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Zimbabwwé : Mugabé fait de la résistance

Publié le vendredi 9 mai 2008 à 11h25min

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Alors qu’il apparaît à la lumière des résultats des élections présidentielle et surtout législatives tenues au Zimbabwe que sa cote de popularité s’est effritée le président Robert Mugabé n’envisage pas de quitter le pouvoir, convaincu qu’il est, que cette occurrence remettrait le pays entre les mains des « valets locaux de l’impérialisme », et par ricochet de celui-ci.

Une intransigeance qui lui vaut une volée de bois vert de la part des occidentaux (ce qui est de bonne guerre) mais aussi de ses « frères » noirs, ce que l’on a un peu plus de mal à comprendre. « Dictateur croulant » pour les uns, « dinosaure » (sic) pour les autres, il faut dire que les esprits avaient été préparés pour ces analyses, avec le matraquage médiatique qui fait état d’une traque sanglante orchestrée contre les opposants. Sans aller jusqu’à nier ces dérives autoritaires, il n’est pas superflu non plus de s’interroger sur la justesse de la lutte du régime zimbabwéen.

L’image figée de héros de l’indépendance que l’on nous renvoie en parlant de Mugabé, ne suffit pas pour situer l’homme dans toute sa dimension politique. S’il a su acquérir l’indépendance de son pays à la force du canon et de la baïonnette, le guerrier shona ne s’est pas contenté de cette victoire politique, l’indépendance économique étant, aux yeux du marxiste qu’il est, la plus importante.

Celle-ci passant par une nouvelle économie politique avec comme pierre d’angle, la redistribution des terres jusque-là propriété des Blancs, Mugabé n’a pas hésité à opérer cette révolution salvatrice. On connaît la suite, avec la destruction des infrastructures de production par les Blancs et la mise au ban de la communauté internationale du pays, par leurs « cousins » en guise d’acte de solidarité. Avec une économie désarticulée à l’intérieur et boycottée par l’extérieur, la panne était prévisible. Et ceux qui invoquent la prospérité perdue, oublient de dire que les Zimbabwéens vivaient dans l’opulence certes, mais aussi dans l’esclavage des maîtres blancs.

Tout comme Sékou Touré qui avait refusé cette suprême humiliation, Mugabé a préféré rompre les chaînes, tout en sachant pertinemment ce que cela lui coûterait.
Peut-être comptait-il sur l’Afrique du Sud indépendante pour opérer un changement identique (la question des terres est posée là-bas aussi) et offrir ainsi un front de résistance plus large et plus fort. Las, Thabo Mbéki n’a pas osé franchir le pas. Dès lors, on comprend pourquoi il fait montre de sollicitude envers Mugabé, lui qui est aussi trempé, dans la « science » marxiste. Ou plutôt était trempé, car la pratique du pouvoir l’a amené plus vers le centre-gauche voire le centre tout court.

Son probable successeur, Jacob Zuma fait preuve de la même réserve sur le « cas » zimbabwéen pour les mêmes raisons, et, mieux, n’hésite pas à signifier sa volonté de changer les choses une fois parvenu au pouvoir. Les nombreux scandales qu’on tente de lui coller prouvent que l’adversaire a pris la mesure du danger qu’il représente. Faut-il le dire, la justice sud-africaine est jusqu’à présent sous l’emprise de l’establishment afrikaner. Pour en revenir au Zimbabwe, il faut saluer le courage de Robert Mugabé qui a refusé de courber l’échine devant le « baas » (maître) blanc et a préféré « mourir » avec ses idées.
Un exemple, à l’heure où les choix économiques imposés par l’Occident nous ont conduit droit dans le mur.

Boubakar SY
magnansy@yahoo.fr

Sidwaya

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