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La politique sportive en question

Publié le mercredi 7 mai 2008 à 09h45min

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La victoire du welter burkinabè, Irissa Kaboré dit le "Caïd" en championnat du monde international version IBF, nous amène, une fois encore, à conjecturer sur la politique sportive nationale, le but étant de savoir si nous avons pris la bonne option en misant gros sur le football. Bien sûr, le sport-roi est devenu plus qu’un jeu, un phénomène de société qui peut générer des dividendes politiques incalculables. On comprend pourquoi nombre de politiques ont les yeux de Chimène pour ce sport où ils investissent à fond, mais, comme disait l’humoriste Jean Miché Kankan, "il y a lieu parfois de faire demi-tour, lorsque la moyenne dépasse le total".

Plus sérieusement, dans le cas du Burkina Faso, on est parfois en droit de se demander si nous sommes une nation de football. Nous voyons d’ici, des citoyens s’offusquer contre cette interrogation impertinente, mais avec la masse d’argent injectée dans le football jusque-là, nous devrions être arrivé à quelque chose. On nous parlera de l’inorganisation et de l’incurie des dirigeants, mais nous connaissons des pays qui ont les mêmes symptômes handicapants et qui sont parvenus malgré cela, à des résultats louables. Si le Burkina Faso a "produit" des joueurs comme Joseph Kaboré dit "Sap", Zoma Kuilga, Antoine Ouédraogo et autres Ali Sanou dit "Caravelle", force est de constater qu’après cette génération spontanée, c’est le désert.

A contrario, dans une discipline comme la boxe, chaque décennie a eu son champion de légende. De Moussa Ouattara dit "Keletigui" à Mamadou Paré mort dans des conditions indignes d’un champion en passant par Nabaloum Dramane "Boum-Boum" qui "survit" de nos jours (en partie de sa faute) et Irissa Kaboré, le Burkina a toujours eu un grand dans la discipline.

Avec "l’Ivoirien" Salam Ouédraogo, la boucle est bouclée. Quand on sait dans quelles conditions pénibles ces champions ont forgé leur palmarès, on mesure mieux la grandeur de leur mérite et de leur talent. Il nous est revenu que pour son championnat du monde IBF, Irissa Kaboré n’a pas bénéficié d’un grand soutien du ministère, alors que nos Etalons seront bientôt rassemblés en Europe aux frais de la princesse. Dans le même registre des "délaissés" du sport, les champions d’Afrique burkinabè de pétanque ont rallié Lomé, lieu de la compétition, à leurs propres frais.

Quand ils ont ramené le trophée, ils ont été reçus pompeusement et à grands renforts de publicité par les autorités sportives. Il faut en finir ici et maintenant avec cette solidarité de façade, pour donner les moyens à ceux qui peuvent nous valoir des lauriers et faire vendre notre pays. Grâce au "Caïd", des Américains connaîtront où se trouve le Burkina, et, des managers de renom, pourront se mettre sur ses traces. D’ores et déjà, les autorités sportives pourront se "racheter" en investissant davantage dans le "produit" Irissa. Dans le même temps, elles devront avoir l’œil sur les sports à haute potentialité de résultats, sans oublier le football qui, quoiqu’on dise, est "l’opium" du peuple. Un véritable défi, somme toute, abordable pour un pays qui se veut être émergent à l’horizon 2015. Y compris en matière de sports.

Boubakar SY (magnansy@yahoo.fr)

Sidwaya

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