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France-Afrique : Retour à la "normalité"

Publié le vendredi 11 avril 2008 à 11h35min

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Après la sortie calamiteuse de Nicolas Sarkozy à Dakar et "la session de rattrapage" qui s’en est suivie à Pretoria, on savait que la rupture entre l’Afrique et la France prônée par le président français était purement du domaine intellectuel. On en a eu confirmation, avec les propos du nouveau "monsieur Afrique" du gouvernement français, Jean-Pierre Jehandet qui l’a qualifiée ainsi : "La rupture est un exercice intellectuel", a-t-il en effet déclaré, avant d’entamer une tournée africaine qui débute chez le "patron" Omar Bongo Ondimba.

"Il ne faut pas donner de leçons aux Africains", s’est-t-il empressé d’ajouter, comme pour rattraper les bourdes de son prédécesseur, Jean-Marie Bockel qui avait eu l’outrecuidance de juger certains "amis" de longue date de la France. En entamant sa tournée par Libreville, Jehandet entend aussi mettre du baume au cœur du doyen Bongo, fortement meurtri par une récente campagne de presse qui le qualifiait, lui et d’autres présidents africains, de "fossoyeurs" des intérêts de leurs peuples. Ce, au motif qu’ils posséderaient moult propriétés en France, achetées avec l’argent de la coopération. "L’acte d’allégence" de Jehandet va remettre les pendules à l’heure et, ces considérations "françafricaines" évacuées, il convient de se demander qui de la France ou de l’Afrique a intérêt à une rupture entre les deux partenaires. L’Afrique qui, en un demi-siècle de coopération, se morfond toujours dans le sous-développement, ou la France qui dans le même temps, a œuvré à fortifier ses assises sur ce continent ? La réponse se trouve dans le "décagnotage" de l’impertinent Bockel dont les propos ont comme indiqué, exaspéré ses "amis sûrs".

Des amis qui contribuent à la prospérité des vrais amis du président Sarkozy, tel Vincent Bolloré qui réalise un quart de son chiffre d’affaires sur le continent et a des poussées d’urticaire chaque fois qu’ils y perd une part de marché, comme au Sénégal où le port de Dakar vient de lui être "soufflé" par les émirs de Dubaï.
Des "amis", qui financent aussi les campagnes électorales des partis politiques français, toutes obédiences confondues, avec l’argent de l’aide complaisamment détourné de son but initial.

Des amis qui bradent l’immense patrimoine du continent à leurs "potes" français, au grand dam des masses laborieuses africaines qui croupissent dans la misère.
La "Françafrique", ce vaste marché de dupes où des "diables" avancent masqués en bons samaritains, les Africains conscients et conséquents n’en veulent pas.
Malheureusement et comme nous le disions en janvier dernier lorsque Jean-Marie Bockel épanchait ses états d’âme, "les bonnes gens n’aiment pas ceux qui suivent une autre route qu’eux". Et tous les dirigeants africains qui ont voulu rompre le "lien ombilical" l’ont payé très cher.

La "malédiction" va donc se perpétuer jusqu’au jour où la conscience africaine criera "haro sur le baudet".
Alors, l’Afrique s’éveillera et jouera le rôle que sa position de berceau de l’humanité lui confère : le premier.

Boubakar SY (magnansy@yahoo.fr)

Sidwaya

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