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Pénurie du riz : Du jamais vu, selon des importateurs burkinabè

Publié le mercredi 16 avril 2008 à 10h42min

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Maillon important dans l’approvisionnement du riz au Burkina, les importateurs tout comme les grossistes sont souvent pointés du doigt comme étant ceux qui sont à la base du problème. Mais, à les entendre, le riz est rare sur le plan mondial. Pire, il n’y a pas de bonne nouvelle à l’horizon et la précieuse céréale risque de connaître des records de prix. C’est la substance de nos entretiens avec le PDG du groupe CORAM Victor Bouda et le responsable de l’entreprise ESMAF, Madina Sawadogo.

Ils sont formels : depuis 1997, date de la libéralisation du secteur, ils n’ont jamais vu cela. "Depuis le mois d’octobre 2007, nous avons beaucoup de problèmes pour les commandes", confie Victor Bouda, PDG du groupe CORAM. Les fournisseurs au plan mondial se disent incapables de respecter leurs engagements parce que le riz manque. Dans le même temps, et logiquement à cause de la loi de l’offre et de la demande, les prix augmentent chaque semaine, selon Victor Bouda qui précise aussi que le groupe qu’il préside importe depuis des années du riz venant de l’Inde, du Pakistan et du Viétnam.

Mais, selon les informations reçues, ces pays ont décidé de fermer leur marché et de ne plus exporter du riz parce que la demande intérieure est forte. "Aujourd’hui, nous avons une seule commande qui doit être livrée en mai-juin prochains", explique Victor Bouda qui ajoute avoir fait le déplacement au Ghana et en Côte d’Ivoire pour s’approvisionner. En vain. C’est la même situation pour les Etablissements Sawadogo Mahamadi et frères (ESMAF) que dirigent Madina Sawadogo. Selon ce dernier, c’est avec des "traders" basés à Genève et Londres, qu’ils achètent le riz de la Chine, du Viétnam, du Pakistan et de l’Inde. Mais depuis des mois, la céréale n’est plus disponible ; et ce malgré toutes les tentatives. "Chaque année, nous importons environ 60 à 70 mille tonnes de riz", déclare Madina Sawadogo. Mais ce serait difficile d’atteindre ce chiffre cette année parce que le prix de la tonne a fortement augmenté, sans oublier le frêt maritime, ajoute-t-il. C’est pourquoi, les importateurs ont exposé leurs problèmes au gouvernement qui a accepté de réajuster les prix.

Ainsi, au cours d’une rencontre tenue le lundi 7 avril dernier, selon le responsable de la société ESMAF , les prix retenus (pour les détaillants) sont les suivants : 15 000 F CFA pour le sac de riz chinois, 25% brisure (avant c’était 13 600 F CFA) et 16 850 F CFA pour le riz vietnamien, 5% brisure (le prix antérieur était de 14 500 F CFA). Mais, Madina Sawadogo n’est pas du tout optimiste parce qu’il est convaincu que le renchérissement du prix ira croissant dès que le stock actuel va s’épuiser. A ce propos, il indique que la tonne de riz chinois 25% de brisure se négociait entre 700 et 800 dollars à la date du mercredi 9 avril 2008, selon ses informations. Sur la base de cette donnée (et s’il n’y a pas de changement) on serait déjà autour de 17 000 F CFA pour le sac de 50 kg. Victor Bouda n’est pas plus optimiste. L’une des solutions, à l’entendre, serait vraiment de développer la production nationale parce que l’avenir est incertain avec cette mondialisation.

Par Dayang-ne-Wendé P. SILGA

Le Pays

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