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Cultures maraîchères : Les femmes confrontées au manque d’eau

Publié le vendredi 2 mai 2008 à 13h32min

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Dans le Kourittenga, nous avons rencontré des femmes vivant de la culture maraîchère et évoluant dans des groupements et associations. Une préoccupation majeure les turlipine : le manque d’eau.

La pauvreté a un visage feminin au Burkina Faso, a-t-on coutume d’entendre. Conscientes de cette réalité, les femmes rurales luttent pour inverser la tendance. C’est, du moins, ce que nous avons constaté, avec le groupement Teega Wendé, à Gounghin (dans le Kourittenga) où elles s’investissent dans la culture maraîchère. Un vaste jardin, à perte de vue, sert de source de revenus à ces femmes. Elles y récoltent des tomates, déterrent des oignons, remplissent des sacs d’aubergines, entassent dans de grands plats des feuilles d’oseille, etc qu’elles vendent pour satisfaire leurs besoins.

La présidente, Mme Pauline Wango, une sexagénaire, a raconté leur histoire. "C’est en 1985 que nous avons commencé à planter des arbres pour en faire une digue, mais c’est deux ans plus tard (1987) que nous avons commencé le jardinage". Bien avant cela, elles pratiquaient toutes, l’élevage de petits ruminants et de volaille, mais cela ne leur rapportait pas de bénéfices. Elles fabriquaient du savon, parallèlement à la culture maraîchère, mais elles y ont renoncé, compte tenu de la cherté, voire la rareté du beurre de karité.

A la question de savoir si le jardinage nourrit son homme, la sexagénaire a affirmé que les difficultés ne manquent pas. A commencer par la divagation des animaux et les pannes qui surviennent de temps en temps au niveau de l’aspirateur d’eau. "Il n’y a rien de tel que la petite irrigation, quand tout va bien. Mais récemment, nous avons dépensé quarante mille francs (40 000 F) puis vingt-sept mille deux cent cinquante francs (27 250 F) pour faire des réparations. Mais malgré tout, voyez vous, nous puisons l’eau manuellement maintenant", a-t-elle déploré. Le pire, selon elle, est que son groupement ne peut plus bénéficier d’un prêt à la caisse populaire, du fait que certains membres n’arrivent pas à rembourser leurs dettes et que c’est le groupement qui paie à leur place.

Un autre problème majeur est le fait que les jeunes plants soient attaqués et rongés par des vers à tout moment. Et une membre du groupement, d’affirmer entre deux soupirs : "Nous avions dix puits et on a dû ensabler neuf (09) pour ne garder qu’un seul à cause de l’irrigation et voilà que la machine à eau est en panne".
N’ayant jamais eu de commandes et vendant seulement leurs produits au marché, elles soutiennent qu’en cas de mévente, les légumes sont utilisés pour leur propre alimentation.

Dans la même province, mais dans une autre localité, les femmes du groupement Namalguézanga de Balbin se plaignent ouvertement. La présidente, Mme Marie Sobgo, ne cache pas son désarroi : "La moto-pompe ne fonctionne pas car le niveau de l’eau ne le permet pas. Nous sommes donc réduites à utiliser des puisettes pour avoir l’eau et des calebasses pour arroser nos plantes. Nous ne demandons qu’une seule chose à qui voudrait bien nous aider : avoir le matériel nécessaire pour la bonne marche de nos activités". Contrairement aux deux groupements précédents, l’association Ratamalgré de Boto profite bien de la culture maraîchère. Elle s’investit également dans d’autres activités telles, le tissage, la teinture, le séchage de légumes, la fabrication du savon liquide etc. "Nous avons des clients dans tous les services à Koupèla et à Pouytenga et dans les villages environnants et ça marche", nous a confié la secrétaire générale, Mme Awa Kaboré. Elle a précisé que l’association a été dotée d’un siège grâce aux Fonds italiens, en partenariat avec le CILSS. Néanmoins, elle soutient qu’il manque un puits ou une retenue d’eau. "Nous faisons toutes sortes d’activités et nous avons besoins de tout type d’aides", a-t-elle conclu.

Aimée Florentine KABORE

Sidwaya

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