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Refondation : Cyrill et Soumane s’en expliquent

Publié le vendredi 16 mai 2008 à 11h12min

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Soumane Touré

Le mouvement de la refondation est en train de prendre corps. Ses initiateurs font la ronde pour expliquer le bien fondé de leur démarche. Certains profitent aussi pour clarifier leur posture antérieure qui entache quelque peu leur crédibilité.

Une coalition de neuf partis politiques appelle à la refondation de la démocratie burkinabè. Depuis un mois, ils font des consultations tous azimuts pour rallier à leur cause le maximum. Partis politiques, organisations de la société civile, autorités religieuses et coutumières ont été approchés. Le président de l’Assemblée nationale, les ténors de l’opposition parlementaire, le Mogho naaba, le président du Mouvement burkinabè des droits de l’homme et des peuples (MBDHP) et bien d’autres personnalités du pays ont reçu les refondateurs. Il ne reste que le président du Faso qu’ils n’ont pas encore rencontré. Ils font le point de ces rencontres aux médias par des entrevues et des déclarations.

Ils sont venus à L’Evénement le 28 avril dernier. La délégation était composée de Me Hermann Yaméogo, président de l’UNDD, de Cyrill Goungounga, président du PARIS et de Marcel Ouédraogo, président du MDR. Dans leur appel à la refondation, Me Hermann Yaméogo et ses compagnons peignent un tableau peu reluisant de la situation nationale. Ils soutiennent que le pays vit une crise de la gouvernance à tous les niveaux. C’est pourquoi, ils préconisent l’instauration d’un dialogue inclusif où tous les acteurs de la vie nationale s’exprimeront pour dégager des propositions de sortie de crise. D’ores et déjà, ils considèrent le rapport du Collège de sages, institué en 1999 pour faire des propositions de sortie de crise consécutive à l’assassinat du journaliste Norbert Zongo, comme un bon document de base.

Partout où ils passent, ils expliquent, exposent et défendent leurs idées. L’analyse est juste, pertinente, les solutions proposées emportent généralement l’adhésion des interlocuteurs. Mais on hésite, on traîne les pas à les rejoindre. Ils s’interrogent, ils ne comprennent pas, certains s’agacent. Ce n’est pas facile, dirait l’homme de la rue. Ce n’est vraiment pas facile pour les refondateurs. Peut-être que le discours seul ne suffit pas à fonder, à conférer une adhésion, voir une crédibilité. Les hésitations peuvent s’expliquer facilement dans ce sens. De manière générale, le reproche fait à leur endroit, c’est que les ténors du mouvement ont tous été des anciens collaborateurs du système Compaoré. Or, au Burkina comme dans les autres " démocraties autoritaires ", une certaine opinion pense qu’il vaut mieux avoir cheminer avec le diable lui-même que d’avoir été un collaborateur, un accompagnateur. C’est cette malédiction qui poursuit certains responsables de partis politiques, membres du mouvement de la refondation. Comment faire, comment convaincre de la sincérité des intentions ? Certains ont-ils seulement fait leur mue, leur mea culpa ?

Cyril Goungounga défendait il n’y a pas longtemps l’idée de la non limitation des mandats électifs dont celui du président du Faso. L’article 37 avec sa clause limitative de mandats ne serait pas, à ses yeux, une garantie d’alternance. La crise de la gouvernance ne serait-elle pas aussi une crise du constitutionalisme avec les révisions de la constitution dans le sens de pérenniser un homme et son système au pouvoir ? Goungounga admet aujourd’hui que l’article 37 de la constitution ne doit plus être révisé. La clause limitative doit demeurer. Seulement, il estime que les hommes politiques doivent se battre plus sur le terrain pour provoquer l’alternance qu’à s’arc bouter sur cet article. Pour les autres postes électifs (député, conseiller), il reste sur sa position : on ne doit pas limiter le nombre des mandats ou empêcher leurs cumuls.

Soumane Touré, lui, ne renie pas ses positions antérieures. Il ne regrette pas avoir "ferraillé" contre la Conférence nationale souveraine (CNS) en 1991. Il explique que la tenue de cette CNS après l’adoption de la constitution allait contre la souveraineté du peuple. Aujourd’hui aussi, il affirme que la refondation qu’il défend doit se faire dans le respect de la constitution. A l’instar des autres membres du mouvement, ils estime que la constitution actuelle offre, notamment à travers les articles 49, 50, 51, 59… "toutes les possibilités pour permettre la gestion, dans le respect de nos lois, de la période de la refondation comme le renouvellement proprement dit des institutions". Il ne voit donc pas de retournement de situation dans sa posture actuelle.

Dans l’agenda des réformateurs, il est prévu d’élaborer une plate-forme élargie qui devra "consacrer la volonté de lutte commune des structures politiques et sociales, avec une coordination bicéphale". Mais pour le moment, leurs préoccupations demeurent l’information et la sensibilisation autour de leur concept de refondation.

L’Evénement

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