LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Nous sommes lents à croire ce qui fait mаl à сrοirе. ” Ovide

Sarkozy chez Ben Ali : Les droits de l’homme et la presse sacrifiés

Publié le mardi 29 avril 2008 à 11h44min

PARTAGER :                          

Le voyage d’un dirigeant occidental en Tunisie est toujours embarrassant. On ne se rend pas chez Zine El Abidine Ben Ali sans avoir à en rendre compte aux organisations de défense des droits de l’homme. Comme la Chine, la Tunisie connaît une prospérité économique mais pèche par ses atteintes aux libertés individuelles et publiques. Régulièrement, des hommes politiques, des défenseurs des droits de l’homme et des journalistes sont harcelés, arrêtés et emprisonnés pour leurs opinions.

Les tendances monarchiques du président dans un Etat dont on vante la modernité, ne souffrent pas d’une quelconque contradiction. On se souvient qu’en 2002, Ben Ali s’est inscrit sur la liste des prédateurs constitutionnels en faisant sauter le verrou de la limitation des mandats présidentiels. La Tunisie est sans doute l’un des derniers pays au monde où le président est élu avec plus de 99% des suffrages.

Bref, c’est dans ce pays aux méthodes de gouvernance ubuesques, où tout est aseptisé, que Nicolas Sarkozy effectue une visite en grande pompe. Pas moins de cent chefs d’entreprises sont du voyage, ce qui dénote de son caractère très économique. Des contrats et encore des contrats, c’est ce à quoi rêve ce beau monde qui a des calculatrices dans la tête. En raison de sa position stratégique, la Tunisie offre de nombreuses opportunités aux investisseurs occidentaux et joue le rôle de réceptacle d’entreprises délocalisées. Alors, pourquoi évoquer le sujet qui fâche, celui de la démocratie, au risque de remettre en cause un business aussi florissant ?

Donc, les activistes des droits de l’homme ne sont pas au bout de leurs peines. Ce n’est pas Sarkozy, ce VRP (voyageur, représentant, placier) des hommes d’affaires français, qui plaidera avec conviction et engagement leur cause. D’autant que le président français essaiera de vendre également, en plus de la quincaillerie traditionnelle, son projet d’Union de la Méditerranée. Une idée généreuse certes, mais aux objectifs obscurs, puisqu’elle met dans un même panier des pays peu respectueux de l’Etat de droit et des idéaux démocratiques.

Par Mahorou KANAZOE

Le Pays

PARTAGER :                              
 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique