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Fête du travail en France : Une nouvelle vision s’impose

Publié le lundi 5 mai 2008 à 11h16min

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Sous les tropiques africains, les fêtes du Travail se suivent et se ressemblent. Comme un rituel, le 1er-Mai est invariablement marqué par la longue procession de syndicats, qui débouche généralement sur la présentation d’un cahier de doléances aux gouvernants, quitte à eux d’y apporter des réponses qu’ils jugent appropriées. Toujours est-il que c’est à ces derniers que revient le dernier mot. Et en fait de dernier mot, on sait généralement de quoi il s’agit : juste quelques concessions que les syndicats obtiennent en guise de consolation. Pour le reste, la lutte continue !

Et le constat est le même presque partout sur le continent. Du côté des gouvernants, on estime toujours que les syndicats mettent la barre un peu trop haut, s’ils ne manquent pas de réalisme. Du côté syndical, on jure par tous les dieux que les gouvernants peuvent et doivent mieux faire. Et, d’un côté comme de l’autre, chacun tire à hue et à dia pour obtenir la "meilleure part", pour avoir le dessus. Seulement, à ce petit jeu de cache-cache, ce théâtre d’ombres finit par gâcher la fête. Le 1er- Mai se banalise. Tant et si bien que la célébration de la fête internationale du Travail se passe presque dans l’indifférence quasi générale des gouvernants.

Un syndicaliste avait ironisé en disant que les plate-formes revendicatives des syndicats étaient tellement restées en souffrance dans les tiroirs qu’elles avaient fini par jaunir. Une image caricaturale certes, mais assez révélatrice du regard que les gouvernants africains, en général, exercent sur les revendications des travailleurs africains. La stratégie traditionnellement utilisée est en train de montrer ses limites, les marches-meetings n’arrivant pratiquement plus à faire plier les dirigeants, à troubler leur sommeil. Alors, pourquoi ne pas essayer autre chose ? Pourquoi ne pas opter pour une autre vision de la lutte syndicale ?

En tout cas, une nouvelle stratégie s’impose. Cela est d’autant plus nécessaire qu’une baisse de régime est perceptible dans les rangs de certains milieux syndicaux africains. On ne croit plus tellement en "sa force de frappe". Le peuple compte alors de plus en plus sur ses propres forces pour mener sa propre lutte. La preuve la plus récente, les manifestations contre la vie chère à travers le monde, n’ont pas toujours été à l’instigation des syndicats.

De tout temps, et à travers le monde, la fête du 1er-Mai a toujours donné lieu à des manifestations syndicales pour réclamer de meilleures conditions de vie et de travail. L’Afrique a, elle aussi, fini par entrer dans la danse, visiblement sans le moindre recul. De fait, rien n’empêchait que le continent "tropicalisât" la fête du Travail en y apportant sa part d’originalité. Au-delà de la conception empruntée de l’Occident, qui veut que syndicats et gouvernants se regardent en chiens de faïence, ce jour-là, l’Afrique peut trouver autre chose. Pourquoi ne pas tempérer les douleurs de la "foire d’empoigne" par un cadre convivial, où syndicats et gouvernants mettraient leurs divergences de côté, le temps d’apprendre à mieux se connaître et, qui sait, à mieux s’entendre ? La matinée du 1er-Mai pourrait ainsi être consacrée aux marches sur fond de revendications, et la soirée à faire relâche à travers des manifestations festives comme des matchs de football qui opposeraient syndicalistes et gouvernants. Cela pourrait créer un renforcement des espaces de compréhension et de solidarité. Evidemment, cela ne veut pas dire que les syndicalistes vendront leur âme. Tout dépendra de la distance qu’ils auront à maintenir avec leurs vis-à-vis.

Rien de durable ne saurait être réalisé si les uns ont le sentiment qu’ils doivent se serrer la ceinture pour que les autres réajustent les brettelles. Autant dire que la solidarité nationale face à l’adversité doit collectivement se manifester encore plus.

Ce 1er-Mai s’est tenu dans un contexte difficile caractérisé par le phénomène de la vie chère, et qui sait ce que seront les 1er-Mai à venir. Assurément, gouvernants et syndicats doivent se montrer davantage imaginatifs pour mieux répondre aux attentes de leur peuple.

Le Pays

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