laquelle ils sollicitent de sa part une "aide substantielle" afin de faire face aux nouvelles difficultés qu’elles devront endurer pendant les travaux de l’échangeur qui sont prévus pour durer 18 mois, si le délai est respecté. "Nous avons l’impression que le projet n’a pas tenu compte de notre existence. C’est le 17 mars 2008 que le maire de l’arrondissement et ses collègues nous ont donné les informations sur les désagréments et demandé aussi notre compréhension", ont-il dit en substance au ministre Hippolyte Lingani, après que les autorités communales et l’entreprise Fadoul qui est chargée des travaux se furent déclarées incompétents pour résoudre leur problème. Outre les commerçants, ceux qui ont leurs boutiques, il y a également ces vendeuses de fruits, légumes, bouillie, galettes et autres, aux abords du goudron, et qui sont sans autres revenus, responsables de familles, qui sont ainsi promus à la mendicité, si vraiment rien n’est fait.

La correspondance adressée au ministre date en fait de depuis le 2 avril 2008. Mais, depuis, celui-ci ne se manifeste toujours pas. Sont-ils vraiment faits comme des rats ? En attendant, non seulement leur commerce ne marche presque plus, mais aussi ils passent toutes leurs journées à respirer de la poussière, comme des ... rats. Car en fait, même si les plus gros travaux n’ont pas encore démarré, pour l’instant, il y a néanmoins des travaux qui se font là-bas tous les jours. Et tout le long de la journée, les riverains, au risque de contracter des maladies respiratoires, doivent subir un véritable supplice avec la poussière qui enveloppe tout le quartier. Sans oublier le chambard des ouvriers avec leurs machines. Pauvres également les étudiants qui habitent la cité universitaire de Gounghin. Cette cité universitaire, située aussi face au goudron et au niveau du tronçon en question, est réellement devenue un lieu invivable par ses locataires. Mais, ont-ils autre choix, eux pour qui il n’y a déjà pas d’infrastructures d’hébergement suffisantes ?

Par Lassina Fabrice SANOU

Le Pays

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