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Reconnaissance de la République du Kosovo par le Burkina Faso : "Une décision souveraine sur fond d’analyse profonde"

Publié le lundi 28 avril 2008 à 11h04min

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Le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération régionale, Yipénè Djibrill Bassolé et ses collaborateurs ont animé, le 25 avril 2008 à Ouagadougou, une conférence de presse afin de donner les raisons qui ont motivé le Burkina Faso à reconnaître officiellement la République du Kosovo comme un Etat indépendant.

"Au nom du président du Faso, du gouvernement et du peuple burkinabè, nous déclarons solennellement reconnaître l’Etat du Kosovo comme un Etat souverain et indépendant et nous exhortons les autorités kosovares à promouvoir, par le dialogue et le bon voisinage, un environnement de paix et de stabilité dans les Balkans". A travers ces mots du ministre des Affaires étrangères et de la Coopération régionale, Djibrill Bassolé, le Burkina Faso a répondu favorablement à la requête officielle du Kosovo, reçue le 17 février 2008, demandant au pays des Hommes intègres de le reconnaître. Au cours d’une conférence de presse, qui a eu pour objet d’éclaircir la position du Burkina Faso, le 25 avril 2008, Djibrill Bassolé a indiqué aux hommes des médias que trois raisons principales ont déterminé la position du Burkina. M. Bassolé a souligné qu’au plan du droit international, le Kosovo remplit les conditions juridiques pour être reconnu comme Etat.

Selon lui, le Kosovo dispose d’une population, d’un territoire déterminé et de l’autorité effective d’un organe central doté de la souveraineté et d’une personnalité juridique. La deuxième raison fondamentale est que "le Burkina Faso, en sa qualité de membre non permanent du Conseil de sécurité, se doit d’assumer pleinement ses responsabilités en apportant sa contribution à la résolution de toutes les questions susceptibles de compromettre la paix et la sécurité internationale", a précisé M. Bassolé. Le ministre chargé des Affaires étrangères a laissé entendre que le pays a été motivé en troisième lieu par le fait qu’au regard de l’évolution historique et de la situation particulière des Balkans, le Burkina Faso fonde sa conviction que seules la liberté et l’indépendance du peuple kosovar lui permettront de contribuer pleinement à la consolidation de la stabilité dans cette partie du monde avec les nations voisines. Après tout, le ministre Bassolé a tenu à relever que cette décision est souveraine et est le fruit d’une analyse profonde de la géopolitique de la péninsule balkanique à la lumière du droit international et des principes qui ont toujours guidé la politique extérieure du Burkina, en particulier le respect de l’autodétermination des peuples et la coexistence pacifique entre les Etats.

La Côte d’Ivoire au menu

Sur les questions des hommes des médias qui cherchent à savoir si la décision du Burkina ne cache pas quelque chose, M. Bassolé a indiqué qu’il n’y a rien de suspect et qu’il n’y a pas de piège. Selon lui, en matière de reconnaissance d’un Etat, les pays sont libres et il n’y a pas à attendre une consigne particulière. Quelles seront les retombées de cette reconnaissance ? A cette question, M. Bassolé a fait comprendre que les relations d’Etat à Etat ne se déterminent pas forcément en termes de gains immédiats en matériel qu’on peut engranger (...). La reconnaissance du Kosovo n’ouvre-t-elle pas une brèche pour les autres mouvements en dissidence dans d’autres régions du monde ? Comme réponse à cette interrogation, M. Bassolé a reconnu que cela est possible, mais pour lui, le statu quo ne résout pas la situation. Il va falloir, à l’entendre, se décider tôt ou tard face à la situation. "Il faut courageusement accompagner le Kosovo vers son indépendance en demandant de tout mettre en œuvre par le canal du dialogue et de la concertation pour entretenir de bonnes relations de coopération avec la Serbie en particulier et les Etats voisins", a mentionné Djibrill Bassolé. A propos de la Côte d’Ivoire, M. Bassolé a signalé que lors de la visite du Secrétaire général de l’ONU au Burkina Faso, la question a été au centre des débats.

Il a indiqué que la date du 30 novembre retenue pour les élections en Côte d’Ivoire est une date réaliste, arrêtée par la Commission électorale ivoirienne. Mais M. Bassolé a précisé qu’il ne faut plus perdre de temps et que les étapes restantes devront démarrer pour espérer rester dans le temps. Selon lui, le Représentant spécial du Secrétaire général de l’ONU en Côte d’Ivoire a indiqué qu’environ 100 milliards de F CFA sont disponibles pour accompagner l’ensemble du processus de sortie de crise en Côte d’Ivoire. Le ministre burkinabè des Affaires étrangères a noté que les bailleurs de fonds sont prêts et que l’argent est disponible. Il a laissé entendre qu’ils ont demandé que les processus de mobilisation et de décaissement soient facilités. "C’est un processus qui coûte cher. Rien que pour la SAGEM, la Côte d’Ivoire doit payer un peu plus de 66 milliards de F CFA dont 40 pour cette année", a fait observer M. Bassolé. Le 17 février 2008, le parlement du Kosovo a proclamé l’indépendance du pays. C’est en conseil des ministres, le 23 avril 2008 que le Burkina Faso a décidé de reconnaître formellement la République du Kosovo.

Ali TRAORE
traore_ali2005@yahoo.fr

Sidwaya

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