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Sylvain Lankoandé, président de la Commission statut et transfert des joueurs de la FBF : "Les transferts se passent beaucoup plus sous les tables"

Publié le vendredi 18 avril 2008 à 00h32min

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La Commission statut et transfert des joueurs est désormais un poste à pourvoir pour toute association nationale affiliée à la FIFA. Au Burkina, dans la nouvelle équipe fédérale, qui vient de voir le jour en janvier dernier, ce poste est attribué à Sylvain Lankoandé. Pour en savoir plus sur cette commission, votre journal a rencontré M. Lankoandé le mardi 15 avril 2008 au siège de la FBF.

Le premier responsable de la CST qui est aussi comptable à la SONABEL commence par situer les missions assignées à sa structure. Il parle aussi des approches pédagogiques qu’il entend faire auprès des joueurs, dirigeants et agents de joueurs afin d’assainir le "business" qu’occasionnent les sorties des joueurs.

Sidwaya (S.) : Quelles sont les missions assignées à la Commission statut et transfert des joueurs ?

Sylvain Lankoandé (S.L.) : Notre mission est dans un premier temps, d’assainir l’environnement des transferts des joueurs à l’international. Vous même, vous constatez avec moi qu’il y a souvent des joueurs qui s’exilent sur la pointe des pieds.
C’est un problème qu’il va falloir combattre. Ils sont souvent guidés par des agents de joueurs. Une autre de nos missions est de définir le statut des joueurs. En réalité, les joueurs eux-mêmes ne savent pas quels sont leurs droits et leurs devoirs. Il nous revient de leur apprendre cela.
Les 11 membres de ma commission et moi-même allons nous atteler à cette fin.Notre mission consiste également à réfléchir sur les opportunités de reconversion des joueurs à la fin de leurs carrières.
Nous pourrons par là, leur ouvrir des portes en approchant certaines structures telles que les assurances, les banques, les structures associatives. Ce que nous voyons à présent sur le terrain est un peu triste. Ailleurs ce sont les anciens joueurs qui gèrent le football, les sociétés liées au sport... C’est dommage que ce ne soit pas le cas ici.

S. : A vous entendre, votre rôle est essentiellement axé sur les transferts à l’international. Il ne vous revient pas de veiller également sur les transferts inter-clubs au niveau local ?

S.L. : Le niveau local n’est pas le dada de la Fédération. Ce sont des mouvements d’un club à un autre d’une même association qui est la FBF. Il y a des règles qui sont préétablies.
On n’a vraiment pas besoin de l’intervention de la FBF sauf en cas de litige. Ce qui pose de véritables problèmes, ce sont les transferts à l’international

.S. : Quelle est la priorité à laquelle vous comptez vous attaquer dès à présent ?

S.L. : Ma priorité est d’assainir l’environnement des transferts. Le ministère des Sports et des Loisirs a fait une mission en Europe où il a pu recenser un grand nombre de nos professionnels qui y vivent. Je ne suis pas sûr que les Burkinabè étaient au courant qu’un tel nombre de nos joueurs évoluaient en Europe. Et Dieu seul sait à quel prix ils ont été vendus et ce qui est revenu à leur club d’origine. Peut être que si tous ceux-ci étaient partis dans de meilleures conditions, aucun club du Burkina n’allait végéter. Pour sûr chacun des clubs a un ou deux joueurs qui évoluent dans un championnat huppé. Mon combat est que ces clubs se retrouvent dans leurs droits et que les joueurs qui vont sortir le fassent dans les règles de l’art.De cette façon les joueurs sont protégés et nous aussi nous avons un œil sur eux.
Une des missions de la FBF c’est de gérer les équipes nationales. Aujourd’hui nous devons entrer en compétition. Nous avons besoin de professionnels pour nous aider. Vous voyez que si nous assainissons les transferts, les problèmes d’adresses ne se passeront plus.

S. : Désormais, qu’est-ce qu’un club doit faire s’il veut transférer un joueur ?

S.L. : D’abord je vais vous dire que le transfert d’un joueur d’un club à un autre d’associations différentes incombe très peu à la Fédération. Le seul travail qui nous revient, c’est l’établissement du certificat international de transfert. Les transferts se font de club à club.Cependant, il se trouve qu’aujourd’hui, par l’intermédiaire d’un certain nombre d’agents de joueurs nationaux ou étrangers, que les clubs n’arrivent pas à entrer en possession de ce qui leur revient de droit. Nous mènerons ce combat pour les clubs. Je ne crois pas qu’ils seront contre ça ; parce qu’ils sont les premiers bénéficiaires. Nous voulons aussi que les joueurs qui vont à l’étranger soient dans les meilleures conditions afin que la nation puisse profiter d’eux. C’est en cela que l’appui conseil auprès des clubs que nous allons faire est nécessare.

S. : Pensez-vous qu’avec la création de cette commission statut et transfert, le Burkina ne connaîtra plus de problèmes liés aux transferts de joueurs ?

S.L. : Les problèmes de transfert ne pourront jamais finir. Même les pays qui nous ont devancés dans cette organisation ont ces difficultés. En Europe où le football est vraiment développé, ces problèmes demeurent. Je crois que notre rôle sera d’atténuer la flamme des transferts. Nous avons pour ambition de rencontrer les agents de joueurs pour harmoniser nos points de vues. C’est vrai qu’ils sont libres de mener leurs activités mais je crois aussi que nous avons le devoir de défendre et protéger les joueurs.

S. : Quels sont généralement les fautifs dans les problèmes de transfert au Burkina Faso ?

S.L. : Les responsabilités se situent à plusieurs niveaux. Nous avons échangé avec des joueurs et des dirigeants. Cela nous a permis de nous faire une idée du comportement de certains agents de joueurs. Au niveau des dirigeants, ils sont souvent confrontés à des problèmes de famille. Le joueur qui joue dans votre club a ses parents derrière lui. Ces derniers ne comprennent pas grand chose au milieu.
Ces parents exercent souvent de fortes pressions sur les dirigeants qui finissent par céder pour le transfert du joueur sans que les conditions soient idoines.
Il y a aussi le problème du niveau réel des joueurs. La plupart des joueurs aspirent à partir en Europe. Cela se comprend mais il faut être prêt. Il y en a qui partent sur la pointe des pieds sans que les dirigeants ne soient au courant. Cela n’est pas intéressant. Il y a des joueurs qu’on avait annoncés dans de grands clubs européens. Finalement ils se sont retrouvés dans les pays de l’Est. Je prends l’exemple de Florent Rouamba qui a fait un bon début de carrière ici. Aujourd’hui on ne le reconnaît plus. C’était pourtant un joueur sur lequel beaucoup de gens comptaient. S’il avait eu un bon transfert, il serait peut être un de nos meilleurs milieux de terrain. Les transferts se passent beaucoup plus sous les tables que sur les tables. On ne maîtrise donc pas les coûts. A tous les niveaux il y a des problèmes. C’est pourquoi nous allons échanger avec les joueurs, les agents de joueurs et pourquoi pas initier une formation à l’endroit des joueurs. Il faut qu’ils sachent ce qui les attend à l’étranger. Ma commission et moi allons nous employer à élaborer un programme dans ce sens. J’espère qu’au bout de 4 ans on aura un début de solutionnement des problèmes de transfert.

S. : Avocat et repère des joueurs candidats au professionnalisme. M. Lankoandé a-t-il un carnet d’adresses assez fournis pour bien jouer son rôle ?

S.L. : Les adresses, nous allons les chercher. Nous avons été élu pour ça. Nous n’irons pas au pas de course parce que c’est un terrain très glissant. Je trouve même que c’est un domaine dangereux parce qu’il y a de gros sous. Et dans une affaire où il y a des sous, il faut savoir où l’ont met les pieds. Nous allons prendre contact avec les personnes averties. Nous échangerons avec nos prédécesseurs qui ont déjà géré ces dossiers. Ils savent des choses que nous nous ne savons pas. Nous prendrons aussi contact avec nos collègues de l’étranger qui ont déjà de l’expérience dans le milieu. Je pense qu’avec tout cela, nous pouvons avancer.

Intretien réalisé par B. Léopold YE

Sidwaya

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